UTILISATION DES TIC DANS LA PUBLICATION DES RESULTATS: Quand la révolution numérique entraîne la révolte sociale
Depuis un certain temps, on assiste, au Burkina, à une promotion de plus en plus accentuée des technologies de l’information et de la communication, sous la houlette du ministère des Transports, des Postes et de l’Economie numérique, qui semble en faire son leitmotiv. En témoignent, entre autres, l’organisation de la Semaine nationale de l’internet et la volonté dudit ministère de cultiver l’utilisation des TIC dans le monde rural. Le ministère de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale, lui, a déjà embrassé la modernité, si on peut s’exprimer ainsi, avec la création des systèmes Alias et Previus, qui permettent respectivement aux agents de la Fonction publique, où qu’ils soient, d’avoir des informations sur leur carrière, leurs situations salariales…et de pouvoir faire une prévision sur leurs pensions en retraite, à travers Internet. Au niveau de l’organisation des concours, des innovations ont été également apportées, avec notamment la possibilité pour les candidats de recevoir leurs résultats à partir du téléphone portable ou de Internet. C’est dire que l’analogie, peu à peu, est en train de s’éclipser au profit du numérique qui, reconnait-on, présente beaucoup plus d’avantages. Et on comprend que certains ministères, notamment ceux de l’Education nationale et de l’Alphabétisation et des Enseignements secondaire et supérieur veuillent emboiter le pas au ministère de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale, en insérant dans leur système de publication des résultats des examens du Bepc et du Bac, l’utilisation des TIC pour faciliter le calcul des moyennes. Ces initiatives sont à saluer, surtout que nous sommes dans un monde où l’utilisation des TIC est devenue presque une exigence. Disons que si tant est que nous suivons les mutations mondiales, nous sommes contraints d’utiliser les TIC. Seulement, le mouvement de protestation d’élèves contre la publication de résultats dans les jurys 74, 75 et 76 du Lycée national Sangoulé Lamizana, intervenu le samedi 7 juillet dernier, pose le problème de l’utilisation des TIC, ou du moins du logiciel servant à calculer les moyennes, puisque le problème serait né de la mauvaise manœuvre dudit logiciel, qui aurait provoqué des erreurs dans la publication des résultats du Bac F3. Il est certes reconnu que l’erreur est humaine, mais il faut tout de même déplorer ce type d’erreurs qui peuvent pousser les élèves à des écarts de conduite. Or, nous déplorons déjà une crise, moins profonde, convenons-en, du système éducatif depuis les événements de 2011. Il est donc du devoir de chacun de travailler à éviter d’en rajouter une couche supplémentaire. Pourquoi les membres des jurys concernés n’ont-ils pas procédé à la vérification des résultats avant leur publication ? Avaient-ils au préalable reçu une formation pour une meilleure utilisation du logiciel ? Ou ont-ils fait si confiance au logiciel qu’ils ont manqué de rigueur dans le calcul des moyennes ? Autant de questions qui méritent qu’on s’y attarde. Si un logiciel permet d’accomplir une tâche en si peu de temps que prévu, admettons, par ailleurs, que son utilisation requiert des compétences de la part des utilisateurs et un effort intellectuel non négligeable. C’est dire que les possibilités qu’offre un logiciel ne devraient pas pousser les uns et les autres dans un laxisme apparent, en pensant qu’il suffit de fourrer les chiffres dans la machine pour avoir les effets escomptés. En tout cas, il sera très compliqué de convaincre ce candidat, qui a vu son nom inscrit sur la liste des candidats admis, qu’il n’est plus admis à son examen du fait d’un problème dû à un logiciel mal utilisé. Il est presque évident, vu leur détermination, que les élèves concernés par ce problème voudront aller jusqu’au bout de leur logique, c’est-à-dire recourir à tous les moyens pour se faire entendre. A moins que l’Administration ne s’assume pitoyablement et impuissamment en validant les résultats publiés sur les premières listes, tout en prenant des dispositions pour éviter que pareils cas ne se reproduisent. Par ailleurs, il faut s’assurer, dorénavant, que ceux qui ont en charge le calcul des moyennes ont les compétences requises pour utiliser le fameux logiciel. Et cela passe nécessairement par une formation. Les cas de Koudougou, où le même problème a été constaté dans des jurys, et du Lycée national Sangoulé Lamizana laissent croire que l’utilisation du logiciel servant au calcul des moyennes pose problème. Les TIC, c’est bon, mais savoir les utiliser, c’est encore mieux.
LR
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