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AQMI, MNLA, ANSAR DINE, JUNTE: Un combat dans le combat

Depuis le mardi 3 avril dernier, le drapeau noir des djihadistes de la milice salafiste, Ansar Dine, flotte sur Tombouctou, la cité millénaire. Et contrairement à ce qu’on aurait pensé, Ansar Dine et le Mouvement de libération de l’Azawad (MNLA) sembleraient bien être deux forces totalement distinctes, notamment dans leurs options idéologiques et politiques. L’une étant un mouvement islamique proche d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi), ayant pour ambition de créer un Etat islamique avec la charia comme mode de gouvernance, l’autre se voulant un mouvement politico-laïc luttant pour l’indépendance de l’Azawad. Naguère alliés pour avoir combattu ensemble pour la conquête de la quasi-totalité du Nord-Mali, Ansar Dine et le MNLA seraient en fait des forces rivales luttant chacune pour ses propres idéaux. Ce sont même ces divergences d’intérêts qui les auraient poussé à un affrontement armé dans la ville stratégique de Tombouctou. Prenant en compte ces derniers faits, les choses semblent de ce fait davantage se compliquer pour la junte au pouvoir qui, on se rappelle, avait justifié son coup de force par le manque d’initiatives de la part de l’ancien président Amadou Toumani Touré visant à mater la rébellion, mais aussi pour la CEDEAO et son médiateur. En effet, cette situation met incontestablement la médiation dans une situation plus difficile qu’on l’aurait imaginée, il y a peu. Car, selon des sources bien introduites, le lien entre Aqmi et Ansar Dine ne serait plus à démontrer, d’autant que le chef de ce mouvement, Lyad Ag Ghaly, aurait été aperçu à Tombouctou en compagnie de trois des principaux chefs d’Al-Qaeda au Maghreb islamique, les Algériens Abou Zeid, Mokhtar Belmokhtar et Yahya Abou al-Hammam.

Connaissant bien la nébuleuse et son lien avéré avec Ansar Dine, on peut affirmer sans risque de se tromper que toutes possibilités de négociation avec la rébellion devraient être très difficiles, voire impossible. Donc, toute possibilité de règlement pacifique de la crise semble d’avance vouée à l’échec.
En tous les cas, le temps joue désormais aussi bien contre le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE), dirigé par le capitaine Amadou Aya Sanogo -qui perd progressivement de sa crédibilité auprès d’une population malienne de plus en plus éprouvée- que pour la CEDEAO qui s’est donnée pour mission de trouver rapidement une issue à la crise malienne. De son côté, la rébellion, profitant de l’imbroglio, gagne chaque jour un peu plus de terrain. Le Nord ayant été conquis, la rébellion semble vouloir poursuivre sa marche vers l’Ouest. Ainsi, après Kidal et Tombouctou, ce sont désormais les villes de Gao et de Mopti qui sont visées : des témoins ont affirmé avoir vu des troupes rebelles dans ces villes.
La situation devient donc urgente et la CEDEAO doit agir au plus vite en vue d’éviter le chaos dans ce pays. Face à cette urgence, la CEDEAO semble ne vouloir épargner aucune solution, allant des plus pacifistes aux plus violentes.
Nul doute que la solution militaire semble être la plus sérieuse, d’autant que, redoutant l’échec de la médiation pacifique (même si celle-ci le semble déjà), la CEDEAO songe déjà à la mise en place de sa force militaire régionale, qui devra se faire ce jeudi 5 avril, du côté de la Lagune ébrié.
Devant cette situation, une question se pose néanmoins : Faut-il encourager la solution militaire ? Contre qui faudrait-il la diriger ?
Des questions auxquelles, seuls les chefs d’état-major et les présidents des Etats membres de la Communauté pourraient apporter des réponses.
Par ailleurs, supposons que la CEDEAO arrive à enjoindre à la junte de quitter le pouvoir, que devra-t-elle faire pour sécuriser alors le pays en proie à plusieurs factions armées aux idéologies politiques et philosophiques divergentes ? Puisque qu’au jour d’aujourd’hui, on ne compte pas moins  de trois forces : l’Etat central malien, le MNLA, Ansar Dine. Qui faut-il d’abord combattre ? Le MNLA, Ansar Dine ou la junte ? Un véritable dilemme pour Alassane Ouattara et la CEDEAO car à y voir de plus près, ce sont trois combats totalement différents dont l’issue de l’un ne garantit pas celle de l’autre.
Avec qui faudra-t-il désormais négocier pour obtenir la paix au Mali ? Question très difficile pour les chefs d’Etat de la région. C’est pourquoi et fort de ce constat, que certains observateurs de la géopolitique n’excluent nullement l’hypothèse d’une scission du vaste Mali. Ce serait vraiment dommage qu’on n’en arrive là, car quoiqu’on dise, les Maliens toutes couleurs de peau et options politiques confondues ne voudraient certainement pas en arriver à déchirer  le segment social qui les lie. En définitive, on ne pourra que donner raison à ATT, qui en son temps, n’a eu de cesse de tirer la sonnette d’alarme sur la difficile question à laquelle la partie septentrionale de son pays était confrontée : vente d’armes, rébellion, AQMI, vente de drogue. Tout se passait dans cette région très redoutable.  

 

Le Quotidien




04/04/2012
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