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ANALYSE


INDEPENDANCE, POLITISATION ET CORRUPTION DE LA JUSTICE BURKINABE: Le vrai problème est dans la séparation des pouvoirs !

Le Conseil supérieur de la magistrature a tenu une session extraordinaire,  hier  15 avril 2014, à la salle polyvalente de Kosyam. Durant cette rencontre, le président du CSM et les autres membres se sont penchés sur diverses questions en rapport avec l’indépendance de la magistrature et le droit de grâce.

Un énième conciliabule au cours duquel un état des lieux a mis à nu -officiellement- les faiblesses et les obstacles que rencontrent les magistrats dans leurs fonctions, à savoir les difficultés d’ordre structurel et fonctionnel dues à l’absence d’indépendance de la justice, la politisation, la corruption…

Pourquoi est-ce seulement maintenant que le Conseil supérieur de la magistrature s’est rendu compte de ces problèmes ? Mystère et boule de gomme ! D’autant que ce constat, aux forts relents du médecin après la mort, était connu depuis des lustres de tous les Burkinabè, jusqu’au simple paysan du hameau le plus reculé.

C’est donc à se demander si cette action –médiatisée à souhait- n’est pas une nouvelle fois de la poudre aux yeux des Burkinabè qui ont, pour ainsi dire, cessé de croire en leur justice. Et cela, avec juste raison. Pour s’en convaincre, il suffit juste de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur. Les affaires Thomas Sankara, Norbert Zongo, Boukari Dabo –pour ne citer qu’elles- ont fini de convaincre – même les optimistes les plus chevronnés- qu’il y a un problème véritable au sein du judiciaire burkinabè. Sinon, comment comprendre que de telles affaires, malgré les preuves, les témoignages et autres indices collectés par les enquêteurs, ces dossiers n’ont jusque-là pas trouvé de dénouement ?

Inutile de se voiler la face, le réel  problème de la justice burkinabè se trouve à la frontière entre l’exécutif et le judiciaire –si frontière il y a bien sûr-.

En effet, les récents événements ont fini par démontrer que dans le cas de figue actuel -où le président du CSM n’est autre que le président du  Faso et où les institutions sont aussi faibles-, la justice ne peut nullement avoir les coudées franches, encore moins si l’exécutif se trouve mêlé dans quelque affaire que ce fût. Et c’est malheureusement ce qui semble être le cas dans les affaires citées plus haut. Dans un tel contexte, comment s’y prendre pour exorciser le mal, surtout qu’il semble avoir atteint les parties vitales du système ?

Rien, à l’analyse !

A moins que la décision ne vienne du plus haut niveau, c’est-à-dire de la présidence du Conseil supérieur de la magistrature. Car, nul n’ignore que nous sommes à un tournant décisif de la vie politique de notre pays. Tout porte en effet à croire que d’ici à 2015, les Burkinabè –si d’aventure l’article 37 n’est pas modifié- auront un nouveau régime au palais de Kosyam.

De ce fait, il serait judicieux que l’actuel gouvernement s’y mette pour rafistoler les fentes et autres brèches dans le tissu judiciaire pour une justice fiable et proche des justiciables. Et cela y va de l’intérêt aussi bien des gouvernés que des gouvernants. En effet, c’est un truisme que d’avancer que la principale raison de la montée de la criminalité et des contestations, l’insécurité galopante, n’est autre que l’injustice. Ainsi, le véritable garant de la paix et de la cohésion sociale est une justice impartiale et responsable, qui ne condamne pas que les petits poissons, tout en laissant les gros se la couler douce, en toute quiétude dans les coins les plus huppés de la capitale.

C’est seulement à ce prix que la justice pourra retrouver sa place sans l’estime des Burkinabè et regagner la confiance de ceux-là qui, convaincus de la partialité de la justice, préfèrent encore se la rendre eux-mêmes.

Alors, il faudra mettre fin à la langue de bois et aux discours folkloriques qui n’ont pour autre dessein que de charmer, d’appâter le peuple et se mettre sérieusement au travail pour faire de ces laïus une réalité. Car, le peuple a muri et voit désormais clair dans les manigances.

La Rédaction

 


16/04/2014
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LIBERATION DE PRISONNIERS PRO-GBAGBO EN COTE D’IVOIRE : Le cadeau d’ADO pour la fête de l’indépendance

Après plus de deux ans de patience ou d’impatience derrière les barreaux –c’est selon-, les prières des pro-Gbagbo, détenus depuis la fin de la crise postélectorale qui avait fait environ 3 000 morts, ont enfin  été exaucées ! En effet, la justice ivoirienne a décidé, le lundi 5 août dernier, de la mise en liberté provisoire de 14 personnalités proches de l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo. Parmi elles, son fils Michel Gbagbo et le président du Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N’Guessan. On retrouve également d’autres poids lourds du FPI, à l’image du vice-président, Aboudramane Sangaré, l’ancien ministre des Affaires étrangères, Alcide Djédjé, la présidente des Femmes patriotes, Geneviève Bro-Grébé, l’ex-gouverneur de la BCEAO, Philippe-Henri Dacoury-Tabley, ou encore l’ex-ministre de la Défense, Lida Moïse Kouassi.

Ainsi, cet acte du nouveau locataire du palais de Cocody pourrait être vu comme un cadeau que ce dernier fait aux membres du Front populaire ivoirien (FPI) et à leur famille, en cette veille du 7 août, fête de l’indépendance. Une décision qui intervient à un moment où on s’y attendait le moins : le contre-pied parfait. En effet, combien sont ceux qui s’attendaient à une telle grâce présidentielle ?  Peu ou proue. En tous les cas, c’est un signal fort que donne Alassane Dramane Ouattara à tous ceux qui voyaient en lui un revanchard borné qui n’en avait que faire de la réconciliation, voire de la paix. Ainsi donc, on pourrait voir en cette action, le début du processus de réconciliation tant espéré du côté de la lagune ébrié. Et ce, même s’il ne s’agit –pour l’instant- que d’une liberté provisoire qui ne s’étend d’ailleurs pas à tous les prisonniers de la crise postélectorale, Simone Gbagbo -pour ne citer qu’elle-, étant toujours en détention.

Ce pas fait, il appartient maintenant à Affi N’Guessan et à ses camarades de revoir à la baisse leurs exigences qui s’apparentent plus à un mirage qu’à une réelle volonté de voir revenir la paix. En effet, si la satisfaction de certaines conditions semble possible, ce n’est pas le cas pour toutes. Surtout pour celles qui concernent la libération de Laurent Gbagbo, détenu à la Cour pénale internationale (CPI) et l’amnistie générale. Car, sur ces points précis, le président ivoirien a plusieurs fois affiché sa ferme volonté de voir les procès des crimes présumés de la crise postélectorale aller jusqu’à leur terme, avant d’envisager une quelconque amnistie.

Mais tout compte fait, la balle a été engagée et elle se trouve désormais dans le camp FPI qui devra, à son tour, montrer jusqu’à quel point il est prêt à faire des concessions pour un retour rapide et durable à la paix au pays d’Houphouët.

C’est une lapalissade que de dire que, dans toute lutte, les résultats ne sont aucunement immédiats. Il faut savoir capitaliser ses acquis, aussi minimes soient-ils, pour continuer et engranger de plus importants. A ce titre, le FPI n’a plus d’excuse pour refuser la main tendue. Aussi faudrait-il saisir le cadeau du père Noël ADO, avant que ce dernier ne vire en cadeau empoisonné. Surtout, si les gurus du FPI s’entêtent à refuser cette concession, cette main tendue, qu’ils ont pourtant appelée de toutes leurs prières, de tous leurs vœux.

Plus qu’une victoire politique individuelle ou encore celle du seul FPI ou du seul RHDP, les différents belligérants devraient songer à ce que serait cette paix pour l’ensemble des Ivoiriens, qu’ils soient FPI, RDR, PDCI… Car, comme on le dit, avec la culture du dialogue, la réconciliation, avec le retour de la paix, c’est toute la Côte d’Ivoire qui y gagne !

La Rédaction

 


06/08/2013
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ADOPTION DU PROJET DE LOI PORTANT ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DU SENAT : C’est l’intérêt du peuple qui doit primer ?

Après son adoption, suite aux décisions consensuelles des assises nationales sur les réformes politiques (CCRP) tenues du 7 au 9 novembre 2011, un projet de loi portant organisation et fonctionnement du sénat sera soumis à l’examen des députés burkinabè, ce mardi 21 mai 2013, à l’Assemblée nationale. Mais, alors que l’adoption de ce projet de loi se peaufine au sein de l’hémicycle, plusieurs voix se sont déjà élevées et continuent de le faire pour dénoncer cela, notamment au sein de l’opposition politique avec les groupes parlementaires Alternance, démocratie et justice (ADJ) et Union pour le progrès et le changement (UPC). Plus récemment, c’est un autre parti, l’Alliance pour la démocratie et la fédération-Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA), ancien parti proche du président du Faso, par un communiqué en date du 17 mai dernier, annonçait son intention, du moins sa volonté manifeste de voter contre ce projet de loi.

Toutes ces sorties et autres déclarations s’inscrivent dans l’ordre normal des choses, serait-on tenté de dire. En effet, dans quel pays d’Afrique et du monde a-t-on déjà vu une opposition soutenir ou faire l’apologie du parti gouvernant ? Un, deux… même les Etats-Unis qui sont reconnus pour la qualité de leur démocratie, les républicains ne sont-ils pas opposés à la réforme de l’assurance maladie, bien qu’étant conscients de son importance ? Alors de ce fait, l’opposition est bien dans son rôle et le parti au pouvoir dans le sien, à savoir faire passer un projet de loi qui lui tient à cœur, surtout si cela s’inscrit dans l’intérêt des populations, comme ce fut d’ailleurs le cas au pays de l’Oncle Sam.

Mais, à la différence du pays de Georges Washington, il y a lieu de se poser la question de savoir si ce projet de loi portant organisation et fonctionnement du sénat qui est en passe d’être adopté, ce mardi à l’hémicycle, s’inscrit dans l’optique de l’amélioration des conditions de vie des populations. En effet, dans un contexte marqué par la vie chère et des revendications tous azimuts –il ne faut nullement occulter ; les récentes grèves des syndicats de la santé et de l’éducation-, la création d’une seconde chambre était-elle nécessaire ? Non, assurément ! D’autant que la majeure partie des Burkinabè (52%), du moins selon une étude menée par le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), s’est prononcée contre la mise en place effective du sénat contre seulement 23% d’opinions favorables. Mais après tout, ce n’est qu’un sondage -qui d’ailleurs ne prend en compte qu’une partie des 16 millions de Burkinabè- pourrait-on se défendre.

Mais dans la pratique, le sénat, il ne faut nullement avoir peur de l’affirmer, est une chambre qui fera à coût sûr perdre des plumes au budget de l’Etat, lui-même déjà maigre. En tous les cas, ce serait la plus triviale des lapalissades que de dire que cette seconde chambre, avec ses 91 membres, dévorera le budget national qui lui-même ne suffit pas à offrir aux Burkinabè, un minimum de bien-être. Combien de villages ont un centre de santé et une ambulance ? Combien de villes et de rues dans les deux capitales sont éclairées ? Des questions dont la réponse risque de se faire beaucoup attendre ! Or, pendant ce temps, ce même Etat qui a près de 36 milliards de francs CFA sur les 5 ans –semble-t-il- à injecter dans une chambre dont l’opportunité et la pertinence restent toujours à démontrer, n’a pu trouver mieux que de confier la plus que noble mission de sauvetage de la nationale des hydrocarbures au bord du gouffre aux populations. Des populations qui, elles-mêmes, avaient déjà des difficultés à supporter leurs propres fardeaux. Cela, par l’augmentation des prix du gaz butane et de bien d’autres produits dits de première nécessité. Alors qu’il y a seulement quelques mois, ce même gouvernement avait adopté une politique d’austérité, toute chose qui l’avait conduit à réduire de façon plus ou moins considérable ses dépenses –c’est selon-, notamment par la prise de notes règlementant les “présentation de vœux“, les perdiems et même une note sur l’utilisation des véhicules de service et de fonction. Mais, l’on se rend bien compte aujourd’hui que le gouvernement a amorcé un retour aux anciennes pratiques.

S’il est vrai que la démocratie et la paix ont un coût, faut-il pour autant sacrifier le bonheur du peuple pour y parvenir ? La question reste posée. En plus, dans la sous région, aucun autre pays, hormis le Nigéria qui d’ailleurs est un Etat fédéral n’a de sénat. Le Sénégal qui s’y était naguère engagé a dû se rendre à la dure et triste réalité. Certes, la mise en place du sénat est devenue une question constitutionnelle et se dresser contre celle-ci pourrait-être perçu comme un crime. De ce fait, l’opposition aurait dû s’y prendre un peu plus tôt, notamment lorsqu’elle avait été invitée à participer aux assises sur les réformes politiques, en 2011. La chose ayant déjà été adoptée, est-ce opportun de s’y opposer aujourd’hui et de continuer à refuser d’y participer ? Bien malin qui pourra le dire. Car, la logique aurait voulu que les partis de l’opposition soient là pour défendre leurs opinion, et surtout voter contre ce projet de loi ; mieux, participer –si d’aventure ce projet de loi venait à être adopté- à la composition du sénat. Ne dit-on pas qu’on combat mieux un adversaire de l’intérieur ? Toutefois, la position de l’opposition pourrait être comprise dans la mesure où, selon les textes, le tiers des membres composant cette seconde chambre, soit 52 sénateurs sur les 91 que devrait compter le sénat, sont nommés par l’exécutif, donc par le seul président du Faso. Le sénat risque donc d’être monocolore, d’autant que la jeunesse qui constitue pourtant la majorité de la population sera d’office écartée -lâge minimum pour en faire partie étant fixé à 45 ans-La seule solution semble celle adoptée par l’opposition.

Pourtant, les valeurs démocratiques, par principe, imposent qu’une loi ou un article soit modifié si la révision de celle-ci va dans le sens de l’améliorer de l’existence même du peuple. Alors, le sénat s’inscrit-il dans cette logique ?

Telles que les choses se présentent, l’on risque de se retrouver avec une chambre où seuls sont présents les militants du Congrès pour la démocratie et le progrès et ses alliés ? Est-ce là ce qu’on appelle démocratie ?

Attention à ne pas lutter pour la mise en place d’une chambre mort-née !

La Rédaction

 


21/05/2013
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ELECTION ET INVESTITURE D’ANATOLE BONKOUNGOU: Une invite à réétudier la question des candidatures indépendantes !

Après plusieurs mois de tractations, voire de tensions, le maire de l’arrondissement N° 4 de la ville de Ouagadougou, Issa Anatole Bonkoungou, élu le 6 mars 2013, a été officiellement installé dans ses fonctions, le jeudi 2 mai dernier. Il y a lieu de se féliciter pour ce qui concerne le déroulement de cette investiture qui, il y a lieu de le souligner, s’est déroulée sans aucun heurts et ce, malgré toutes les menaces et rumeurs de menaces qui ont circulé ça et là. Et le dispositif ultra sécuritaire mis en place lors de cette cérémonie –présence de la compagnie républicaine de sécurité (CRS), de la brigade anti-criminalité (BAC), de la police municipale et de la gendarmerie- n’a fait que confirmé à quel point ces menaces ont été prises au sérieux.

Au-delà de l’investiture d’Issa Anatole Bonkoungou, il faut y voir la victoire de la démocratie. Car, ce dernier ayant été démocratiquement élu par la majorité des citoyens des secteurs 17, 18, 19 et 20 constituant l’arrondissement 4. Et la mobilisation des populations à l’occasion de cette investiture est illustrative à plus d’un titre. Or, entre Anatole Bonkoungou et son parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), les relations ne sont plus au beau fixe. C’est d’ailleurs ce qui explique que la décision du nouvel édile de l’arrondissement n° 4 de se présenter a été qualifié ‘’d’acte d’indiscipline’’ par l’état major du parti qui avait d’ailleurs tout tenté –ou presque- pour l’amener à renoncer à son élection. Mais, ce qui s’est passé le jeudi dernier avec le soutien de l’électorat qui n’a pas hésité à outrepasser les prescriptions des premiers responsables de leur parti, donne l’impression que les individus mobilisent souvent plus que les partis politiques eux-mêmes.

Dans un contexte où la tendance est à l’imposition des candidats, pour la plupart impopulaires, la prise des responsabilités s’avère souvent nécessaire. Et le cas d’Anatole Bonkoungou est là pour le confirmer. Cette situation pose la problématique même de la désignation des candidats au sein des différents partis politiques, lors d’élections. Car, il ne faut pas avoir peur de le dire, les accointances et autres familiarités l’emportent le plus souvent sur la valeur, la popularité et la capacité de mobilisation des potentiels candidats.

Dans un tel contexte, ne serait-il pas judicieux de recourir aux primaires afin de départager les candidats à la candidature à l’interne ? Ou tout simplement de permettre aux électeurs d’avoir leur mot à dire dans le choix des personnes ?

Vox populi, vox dei, dit-on ! Alors, si tant est que les citoyens et électeurs constituent un maillon essentiel dans tout processus démocratique, pourquoi ne pas lui laisser la possibilité de choisir ses dirigeants, notamment ses maires ? Autant de questions qui méritent réponses !

La question des candidatures indépendantes pourrait être un palliatif à ce genre de situations, pour ne pas dire de désagréments. Dans ce cas, le code électoral devra être mis en cause. D’ailleurs, la constitue, elle-même, garantit le droit à l’animation de la vie politique à tout citoyen burkinabè. Sur le postulat que tous les Burkinabè sont égaux en droit, il n’y a pas de raisons de mettre des barrières pour briguer un poste électif. De ce fait, le code électoral qui se refuse à s’ouvrir aux candidatures indépendantes n’est-il pas anticonstitutionnel ?  

S’il ne l’est pas, il appartient néanmoins au pays des hommes intègres qui se veut un Etat démocratique –chose dont se ventent d’ailleurs à  tout bout de champ les premières autorités du pays- de songer à mettre cette question des candidatures indépendantes, ‘’expression l’émergence et le dynamisme de la démocratie’’, selon le président ivoirien Alassane Ouattara, sur la table des débats ? En tout les cas, le président en exercice de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO a clamé, lors de sa visite dans l’Ouest ivoirien, que ‘’si une personne estime qu’elle a la capacité d’apporter quelque chose à sa commune ou à sa région et qu’elle n’a pas été retenue par son parti politique, la démocratie exige qu’elle puisse démontrer sa capacité ».

Il s’avère de plus en impérieux de revoir cette disposition du code électoral afin de permettre à tous les Burkinabè, qui qu’ils soient, de pouvoir jouir de leur droits civiques si tel est qu’ils soient vraiment égaux et aussi aux populations d’élire ceux à qui ils voudraient en toute conscience voir présider à leur destinée.

La Rédaction

 

 

 


06/05/2013
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ALPHABETISATION AU BURKINA FASO: Aller au-delà des chiffres !

Cela est connu de tous : le développement de tout pays passe nécessairement par l’instruction et la formation des hommes, c’est-à-dire à un capital humain quantitatif et qualitatif. Devant cette lapalissade plus qu’évidente, le gouvernement burkinabè a entrepris plusieurs mesures visant à faire passer le faible taux d’instruction à un niveau acceptable.

C’est dans ce sens qu’en 1978, la 3e Constitution s’est prononcée pour la première fois sur l’officialisation des langues nationales, notamment le mooré, le jula et le fulfulde –choisies en 1974 par l’Etat ; car considérées comme des langues véhiculaires- lesquelles seront introduites de façon expérimentale au primaire.

Sous la houlette du ministère en charge de l’éducation et de l’alphabétisation, une place de choix a été donnée à la scolarisation des enfants, surtout des jeunes filles. Mais aussi et surtout, des personnes ayant passé l’âge d’être scolarisées.

Poursuivant les efforts de la IIIe République, la IVe République a mis en place le Plan décennal de développement de l’éducation de base (PDDEB) –plus tard Plan stratégique de développement de l’éducation de base (PDSEB) pour accroître l’offre d’éducation de base et améliorer la qualité de l’enseignement, notamment en vue d’éliminer les disparités existantes dans les différents niveaux de l’enseignement.

Admettons-le ! Tous ces programmes et autres projets, nommons à titre illustratif le PDDEB et le FONAENF (Fonds pour l’alphabétisation et l’éducation non formelle) ont eu le mérite  de booster l’alphabétisation au pays des hommes intègres, surtout  dans les zones rurales, jadis reléguées aux oubliettes dans les programmes d’éducation. A ce jour, ce sont des milliers de Burkinabè, hommes comme femmes, qui ont pu passer du statut d’analphabète à celui d’alphabétisé.

Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui, grâce à cette politique, savent lire, écrire et calculer, ne serait-ce que dans les langues nationales.

Ces nouveaux alphabétisés, pour la plupart des adultes et même des personnes  âgées regroupées au sein d’associations, ont ainsi la capacité de matérialiser les décisions et autres documents.   Hormis cet avantage indéniable, ces personnes ont la possibilité de s’informer notamment à travers la presse en langues nationales, mais aussi d’occuper des postes de responsabilités au niveau régional.

Cet engagement du gouvernement, reconnaissons-le, a été déterminant au point qu’on retrouve des médias d’Etat qui ouvrent leurs colonnes aux langues nationales.

Toute fois, si cette volonté du gouvernement burkinabè de mettre l’accent sur l’alphabétisation des populations, surtout en langues nationales, est à louable, force est de reconnaître que ce dernier a très souvent péché au niveau de l’accompagnement.

Avec en tête d’accroître exponentiellement le taux d’alphabétisation, avec le fameux slogan ‘’60% de taux d’alphabétisation d’ici à  l’horizon 2015’’, les autorités en charge de l’éducation et de l’alphabétisation, ont porté un coup de massue à la qualité de l’éducation qui s’en est d’ailleurs retrouvée très affectée.

Le Burkina Faso est loin, et même très loin derrière ses voisins, en matière de taux d’alphabétisation et de scolarisation. Aussi pour rattraper leur retard, ces derniers n’hésitent aucunement à poursuivre les chiffres, rien que les chiffres, plutôt que la qualité de l’éducation pour certainement justifier les financements et autres subventions.

Pour preuve, la période d’alphabétisation a été revue à la baisse. Désormais, les personnes en formation sont déclarées alphabétisées, après seulement 6 mois de ‘’cours’’. Pendant ce temps,  les documents en langues nationales se font de plus en plus rares. Or les connaissances linguistiques se maintiennent et s’améliorent avec la pratique.

C’est donc peu dire que d’affirmer que si l’on n’y prend garde, tous ces acquis risquent de se volatiliser un jour ou l’autre.

Pire encore, il tient pratiquement du miracle de croiser du regard, même en fouillant minutieusement les archives et autres bibliothèques avec le flair du plus grand chien renifleur au monde,  un quelconque document officiel écrit ou reproduit ou même imité dans ces langues pourtant déclarées nationales.

Combien de temps faudrait-il encore attendre pour voir des actes administratifs -extraits d’acte de naissance, cartes nationales d’identité, certificats de nationalité, casiers judiciaires- produits ou reproduits dans les  langues nationales ? Bien malin qui saura le dire !

Pourtant on s’évertue à multiplier les campagnes de communications et autres caravanes dites de presse pour magnifier et ‘’djélibaliser’’ les quelques actions pourtant moindres, menées sur le terrain, et pour quels résultats ?

Pendant ce temps, les neo-alphabétisés dans nos communes et villages attendent avec espoir de profiter des supposés avantages que leur nouveau statut pourrait leur apporter. Ne dit-on d’ailleurs pas que c’est le ‘’savoir qui engendre l’avoir ?’’

De ce fait, il ne serait  pas saugrenue de croire que dans ce domaine, ce qui tient le plus à cœur, ce sont plus les mobilisations de tout bord  que les résultats : Nul n’ignore les sous qui sont injectés dans ces projets et programmes aussi bien par le budget national que par les subventions et autres financements extérieurs. Car, ce serait de la malhonnêteté intellectuelle –comme le dit si bien l’autre- que de ne pas reconnaître que le système éducatif burkinabè souffre de la gestion de ses hommes et ce, depuis belle lurette. En effet, après plusieurs années d’expérimentation et de tâtonnement, on ne sait toujours pas, dans les plus hautes sphères décisionnelles du pays des hommes intègres, que faire ni où ranger les langues nationales, notamment celles déclarées –ou si vous préférez proclamées- véhiculaires : Faut-il les mettre sur le même pied d’égalité que le français-langue-officielle ? Faut-il au contraire les rétrograder au niveau des autres langues ou les laisser tanguer entre les deux ?

La question reste toujours posée et la réponse attendra, comme toujours, depuis des décennies.

Faut-il pourtant s’en étonner ? Non,  assurément !

Les plus réalistes des Burkinabè se doutaient certainement que cela ne pouvait en être autrement, le pays des hommes intègres ayant tout calqué sur l’Occident, notamment la France !

 

Bouélé Philippe BATIONO

 

 


18/04/2013
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