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REDECOUPAGES ADMINISTRATIFS AU BURKINA: Autant faire une famille, un village !

Par un arrêté en date du 7 avril janvier 2011, le ministère en charge de l’administration territoriale promulguait l’érection en villages de 75 localités du Burkina. Cela entre en droite ligne de la politique de décentralisation qui, au demeurant, a pour subséquent, le concept de « communalisation intégrale du territoire ». La décentralisation a donné lieu à plusieurs redécoupages administratifs et c’est ce qui explique aussi le redimensionnement de certains arrondissements dans les deux plus grandes villes, Ouagadougou et Bobo Dioulasso. Si quelque part l’on admet que l’intention de nos autorités à vouloir maîtriser davantage la gestion des collectivités territoriales du pays à travers ces redécoupages, en favorisant la proximité entre l’administration et les administrés, il ne serait pas non plus superflu de dire que vu les problèmes sociaux que provoquent ces redécoupages et autres lotissements à l’aveuglette, ceux-ci sont plutôt motivés par des intérêts politiciens. Ainsi, même si les ressortissants de la circonscription concernée ne valent pas du tout un nombre raisonnable, l’essentiel, c’est de gagner les élections ! Si bien que bon nombre de citoyens se demandent si le redécoupage du territoire par nos autorités répond à une réelle nécessité exprimée par les populations. Comme un phénomène de mode, on s’amuse à taillader les villes et villages du pays, sans même tenir compte de certains facteurs importants comme ceux sociologiques. Et tant pis si cela engendre des déconvenues culturelles, voire des difficultés sur le plan foncier par exemple. C’est ainsi que dans le cadre de la régionalisation, l’on a assemblé dans la même circonscription certaines localités qui n’ont rien en commun, qui d’ailleurs se ‘’détestent’’, du fait que chacune veut être le chef-lieu de région. L’anarchie est tellement flagrante qu’aussi, paradoxalement à ce qui est dit, « rapprocher l’administration des populations », d’autres localités se retrouvent plus éloignées de leur chef-lieu, mais qui sont pourtant proches d’autres localités et desquelles elles auraient pu appartenir. Avec cette fièvre de redécoupage administratif, l’Etat burkinabè, comme un chirurgien mal inspiré (ou mal intentionné), se hasarde à diviser des localités qui n’en valent même plus la peine. Allez voir dans le minuscule village de Lahel, dans la province du Soum, où même si l’on regroupait tous les hameaux, y compris même ceux constituant le nouveau village de Bolin qui lui a été finalement détaché, ne vaudrait même pas un simple quartier digne de ce nom (voir aussi dans notre parution d’hier, « Division du village de Lahel/ Soum : Un remous social aux relents belliqueux, l’Etat interpellé »). Avec l’arrêté ministériel de janvier 2011, Lahel et Bolin sont tel qu’on aurait pris deux familles pour en faire des villages. Le plus aberrant, c’est que ces choses sont faites sans même qu’au préalable l’on se demande s’il y a possibilité d’accompagner ces nouvelles collectivités pour leur développement, c’est-à-dire pouvoir leur octroyer des infrastructures sociales de base. Ceci devait pourtant être la précaution la plus élémentaire parce qu’évidente. Mais non, on fait comme le colon qui, dans la balkanisation du continent africain, s’est très peu préoccupé des conflits rebelles et sécessionnistes, comme cela se passe actuellement au Mali, qui s’en sont suivi. Hormis les conflits fonciers qui d’ailleurs sont désormais inévitables à Lahel, imaginons aussi un tant soit peu qu’on y eut découvert l’or ! Lassina Fabrice SANOU


22/03/2012
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