MOUVEMENT D’ELEVES A OUAGADOUGOU: Trois policiers séquestrés par des élèves
A quelques heures du mois de décembre qu’ils ont tacitement et traditionnellement décrété « mois noir », les élèves de la ville de Ouagadougou, ce depuis le lundi 28 novembre, boudent le chemin de l’école. En effet, après les manifestations du lundi 28, la « nouvelle armada » a encore pris les commandes de la rue, hier mercredi 30 novembre 2011. Rocambolesque ou fait extraordinaire, en tout cas, les élèves ont pu maitriser trois policiers de la compagnie républicaine de la sécurité ( CRS) qu’ils ont séquestrés dans les locaux du Lycée Professionnel de Ouagadoudou. Dépêchés sur les lieux, c’est une foule de jeunes élèves très agités et s’offrant en spectacle que nous avons rencontrée.
Dans la matinée d’hier mercredi, il était impossible d’emprunter les rues qui jouxtent le commissariat Central de police. Raison :
Des forces de l’ordre cherchant à empêcher l’avancée d’une foule d’élèves en furie
Selon les premiers témoins que nous avons interrogés sur place, les élèvent étaient mobilisés autour du Commissariat central de Police pour obtenir la libération de leurs camarades qui y seraient détenus. En effet, ces derniers auraient été arrêtés lors des manifestations du lundi dernier. A quelques encablures des forces de l’ordre en position derrière des barricades, des élèves empreints d’une témérité extraordinaire, proféraient des injures et des menaces. Le mouvement serait parti des Lycée Technique National Amadou Sangoulé Lamizana (ex L.T.O), du Lycée Bogodogo et du Lycée Marien N’gouabi. Après une vive manifestation et sans avoir eu gain de cause, la foule d’élèves rejoignit l’avenue Thomas Sankara et s’immobilisa devant les Lycées professionnels de Ouagadougou et du Lycée Bangr-Nooma. Par ailleurs, il y’aurait eu un affrontement entre les élèves eux-mêmes au Lycée Philippe Zinda Kaboré. En effet, un groupe d’élèves qui seraient instrumentalisés par les autorités politiques aurait tenté de s’opposer au mouvement.
Souleymane Sawadogo, Secrétaire général de l’A.E.S.O
Dans le Lycée Professionnel de Ouagadougou des policiers surpris étaient sequestrés
Ce sont des policiers nichés derrière les barricades qui observaient sans réagir les élèves dans leur vérité
Devant les Lycées ci-dessus cités, des élèves avaient érigé des barricades empêchant tout passage. C’était le lieu aussi des acrobaties les plus téméraires auxquelles se livraient des élèves avec leurs motocyclettes. A propos de ces acrobaties, d’aucuns rapportent qu’un élève aurait perdu la vie dans les mêmes circonstances lors des précédentes manifestations. Mais aucune confirmation de cette information n’a pu être établie. De la foule en furie, un des élèves nous lança ceci : « si on ne libère pas nos camarades arrêtés, nous mettrons ce pays à feu et à sang. D’ailleurs, nous avons arrêté trois policiers que nous ne libèrerons tant que nos camarades seront aux arrêts. ». En effet, nous pûmes confirmer l’arrestation des trois policiers incarcérés dans le bourreau du proviseur. Ils étaient bien maîtrisés dans un bureau peu exigu devant lequel des élèves curieux cherchaient à les voir. A propos des traitements qui leur sont infligés, Souleymane Sawadogo, Sécrétaire général de l’Association des élèves et scolaires de Ouagadougou (A.E.S.O), rassure qu’ils sont bien traités et ajoute pour amuser : « j’irai d’ailleurs, après cette interview, leur apporter de quoi boire. »
Comment cela est-il arrivé?
A propos des circonstances de l’arrestation des policiers, Souleymane Sawadogo du Lycée professionnel régional du et Secrétaire général de l’A.E.S.O se prononce :« les policiers se seraient introduits, en catimini, dans les locaux du Lycée professionnel régional du Centre, ex L.T.K. aux environs de quatre heures du matin pendant que depuis avant-hier soir nous sommes alertés par rapport à des enlèvements clandestins d’élèves. Ils étaient une dizaine. Mais ils étaient cinq à notre arrivée au Lycée autour de 6h 50 minutes. Il n’avait pas le droit de s’introduire dans notre Lycée sans le consentement du proviseur et des élèves. Donc, nous nus sommes concertés et avons procédé à leur arrestation. Quand nous les avons arrêtés nous leur avons demandé l’objet de leur présence dans le Lycée. Ils nous ont répondu qu’ils étaient là pour empêcher les élèves qui veulent perturber les cours d’opérer. Par ailleurs nous avons appris que des camarades du Lycée Marien N’gouabi, de l’E.F.E.K et de Bogodogo auraient été arrêtés. Pour nous, les trois policiers seront maintenus en séquestre tant que nos camarades n’auraient pas recouvré la liberté.
Par Roger Kabré et Raissa Mita Nikiema
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