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MEDIATIONS DE BLAISE COMPAORE: Il y a aussi des crises au Burkina

Marchant sur les pas de feu Félix Houphouët Boigny appelé « homme de la paix », Blaise Compaoré, lui aussi est en train d’avoir ses marques en matière de pacification de pays vivant des crises internes. Aussi, à travers ses représentants spéciaux, son nom est-il cité dans différents pays d’Afrique, aussi bien dans la partie orientale que dans celle occidentale qu’il connait d’ailleurs comme l’intérieur de sa poche. Du Togo au Soudan, en passant par la Côte d’Ivoire, la Guinée, le président du Faso a gagné une popularité aux dimensions finalement si démesurées que son orgueil ne pâtirait point de la dénégation dont il semble être désormais l’objet dans la situation malienne, sa dernière médiation en date, toujours en cours du reste. En effet, la complexité de la crise malienne est si évidente que les parties prenantes aux négociations tendant à sa résolution, semblent tous avoir perdu leur bon sens au point même de tirer sur l’ambulance Compaoré. En témoignent les nombreux couacs rencontrés dans le dossier depuis le début de la médiation : l’on a d’abord condamné les agissements de l’effronté capitaine putschiste, finalement l’on se plaint encore de l’attitude de l’actuel Premier ministre qui, pourtant présenté comme étant un protégé du médiateur il y a peu, ne trouve rien d’autre à faire que de ramer à contre-courant de la médiation, alors que précédemment, l’organisme commanditaire même de cette médiation, la CEDEAO, ne s’est pas gêné outre mesure de ridiculiser l’envoyé, en reniant la solution que le médiateur avait trouvée pour calmer les ardeurs du chef de la junte, en lui octroyant le statut d’ancien chef d’Etat.

De toute évidence, la médiation de Blaise Compaoré au Mali, telles que les choses se présentent, ne connaitra pas la même réussite que les précédentes, si elle n’est pas d’ailleurs déjà vouée à l’échec. Mais là n’est pas l’intérêt de notre réflexion du jour. Il s’agit plutôt d’attirer l’attention du président du Faso sur le fait qu’il est temps de mettre un bémol à ses médiations qui, au demeurant, n’ont jamais totalement fait le consensus au sein des différents protagonistes et de s’occuper davantage de son propre pays. Nous comprenons bien qu’il veuille bien faire du Burkina un pays émergent au plan international. Toutefois, il nous semble beaucoup plus harmonieux d’avoir cette vision plutôt dans le sens de la souveraineté alimentaire et économique du pays, ces volets étant surtout le socle de toute fierté véritable et non factice vis-à-vis de l’extérieur. Quoiqu’il faille porter secours à ceux qui sont en détresse, il ne faut pas non plus oublier que cela échoit davantage à celui dont la situation est meilleure. Comme dirait La Rochefoucauld, « tout le monde trouve à redire en autrui ce qu’on trouve à redire en lui ». Voici une maxime qui montre que la charité bien ordonnée commence par soi-même et que mieux vaut balayer devant sa porte avant de s’occuper de celle des autres. Cela nous le rappelons, en nous fondant surtout sur les multiples interpellations des citoyens burkinabè concernant les médiations dans les crises sociopolitiques des autres pays africains qui semblent beaucoup plus préoccuper le président du Faso ces derniers temps. Nous le disons, non pas par excès de zèle, pour qu’on vienne encore nous verser à la figure que « les gens sont jaloux », mais bien plus parce qu’il y a également d’immenses chantiers dans le sens d’une paix sociale garantie, à entamer dès maintenant, à l’intérieur même, car le sentiment qui parait désormais le mieux partagé par les observateurs est que l’Etat démissionne de jour en jour de sa mission qui est de veiller au bien-être du peuple. A l’intérieur, les populations burkinabè vivent de sérieux problèmes existentiels, elles tirent le diable par la queue, obnubilées à la fois par la menace de disette qui du reste à l’air de s’installer définitivement dans notre pays, si l’on s’en tient aux résultats pluviométriques de ces dernières années, et la vie chère, ajoutés à cela, le mal-être que ressentent les démocrates au regard des nombreuses injustices sociales dans ce pays, le manque de confiance qui s’est désormais installé entre les autorités politiques nationaux et les citoyens. L’on ferait mieux de se préoccuper beaucoup plus de la grogne à l’interne et qui ne laisse d’ailleurs transparaître aucun bon présage pour ce pays.

« Que me servirait que ma patrie fût puissante et formidable, si, triste et inquiet, je vivais dans l’oppression et dans l’indigence ? » La Bruyère. Tant que les populations continueront à subir les difficultés économiques et les injustices sociales qui vont grandissant, le Burkina Faso ne sera pas exempt des crises que traversent les autres pays. A l’adresse donc du médiateur : la charité bien ordonnée commence par soi-même.

 

La Rédaction



11/07/2012
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