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LYCEE SOUS PAILLOTE DANS LA COMMUNE RURALE DE SOURGOUBILA: Au nom du ''Burkina émergent'' l’émergent, sauvez ces élèves !

Il était ordinaire de voir  sous nos cieux, des élèves du primaire prendre les cours sous des paillottes ou sous des arbres, mais des  collégiens ou des lycéens, sous des paillottes ou des hangars, on n’en avait jamais entendu parler, encore moins vu. Du moins, pas encore. Eh bien, nous avons été surpris de constater qu’au Pays des Hommes des intègres, des élèves de lycée ou considérés comme tels, prennent leurs cours dans des conditions inimaginables. Une triste réalité que vivent des enfants de la commune rurale de Sourgoubila  dans le Kourwéogo qui reçoivent le savoir depuis 2009, sous des paillottes. Cette situation  a retenu notre attention et nous avons rencontré les responsables de cet établissement, les élèves et la population qui, à défaut d’un établissement répondant aux normes nationales, se targuent de leurs paillotes.  Œuvre de l’association Delwendé de Sourgoubila, cet établissement atypique fait, on l’aura déjà dit,  le bonheur de toute une population  qui ne savait, jusque-là,  à quel saint  se vouer. Retour sur notre périple à Sourgoubila .

 

Face aux effectifs de plus en plus pléthoriques et l’insuffisance criarde des lycées et collèges d’enseignement secondaire, les initiatives ne manquent pas au niveau local pour permettre aux élèves, après leur Certificat d’études primaires (CEP), de poursuivre leur cursus scolaire. C’est du reste ce que nous avons constaté dans la commune rurale de Sourgoubila où l’association Delwendé a créé un établissement atypique, pour ne pas dire fictif, afin de  résoudre le déficit de classes d’enseignement secondaire.

 

Sourgoubila : Si près, si loin des lycées modernes

 

Situé à une trentaine de kilomètres à peine  de la capitale, Ouagadougou, Sourgoubila est une commune rurale située dans la province du Kourwéogo, dans le Plateau-central. Selon le recensement général de la population et de l’habitat, la population était estimée à 38 976 habitants en 2006. La commune compte en son sein 32 établissements primaires et un seul collège d’enseignement général (CEG). Ce seul établissement secondaire, à en croire Lucien Ilboudo, enseignant d’Education  physique et sportive (EPS), au lycée privé Delwendé,  n’arrive pas à accueillir  tous les élèves admis au CEP.  

« Après le Certificat d’études primaire,  des élèves se voient dans l’obligation de prendre  la direction de la Côte d’Ivoire, ou de Ouagadougou dans le but de trouver quoi faire,  car leurs parents n’ont pas les moyens pour les inscrire  dans un établissement privé », regrette pitoyablement Lucien Ilboudo.    

Que faire alors face à une situation si alarmante?

 

La solution par l’association Delwendé

 

     On avait déjà vu des élèves du primaire prendre leurs cours sous des paillottes. Mais des collégiens et des lycéens, cela était inimaginable !

 

Dans un tel contexte marqué par un arrêt  précoce et involontaire du cursus scolaire des enfants de la localité, un groupe de personnes a eu l’initiative de créer un établissement afin de permettre aux élèves de poursuivre, un tant soit peu, leurs études. 

« C’est après un  sondage que nous avons réalisé, en 2008, que nous avons constaté qu’environ 40% des élèves, particulièrement les jeunes filles de la localité, n’arrivaient plus à poursuivre leurs études après l’obtention du Certificat d’études primaire (CEP) ». C’est en ces termes que Jean Baptise Kaboré justifie la création du lycée aux classes en paillotes.

 

 En effet, pour remédier aux problèmes de scolarisation des enfants de Sourgoubila, des ressortissants dudit village, regroupés au sein de  l’Association Delwendé pour le développement communautaire, ont crée en 2009 le lycée privé Delwendé de Sourgoubila que dirige  Jean Baptise Kaboré, président de l’association. Objectif, a-t-il dit : aider les jeunes filles et les enfants démunis.  Jean Baptise Kaboré rappelle qu’à l’ouverture en 2009 de la classe de sixième l’établissement occupait un ancien bâtiment d’une école primaire de la commune. Mais, le lycée Delwendé était obligé de quitter ce local car, les élèves du Collège d’enseignement général  officiel de la commune devaient occuper les lieux.  

 

295 élèves sous des paillotes

 

Actuellement, le  lycée compte trois classes, à savoir les 6e, 5e et 4 et, est délocalisé sur un site appartenant à l’association. Selon le directeur  de l’établissement, Jean Baptiste Kaboré,  le nombre  d’inscrits au titre de l’année scolaire 2011/2012, est estimé à 295 élèves. Et ils entendent ouvrir une classe de 3e l’année prochaine afin de permettre à ceux qui franchiront  la classe de quatrième de passer les examens du Brevet d’études du premier cycle (BEPC) en tant que candidats officiels.

Pour l’heure, Jean Baptiste Kaboré et son équipe devront supporter les frais afférent  au fonctionnement du lycée. Pour lui, la majeure partie du personnel est membres de l’association et par conséquent,   fait du bénévolat. « C’est ce qui permet de  réduire les charges », a-t-il soutenu. Les frais de scolarité par élève s’élevant à 28 000f CFA  par élèves, semblent être faibles pour satisfaire la prise en charge des enseignants.

Tout compte fait, les enseignants qui dispensent les cours dans cet établissement sont des professionnels du métier, à rassuré Jean Baptise Kaboré. « Les enseignants viennent pour la plus part du CEG de Sourgoubila », s’est clairement exprimé le directeur de l’établissement pour démontrer qu’au même titre que les élèves du CEG, les siens aussi bénéficient du même enseignement. Par exemple, a-t-il insisté, Lucien Ilboudo est professeur d’Education physique et sportive (EPS) au CEG de Sourgoubila. Approché, ce dernier  dit être venu soutenir l’association pour permettre aux enfants d’acquérir le savoir.

 

Un établissement sans agrément

 

l'acte par lequel le ministère a rejeté la demande d'agrément

 

Un véritable problème se pose, car, l’établissement n’a pas  d’agrément du ministère des Enseignements secondaire supérieur. Le directeur du lycée a expliqué que la demande d’agrément a été rejetée pour la simple raison que l’établissement ne dispose pas de locaux répondant aux normes. Avec ces paillotes où se dispensent les cours, il est difficile de  reconnaitre officiellement cet établissement. Pourtant, comme l’a expliqué le directeur de l’établissement Jean Baptise Kaboré, c’est une association qui veut venir en aide aux enfants afin de leur permettre de poursuivre les études secondaires.

 

Reconnaissance officielle ou non, « nos enfants vont à l’école »

 

Telle est la conclusion des parents d’élèves que nous avons rencontrés. Pour le président des parents d’élèves du lycée privé Delwendé de Sourgoubila, Marcel Sinaré, « l’action de l’association est un soulagement pour nous. Nous ne savons pas comment remercier cette structure pour l’aide qu’elle apporte à nous parents d’élèves. C’est Dieu qui va la payer ».

Dans la commune rurale de Sourgoubila, tous le monde est unanime que l’association Delwendé contribue pour beaucoup à l’éducation des élèves,  au regard  des frais de scolarité insignifiants. Mais pour le premier responsable de l’association,  son  véritable souhait demeure l’obtention de l’agrément qui permettra au lycée une existence  officielle. C’est pourquoi, Jean Baptise Kaboré demande de l’aide aux bonnes volontés et la clémence du ministère des Enseignements secondaire et  supérieur  afin qu’ils puissent obtenir l’agrément qui permettra de soulager des centaines enfants.  

A  Sourgoubila, il n’existe pas d’établissements secondaires privés. Selon Jean Baptise Kaboré, l’établissement privé le plus proche est à une quarantaine de kilomètres de la commune. Il estime que même si un établissement privé existait dans la localité, les parents qui, pour la plupart, sont des pauvres paysans, n’arriveront pas à payer les frais de scolarité de leurs enfants.

 

Par Boukary OUEDRAOGO    

 



15/11/2011
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