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GROGNE DES AGENTS DE CANAL 3: La situation est générale au Burkina

La bagarre pour leur bien-être engagée la semaine dernière par les employés de la télévision Canal 3 contre leur employeur et qui a même été médiatisée montre à tous, en tout cas à ceux qui semblent concevoir un mythe autour du journaliste, que celui-ci n’est ni plus ni moins qu’un travailleur comme tout autre qui ne vit que de la sueur de son front et non pas celui qui dispose d’un pouvoir au-delà du réel. Même si l’on comprend que le journaliste qui a choisi d’être la voix des sans-voix fait toujours fi de ses propres difficultés, dans un dépassement extraordinaire de soi-même, pour défendre la cause des autres, de l’orphelin et de la veuve comme on aime à le dire, la situation à Canal 3 a finalement révélé que le journaliste n’est pas un super homme qui vit uniquement de la passion pour son métier, mais bien plus un être ordinaire qui a aussi ses difficultés sociales, existentielles. Bien évidemment, l’accroissement démesuré de ces difficultés ne peut avoir d’autre issue que la révolte de l’intéressé. Comme le dirait bien Karl Marx dans Œuvres économiques, ‘’ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c’est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience’’. Nous épousons également la réflexion du philosophe qui, dans Le manifeste du parti communiste disait d’ailleurs que ‘’l’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes des classes’’. Le journaliste burkinabè, du moins celui exerçant dans un média privé, à toujours souffert d’une paupérisation grave. Comme si l’ouvrier n’avait pas droit à son salaire, celui de la plume, du micro ou de la camera, au Burkina, semble être depuis toujours, l’oublié des bons dieux. Avec un salaire qui laisse toujours à désirer et qui d’ailleurs n’est pas, dans la plupart des cas, régulièrement payé, l’on n’hésite pas à faire grief au journaliste de manque de professionnalisme, surtout d’être corrompu. Pourtant, l’on sait pertinemment qu’un homme qui a faim n’est point un être libre. Liberté de presse ! Loin de nous toute l’ idée de vouloir susciter une querelle interminable, ou de vouloir verser sur cette page toutes nos connaissances en philosophie, car il ne s’agit point d’un cours de philosophie. Mais, la situation chez nos confrères de Canal 3 n’est pas seulement propre qu’à cette boîte, mais elle vaut pour tous les professionnels du métier de média qui exercent dans le privé au Burkina. Osons-le dire franchement, la situation est telle qu’on pourrait voir dans l’univers médiatique burkinabè deux classes: celle des patrons et celle des employés qui constituerait le prolétariat, comme dirait bien Marx. Et dans la lutte des classes, ‘’les prolétaires n’ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner’’, selon toujours Marx. Le désordre étant aussi le meilleur serviteur de l’ordre établi, la tambouille qui a eu lieu la semaine dernière pourrait peut-être servir de catalyseur d’un soulagement de tous les journalistes burkinabè. Entre-temps, d’aucuns ont espéré que les choses allaient changer dans la corporation, avec notamment l’initiative de la convention collective qui impose une certaine grille salariale, pour le traitement financier des journalistes de la presse privée, ainsi que de la carte nationale de presse qui, a-t-on dit, est censée affranchir l’agent de certaines difficultés sur le terrain professionnel. Seulement, le constat est qu’aujourd’hui encore, c’est le statu quo. Mais, au demeurant, plutôt que de se mettre dans des positions antagonistes, les patrons de presse et leurs agents devraient, à travers le dialogue, pourvoir former un même front, accepter le pis-aller, en attendant que l’Etat vienne renforcer son soutien aux organes de presse, parce que laver le linge sale en public n’honore pas non plus. Car, à bien y voir, le nœud du problème ne se situe pas forcément au sein des agences, mais bien en amont, au niveau même du décideur politique, l’Etat. La convention collective, si elle n’est toujours pas appliquée, c’est certainement parce que les charges financières à supporter par les employeurs sont encore exorbitantes. Comment vouloir que les promoteurs de médias se surpassent et se mettent au-dessus même de leurs possibilités, pour offrir toutes les commodités nécessaires à leurs agents, tout en supportant à la fois de lourds impôts ? Une fois de plus, il y a lieu donc que l’Etat, à travers le ministère des finances et par le truchement du Conseil supérieur de la communication ainsi que du ministère de la communication, renforce son mécanisme d’accompagnement des médias privés au Burkina. D’abord en revoyant à la hausse, un tant soit peu, la subvention qui devrait être assez conséquente. Imaginez-vous que tandis qu’au Burkina la subvention de l’Etat aux organes de presse ne dépasse même pas 500 millions de F CFA, dans un pays limitrophe comme la Guinée, par exemple, on en est à plus du milliard de F CFA. En même temps, il y a la question des exonérations d’impôts sur les intrants, la logistique, servant à la production journalistique, tout autant que des facilités de financement, de prêts donc, auprès des institutions bancaires. Si l’on veut, enfin, que l’entreprise de presse tourne correctement au Burkina, les concessions sont nécessaires à tous les niveaux : l’Etat, le patronat et les agents des médias. La Rédaction


14/11/2011
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