FUSION ENTRE LE MNLA ET ANSAR DINE: S’unir pour mieux s’opposer
Alors qu’au Sud du pays, les partis politiques et l’armée n’arrivent pas à taire leurs divergences et cacher leurs intérêts égoïstes pour véritablement donner sens au processus de transition, voilà que les groupes armés au Nord du pays, malgré leurs positions farouchement opposés, arrivent à insuffler une avancée significative dans leurs velléités indépendantistes ou islamistes. La nouvelle de cette fusion des groupes armés est tombée comme un coup de foudre dans l’opinion nationale et internationale. Autant dire donc que la situation s’enlise et le Mali bascule dans une incertitude
indescriptible. Que tous les charlatans de la paix et les prédicateurs d’une résolution rapide de cette crise multidimensionnelle qui secoue le Mali retiennent enfin pour vrai que le problème au pays de Modibo Keita est plus qu’on l’avait imaginé. Que les experts et autres spécialistes de la bande sahélo-saharienne, au rang desquels, figure l’omnipotent, l’omniscient, ex-ministre des Affaires étrangères de la France, Alain Juppé, sachent que leurs raisonnements aussi pitoyables que farfelus ne tiennent pas et qu’il n’a jamais tenu.
N’ont-ils pas, en effet, tenu des arguments selon lesquels, il n’existe aucun lien entre Ansar Dine, mouvement islamiste et le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Un
argumentaire qui a prévalu pour que des responsables du MNLA animent des émissions sur les chaines de radios et de télévisions avec la complicité honteuse du Quai d’Orsay.
Dans ce même temps, Amadou Toumani Touré était présenté comme un diable et que lui seul constitue le malheur des peuples opprimés en quête d’indépendance. Diantre, qu’est-ce qui pourrait bien pousser nos Occidentaux à pactiser avec le diable qui ne jure que par un islamisme radical et par une haine exacerbée ?
Où est donc passée cette profession de foi du MNLA, qui jurait sur tous les toits qu’il n’est ni de près, ni de loin, mêler aux activités de Ansar Dine et qu’il n’est qu’un mouvement politique revendiquant la libération d’un peuple, en l’occurrence les Touaregs ?
En réalité, toutes ces thèses n’ont servi que pour cacher mal les vraies intentions et d’organiser
l’amputation territoriale du Mali. Et nous y sommes.
« Le Mouvement Ansar Dine et le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) proclament leur auto-dissolution dans l’Azawad. Les deux mouvements créent le Conseil transitoire de l’Etat islamique de l’Azawad ». Voilà donc le communiqué indiquant la fusion des deux mouvements armés qui contrôlent le Nord du pays. Un communiqué qui est intervenu après trois semaines de négociations, ayant donné naissance à un accord. Ainsi donc, ce qui avait été considéré comme impossible et inimaginable devient une réalité, laissant tout le monde pantois. Si donc des arguments avaient été tenus pour justifier la différence entre Ansar Dine et MNLA, il semble que les défenseurs de ces arguments ont
commis le pêché d’oublier que dans la vie, seuls les intérêts guident les actions.
Alors qu’Ansar Dine, refusait
l’indépendance de l’Azawad et ambitionnait d’instaurer la Charia sur tout le
territoire malien, le MNLA, mouvement politique, lui, récusait l’application de
la Charia et ne voulait que l’indépendance du territoire de l’Azawad. Cette
divergence d’idéologie et d’intérêt, n’a cependant pas empêché les deux forces de s’unir pour
avoir une vision commune face à l’intérêt géostratégique de cette partie
septentrionale du Mali.
Et les termes du contrat de cette
union donnent plus au moins satisfaction aux deux parties. « Nous sommes tous pour l’indépendance de
l’Azawad » et « nous
acceptons tous l’islam comme religion. Le Coran et
la Sunna sont la source de droit ». Le pacte est donc scellé et
bonjour l’Etat islamique de l’Azawad au
dessus duquel flotte désormais un drapeau noir griffé d’écritures en arabe.
Cette nouvelle donne, sans doute,
ouvre une ère nouvelle dans le territoire malien, même si certains pourraient
voir en cette fusion, une union de
circonstance qui n’aura pas fait long
feu au regard des réelles divergences de vue et d’ambitions des deux forces. Pour
eux donc, comme un panier à crabes, le Conseil transitoire de l’Etat islamique
de l’Azawad, se grippera au moment venu de désigner les principaux responsables
de celui-ci. Qui du MNLA ou de Ansar Dine acceptera de rester sous les bottes de l’autre ?
S’interrogent légitimement les pourfendeurs de cette union pour enfin conclure,
qu’il y a trop de non-dits dans cette fusion et qu’elle a peu de chances de
connaitre un succès réel. D’où, la
conclusion qu’il ne s’agit que d’un mariage pour mieux consommer le divorce. De
toute évidence, on pourrait dire que chaque groupe essayera autant que faire ce
peut de phagocyter l’autre.
En attendant cette partie de
bataille, cette fusion pourrait être vue
comme une leçon infligée aux acteurs de la transition à Bamako, qui, nonobstant
la gravité de la crise, sont toujours incapables de s’entendre sur un
minimum. En s’adonnant à une bataille sans merci pour le contrôle de palais de
Kouloula pour un pouvoir qui n’est que de transition, les hommes politiques,
les acteurs de la société civile et les militaires viennent de recevoir un coup
de poignard des groupes armés au Nord du pays dans le dos. L’apocalypse guette
dangereusement le Mali et les nuages annonciateurs d’une scission du territoire
sont presque proches. Est-il la peine
qu’on appelle à une union sacrée des filles et fils du pays, du reste toujours
sourds, pour libérer le territoire.
Quelle potion magique, enfin, faut-il trouver pour sauver le Mali qui s’enfonce
chaque jour dans une spirale de violences aux conséquences incalculables.
La Rédaction
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