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INDEPENDANCE, POLITISATION ET CORRUPTION DE LA JUSTICE BURKINABE: Le vrai problème est dans la séparation des pouvoirs !

Le Conseil supérieur de la magistrature a tenu une session extraordinaire,  hier  15 avril 2014, à la salle polyvalente de Kosyam. Durant cette rencontre, le président du CSM et les autres membres se sont penchés sur diverses questions en rapport avec l’indépendance de la magistrature et le droit de grâce.

Un énième conciliabule au cours duquel un état des lieux a mis à nu -officiellement- les faiblesses et les obstacles que rencontrent les magistrats dans leurs fonctions, à savoir les difficultés d’ordre structurel et fonctionnel dues à l’absence d’indépendance de la justice, la politisation, la corruption…

Pourquoi est-ce seulement maintenant que le Conseil supérieur de la magistrature s’est rendu compte de ces problèmes ? Mystère et boule de gomme ! D’autant que ce constat, aux forts relents du médecin après la mort, était connu depuis des lustres de tous les Burkinabè, jusqu’au simple paysan du hameau le plus reculé.

C’est donc à se demander si cette action –médiatisée à souhait- n’est pas une nouvelle fois de la poudre aux yeux des Burkinabè qui ont, pour ainsi dire, cessé de croire en leur justice. Et cela, avec juste raison. Pour s’en convaincre, il suffit juste de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur. Les affaires Thomas Sankara, Norbert Zongo, Boukari Dabo –pour ne citer qu’elles- ont fini de convaincre – même les optimistes les plus chevronnés- qu’il y a un problème véritable au sein du judiciaire burkinabè. Sinon, comment comprendre que de telles affaires, malgré les preuves, les témoignages et autres indices collectés par les enquêteurs, ces dossiers n’ont jusque-là pas trouvé de dénouement ?

Inutile de se voiler la face, le réel  problème de la justice burkinabè se trouve à la frontière entre l’exécutif et le judiciaire –si frontière il y a bien sûr-.

En effet, les récents événements ont fini par démontrer que dans le cas de figue actuel -où le président du CSM n’est autre que le président du  Faso et où les institutions sont aussi faibles-, la justice ne peut nullement avoir les coudées franches, encore moins si l’exécutif se trouve mêlé dans quelque affaire que ce fût. Et c’est malheureusement ce qui semble être le cas dans les affaires citées plus haut. Dans un tel contexte, comment s’y prendre pour exorciser le mal, surtout qu’il semble avoir atteint les parties vitales du système ?

Rien, à l’analyse !

A moins que la décision ne vienne du plus haut niveau, c’est-à-dire de la présidence du Conseil supérieur de la magistrature. Car, nul n’ignore que nous sommes à un tournant décisif de la vie politique de notre pays. Tout porte en effet à croire que d’ici à 2015, les Burkinabè –si d’aventure l’article 37 n’est pas modifié- auront un nouveau régime au palais de Kosyam.

De ce fait, il serait judicieux que l’actuel gouvernement s’y mette pour rafistoler les fentes et autres brèches dans le tissu judiciaire pour une justice fiable et proche des justiciables. Et cela y va de l’intérêt aussi bien des gouvernés que des gouvernants. En effet, c’est un truisme que d’avancer que la principale raison de la montée de la criminalité et des contestations, l’insécurité galopante, n’est autre que l’injustice. Ainsi, le véritable garant de la paix et de la cohésion sociale est une justice impartiale et responsable, qui ne condamne pas que les petits poissons, tout en laissant les gros se la couler douce, en toute quiétude dans les coins les plus huppés de la capitale.

C’est seulement à ce prix que la justice pourra retrouver sa place sans l’estime des Burkinabè et regagner la confiance de ceux-là qui, convaincus de la partialité de la justice, préfèrent encore se la rendre eux-mêmes.

Alors, il faudra mettre fin à la langue de bois et aux discours folkloriques qui n’ont pour autre dessein que de charmer, d’appâter le peuple et se mettre sérieusement au travail pour faire de ces laïus une réalité. Car, le peuple a muri et voit désormais clair dans les manigances.

La Rédaction

 



16/04/2014
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