AFFRONTEMENTS ENTRE PEULHS ET DOGONS A LA FRONTIERE MALI-BURKINA: Toujours le même problème d’eau !
Depuis le 22 mai 2012, des Burkinabè sont l’objet d’exactions des plus atroces de la part de leurs
hôtes maliens, dans le village de Sari. Le bilan des dégâts est autant ahurissant que le fond même du problème, au point même que ni les autorités burkinabè, ni celles maliennes, n’arrivent pas à s’accorder sur le nombre exact des victimes, morts ou blessés, dans cette chasse à l’homme, cet holocauste, comme nous le disions dans notre édition précédente. Et que dire du millier de déplacés qui ont ainsi envahi le territoire burkinabè ? Le problème, on le connait : une affaire entre éleveurs peulhs et agriculteurs dogons, née autour de la gestion des sources d’eau.
Nous tombons tout de suite dans les difficultés foncières. Eh oui ! C’est à croire que la terre
est désormais si peuplée que les ressources naturelles ne suffisent plus à ses habitants, nous les humains en premier chef, qui n’avons plus assez d’espaces ni pour semer notre nourriture, ni même pour construire nos habitats, le logement et la nourriture étant parmi les premiers droits reconnus à l’humain.
Les marches-meetings, les grèves et autres formes de révoltes naissent et s’amplifient tous les jours. C’est tout ce manque dans notre existentiel qui provoque des troubles du genre : la vie chère.
D’ailleurs, le samedi 26 mai dernier, une fois encore, alors que la rue avait pourtant observé une certaine trêve, elle a repris du service. Une longue procession et des discours engagés, pour exiger de l’autorité de meilleures conditions de vie. Et qui dit vie chère, qui dit inflation des produits de
consommation donc, dit nécessairement rareté de ressources naturelles. Toute chose qui cause de nombreuses difficultés de cohabitation entre différentes communautés. Au Burkina, les cas les plus récurrents concernent les conflits entre éleveurs et agriculteurs, dans les zones de pâturages. Entre les priorités agricoles et l’alimentation du bétail, on a du mal à choisir ? Etant entendu que l’agriculture et le bétail constituent deux éléments essentiels dans le produit intérieur brut du Burkina. Là est donc toute la problématique, en réponse à laquelle l’Etat burkinabè s’est vu contraint de revoir sa politique du foncier rural et dans laquelle les questions de détermination de zones arables et de pâture occupent une place importante. Sauf que face à la réalité des aléas climatiques, de la diminution, voir la disparition progressive du couvert végétal et surtout le manque criard de points d’eau, des communautés, en quête de survie, ont désormais du mal à cohabiter pacifiquement.
Voilà donc que la question n’est toujours pas résolue à l’interne que des transhumants, toujours pour les mêmes causes, des pasteurs ressortissants burkinabè sont l’objet de persécution dans les zones frontalières avec les pays voisins. Comme nous le rappelions plus haut, d’autant que cela est dans l’actualité de ces derniers jours, le cas le plus récent est celui des nombreux Peulhs massacrés, blessés, ou déplacés, le nombre des victimes n’étant toujours pas clairement déterminé, même si l’on fait cas de la centaine de morts, les éleveurs peulhs donc, martyrisés par leurs hôtes, les Dogons du Mali. Au passage, insistons qu’il est vraiment inutile de chercher à comprendre qui, dans de telles situations, est fautif. Cela amènerait à de vaines et longues tergiversations qui ne feront, du reste, qu’aggraver davantage les tensions. La seule évidence ici est qu’aujourd’hui, le bilan macabre de ces affrontements a créé des sensations au-delà, carrément, des limites habituelles de nos meurtrissures. Quand on sait bien que le Mali et le Burkina ont toujours été liés par le même destin, les mêmes réalités, surtout que d’ailleurs, les difficultés liées au statut de pays enclavés et pauvres en ressources naturelles, hydrauliques, pour
être plus précis, les concernent tous.
Mais, il convient aussi de tirer la sonnette d’alarme. Car, si l’on n’y prend garde, ce sont là des questions qui pourraient créer de sérieux imbroglios avec les voisins, comme cela s’est manifesté dans le passé. C’est donc le lieu d’interpeller le politique, pour qu’il fasse de son mieux, pour qu’une telle boucherie orchestrée sur des Burkinabè ne se répète plus jamais. Que faire
exactement ? Là est toute la question. Mais nous savons une seule chose, les priorités sont souvent négligées par l’autorité burkinabè. En réalité, la question qui devrait être posée, c’est : que faire pour les 15 millions d’agriculteurs et d’éleveurs potentiels, donc des paysans par définition, que nous sommes au Burkina. La part accordée aux secteurs paysans dans le budget national est-elle suffisante ? L’allocation dans ce sens est-elle utilisée à bon escient ?
En tout cas, l’expertise, c’est ce qui manque le moins pour booster, ou d’ailleurs maintenir, parce que les choses vont s’amenuisant, l’élevage et l’agriculture qui ont toujours constitué les piliers de l’économie burkinabè. Si cette expertise est trouvée et trouve aussi les moyens idoines de faire du bon
travail, nous verrons que les Burkinabè ne vivront plus ce qui s’est passé à Sari. Parce qu’à l’interne, l’on aura créé suffisamment de zones aménagées où tout le monde tirera satisfaction, sans qu’il n’y ait non plus de problème au sein des différentes communautés.
LFS
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