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TRANSFERT DE GBAGBO A LA CPI: Jusqu’où ADO est-il prêt à aller pour la réconciliation ?

 Dans la nuit du mercredi 30 novembre dernier, les autorités ivoiriennes se sont résolues (finalement ?) à livrer l’ex-homme fort de la Lagune ébrié à la Cour pénale internationale (CPI), qui venait à peine de lancer un mandat d’arrêt contre lui. Logé dans l’une des chambres du prestigieux hôtel de la Haye pour présidents africains, « l’Enfant terrible » de Mama (traduction de Woody de Mama), doit  désormais faire face aux quatre (4) chefs d’accusation qui pèsent contre lui : meurtres, viols et autres violences sexuelles, actes de persécution et autres actes inhumains.

 

Ce transfert à La Hayesigne, pour ainsi dire, la fin (politique s’entend) pour celui-là même qui avait refusé de reconnaître sa défaite après la présidentielle de novembre 2010 et s’était entêté dans la bêtise, proclamant à tue-tête : “Aut Caesar, aut nihil “. C’est donc une sorte de victoire pour ces nombreux  Ivoiriens qui n’ont eu de cesse de réclamer justice pour leurs proches emportés dans la crise fratricide de l’après présidentielle. Le principal responsable de toutes ces exactions se retrouve derrière les barreaux, pourrait-on dire.

 

En acceptant de transférer son ancien ami et rival à La Haye, ADO se débarrasse d’un paquet devenu un peu trop embarrassant, un homme dont le jugement planait au dessus de sa tête comme l’épée de Damoclès.  Entre deux maux, il faut choisir le moindre, dit-on. Pour lui qui essaie toujours de devenir le “président de tous les Ivoiriens“, il était très important  de ne pas se salir les mains, au risque de porter atteinte au processus de réconciliation en cours. Surtout qu’il est accusé à longueur de journée de mener une chasse aux sorcières, d’être partial.

 

Il montre pour ainsi dire patte blanche vis-à-vis de ses compatriotes et du reste du monde.

En tant qu’Ivoirien, ADO sait pertinemment mieux que quiconque l’enjeu que revêt ce jugement. Quelle qu’aurait été l’issue de ce procès (s’il s’était effectivement déroulé en Côte d’Ivoire), une partie non négligeable des Ivoiriens se serait sentie lésée, insatisfaite.

 

Si la justice ivoirienne venait à acquitter Gbagbo, les proches d’ADO se sentiraient abusés, trahis par leur Gourou ; alors que le contraire serait vu comme un acte de vengeance. Ainsi donc, les autorités ivoiriennes confient leur peine à la CPI. Toutefois, il serait difficile de convaincre les partisans du président déchu que le convoyage de leur champion dans son nouveau “palais“ deLa Haye n’a rien d’un règlement de comptes, d’autant plus que son transfert s’est produit moins de 3 jours après la rencontre Ouattara-Ocampo, en France.

La conséquence directe de cet état de fait a été le retrait de certains candidats proches du camp Gbagbo de la très imminente course à la députation. Un retrait qui vient compliquer un peu plus les choses, car il aura fallu faire des pieds et des mains pour convaincre certains parmi eux toujours un peu hésitants à s’aligner dans les starting-blocks.

 

Cela semble mal se présenter pour la suite, étant donné que ces derniers ont le sentiment d’avoir été trahis. Ce choix du Brave Tchè*, semble déjà vouloir se retourner contre lui.  Car dans le contexte actuel de vives tensions, ce coup de théâtre aurait pu être évité, ou tout au moins être retardé. Tout acte posé dans une période aussi sensible devient sujet à des interprétations diverses et diversifiées. Il aurait donc été sage pour l’actuel homme fort de l’Eburnie de laisser encore, ne serait-ce qu’un tout petit peu encore, son ancien adversaire dans sa retraite de Korhogo.

 

Par ailleurs, pourquoila Courpénale internationale s’est-elle autant empressée de mettre Gbagbo hors d’Etat de nuire, alors que des potentats de la trempe de Hissen Habré pour ne pas le nommer sont toujours en cavale et que Charles Taylor attendent toujours d’être jugé ?

Que dire alors des proches d’ADO que l’ONG américaine Human  rights watch avait épinglé dans son rapport ? Son aide de camp, Ousmane Shérif, et son actuel Premier ministre, Guillaume Soro, alors Premier ministre de Gbagbo  ont été cités par la même ONG dans des histoires de crimes. Pourquoi ces derniers courent-ils toujours ? Est-ce la justice des vainqueurs comme l’affirme certains Ivoiriens et certains exégètes de la très complexe chose politique ?

 

En tous les cas, pour parvenir à une réconciliation véritable entre Ivoiriens, il est impératif, pour ADO, de faire un véritable nettoyage, même dans son propre camp. Cependant, une question demeure toujours sans réponse : Jusqu’où ADO est-il prêt à aller pour réconcilierla Côte d’Ivoire avec elle-même ?

 

*sobriquet attribué à Alassane Drame Ouattara par ses partisans

 

Philippe Bouélé BATIONO



30/11/2011
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