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RECONNAISSANCE DU CNT PAR L’UA:Pouvait-il en être autrement ?

Comme il fallait s’y attendre, l’Union africaine, après avoir « résisté » pendant quelques mois, à l’image d’Adam et Eve, a fini par succomber  à la « tentation » : elle a officiellement reconnu, mardi dernier, le Conseil national de transition (CNT) comme seul représentant légitime du peuple libyen.

Pouvait-il en être autrement ? Assurément non ! Surtout que, la crise libyenne n’était nullement une affaire africaine, même si des chefs d’Etats, outrecuidance oblige, avaient cru pouvoir opiner. Alors que le cas libyen a été suscité et entretenu par un bataillon des puissances occidentales qui n’avait cure de la position de l’organisation continentale. D’ailleurs, l’Union africaine n’a jamais réussi à s’imposer dans le paysage politico-diplomatique  africain, encore moins mondial. En témoigne son cuisant échec dans ses tentatives désespérées de résolution de cette même crise libyenne. En plus, elle n’a jamais su parler d’une seule voix, comme cela aurait dû se faire, chacun des Etats membres voulant coûte que coûte défendre ses intérêts mesquins plutôt que ceux collectifs. Conséquence, l’UA a tout simplement été mise sur le banc de touche, pour ne pas dire renvoyée dans les vestiaires par la coalition des puissances occidentales en charge du dossier libyen. En effet, l’organe politique de la rébellion, le CNT, fort du soutien de cette coalition, a toujours rejeté les propositions de l’UA qui privilégiaient une solution pacifique et négociée entre les deux camps. Le CNT n’a jamais accordé de considérations à l’UA, d’où son refus d’écouter ses propositions, encore moins de les prendre en compte. Ainsi, le vent ayant –sauf tremblement de terre- définitivement tourné à l’avantage de Mustapha Abdeljalil et ses compagnons de lutte, l’UA avait-elle vraiment le choix ?

Mise donc devant le fait accompli (même si le Guide est toujours en cavale et que les derniers bastions kadhafistes, Syrte et Bani Walid, résistent toujours) et face au fait qu’une vingtaine d’Etats africains, dont le Burkina, sur les 54 que compte l’Union ait déjà reconnu la légitimité du CNT, l’UA n’a eu d’autres choix que de prendre le train de l’histoire en marche, oubliant du coup les raisons de son refus de reconnaître le CNT. Mais, en optant pour l’alignement, elle a encore manqué une occasion inespérée de redorer  son blason ; elle qui a perdu sa crédibilité, car ayant passé la majeure partie de son existence à agir selon les ordres de l’Occident.

En clair, l’Union africaine n’a jamais eu une véritable indépendance décisionnelle. Elle n’a donc fait que confirmer tout «le bien» qu’on pensait d’elle.

La question de la légitimité des pouvoirs tels que définis dans sa charte se pose avec acuité. Car, pour se dédouaner, l’UA a justifié, à travers un communiqué publié mardi à Johannesburg, sa décision de reconnaître le CNT par le fait que ce dernier aurait pris des engagements écrits, lesquels stipulent que les nouveaux hommes forts de Tripoli « acceptent de donner la priorité à l’unité nationale et de rapprocher toutes les parties libyennes, sans aucune exception, pour reconstruire le pays » et de protéger les migrants africains en Libye. Néanmoins, en acceptant de revenir sur sa position initiale, l’Union africaine a dû fouler l’un de ses principes, celui selon lequel l’UA ne doit nullement accorder sa reconnaissance à un pouvoir inconstitutionnel ou à gouvernement de coup d’Etat.  Encore un cafouillage dans la maison verte et blanche.

Dos au mur et financièrement dépendante, comment l’ancienne OUA pouvait-elle rester aussi longtemps dans sa position, sans faire un jour profil bas, étant entendu que la Libye finance, à elle seule, près de 75% du budget de l’Union ? Difficile d’y répondre. Mais, une chose est cependant positive dans ce revirement spectaculaire de situation : l’on ne se perdra plus à deviner la position naguère ambigüe de l’organisation continentale. Osons cependant croire qu’elle assumera, de ce fait, toutes les conséquences de son acte, aussi fâcheuses soient-elles !

En tout les cas, il s’impose aux chefs d’Etats africains, loin de leurs soi-disant sommets aux allures de jamborées présidentiels aux budgets pantagruéliques, d’œuvrer à redonner à l’UA ses lettres de noblesse, si tant est qu’elle en a déjà eu.

 

Phil



26/09/2011
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