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SEXUALITE AU BURKINA: Dans l'intimité des lesbiennes, le phénomène prend de l'ampleur

« C’est  vous les journalistes qui faites la promotion des homosexuels.  Notre société n’est pas arrivée à cette bassesse humaine. C’est ainsi que vous importez  tout».  Voilà ce que nous a dit  une autorité lorsque nous l’avions contactée pour nous entretenir avec elle sur la question des homosexuels au Burkina. C’était au tout début de la réalisation de notre dossier. Ces mots témoignent non seulement de la délicatesse à aborder le sujet, mais aussi d’une tentative de nous décourager de l’évoquer dans une société toujours encline dans la tradition et qui considère cette pratique comme une abomination ou  un pêché à combattre à tout bout de champs. En parler pour certains est un sacrilège. Pourtant, il le faut ! En effet,  c’est un truisme que d’affirmer qu’il existe bel et bien l’homosexualité au Burkina dans « les campagnes comme dans les villes », nous a-t-on témoigné.  Il ne s’agit donc pas de fuir le sujet, ni de l’occulter dans les débats.  Supposons même que l’homosexualité soit aux antipodes de nos mœurs et us, n’est-ce pas une raison suffisante pour l’évoquer  afin d’en tirer les solutions étant entendu que la communauté homo grandit de jour en jour au pays des Hommes intègres. Voilà qui peut bien plaider pour un tel exercice que nous  nous proposons d’aborder.

 

On aura peut-être eu tort de considérer l’homosexualité dès le départ comme un phénomène exotique. Toute chose qui a, peut-être,  permis de développer autour du phénomène  toute sorte de stéréotypes si fait qu’aujourd’hui, être homosexuel dans la société africaine en général et burkinabè en particulier s’explique par une déviance, une malédiction. Les plus téméraires banniront tout simplement  les individus qui s’adonnent à une telle pratique et sont prêts à les conjurer tous les  mauvais sorts comme Dieu l’a fait à Sodome et Gomorrhe, deux villes où le pêché avait atteint son paroxysme, comme nous l’enseigne la sainte Bible. Dans une société mondiale en pleine mutation comme celle actuelle, il ne s’agira pas de s’obstiner à combattre par la répression les phénomènes qui surgissent, mais essayer de comprendre leurs tenants et aboutissants.  En immergeant dans le monde des homosexuels, notamment dans celui des lesbiennes, nous nous rendons compte que le phénomène homo est plus qu’une simple mode. C’est une orientation sexuelle avec conviction des acteurs concernés qui  se trouvent attirés plus par des individus de même sexe. Au Burkina, notamment à Ouagadougou, le phénomène a pris  une ampleur qu’il faille désormais poser la problématique en termes de droits de ces individus.  Nous pouvons feindre de continuer de les ignorer et de les discriminer, mais  nous ne pouvons jamais les éradiquer. Mieux, chaque jour que Dieu fait,  la communauté homo composée des gays (les hommes) et les lesbiennes (les femmes) ne fait que s’élargir.  Avec les lesbiennes que nous nous sommes véritablement entretenus, nous nous sommes rendus à l’évidence le phénomène prend  une grande ampleur. Comprendre la vie des lesbiennes  et la difficulté qu’elles approuvent dans leur orientation sexuelle qui, malheureusement, n’est pas celle de sociétés humaines notamment africaines. Tel était notre objectif tout en questionnant des acteurs politiques sur l’éventualité d’accorder des droits à cette communauté.

 

Un mois dans le monde des lesbiennes

Il était 16 heures le mercredi 6 juin2012 quand nous rencontrions pour la première fois, un couple homo dans un restaurant de la place. Il (le couple) nous avait déjà devancés sur le lieu du rendez-vous.  Assis face à face,  Cristelle et Armelle (deux noms d’emprunt) nous attendaient impatiemment. Devant le couple se trouvait une bouteille d’eau qu’il avait commandée pour leur consommation. Ceux qui venaient dans le restaurant ne doutaient pas un instant que les deux filles assises étaient un couple. Pour n’importe qui, il s’agit d’une rencontre entre deux camarades. Pourtant, c’était plus fort que ça. Il s’agit d’une relation amoureuse qui s'exprimait. Ce sont elles qui nous avaient donnés rendez-vous ce jour-là au cœur de la capitale du Burkina.  Durant 1h 30 mn, le temps de l’entretien notamment, c’était une ambiance,  sans aucune gène,  avec les deux femmes.  Cristelle, plus bavarde que sa partenaire nous a vite « ramassés » lorsque nous lui avions demandé pourquoi elle est devenue homosexuelle. « On ne devient pas homosexuelle, on nait avec », nous rectifie-t-elle d’un ton rassurant et  menaçant. Cristelle joue le rôle de mari  et se fait appeler  Karim pour se distinguer de sa compagne qui est la femme. A dire vrai, tout d’elle portait à croire qu’il s’agit d’un homme. Ses gestes, sa voie, son accoutrement, tout indiquait qu’elle est un homme. « Je suis né homme », a-t-elle indiqué.  Armelle, celle qui joue le rôle de femme dans le couple, nous raconte le début de ses relations sentimentales avec une femme : « C’était  dans un pays européen quand  J’avais l’âge de 16 ans je suis sortie pour la première fois avec une femme. Mais après, j’ai trouvé mieux  de ne pas continuer, car je devais me concentrer sur mes études ». De retour en Afrique, poursuit-elle, je me suis mariée avec un homme avec lequel j’ai eu des enfants.  « Je ne me retrouvais pas dans cette relation », regrette-t-elle avant de couper court,  « c’est pourquoi, j’ai  divorcé et aujourd’hui, je suis avec mon mari (femme) ». Ses premières relations au Burkina avec une femme, elle se rappelle toujours : « Le premier jour quand elle (Ndlr : celle qui est actuellement son mari) m’a appelée, j’ai accepté de la recevoir avec la peur dans le vendre. Quand elle est arrivée chez moi, nous avons discuté et je lui ai dit que j’allais essayer ».  C’est en voulant essayer qu’Armelle partage aujourd’hui sa vie avec Cristelle. « Avec mon homme (Cristelle) je me sens et j’atteints l’orgasme, car c’est fort.  Sa manière de parler, de me tenir dans les bras me plait beaucoup »,  se réjouit Armelle qui dit vivre sa relation à l’insu de ses enfants.  

Si ce couple qui ne fréquente pas les boites de nuit est facilement abordable, les autres qu’on retrouve dans les boites de nuit et autres maquis se méfient beaucoup.  Surtout lorsqu’elles se rendent compte que tu n’es pas des leurs. Dans une boite de nuit au centre de la ville de Ouagadougou, on les retrouve fréquemment.  Mieux, nous dit Maï que nous y avions trouvé, c’est le lieu des rendez-vous de tous les homosexuels. Ainsi, pour les repérer, Maï nous donne le code par lequel  la communauté homo s’exprime. « Quand tu rentres dans une boite de nuit  et que tu n’es pas quelqu’un du milieu, tu ne vas rien comprendre, puisque nous nous exprimons par des codes ». « Dans une boite de nuit, précise-t-elle,  si tu vois un homme assis au comptoir  avec un verre de boisson, en train de faire le tour de son doigt à l’intérieur de ce verre, c’est que c’est un gay.  Quand c’est une lesbienne, elle met son doigt dans son verre de boisson et goûter de temps en temps », a-t-elle révélé.   Ce n’est pas seulement au centre ville de Ouagadougou dans la nuit qu’on retrouve les homosexuels. D’ailleurs, nous a prévenu Cristelle, les lesbiennes que vous retrouvez dans les boites de nuit sont des homosexuelles prostituées.   « Ces dernières le font pour de l’argent, rien que pour ça.  Ces filles ne sont pas des homosexuelles, mais des commerçantes. Chez les hommes aussi, il en existe.  Chez ces personnes, ce n’est pas le plaisir qui est recherché, mais  le fric (Ndlr : l’argent). C’est comme les filles qui se prostituent ; elles  ne recherchent rien d’autres que l’argent », a-t-elle nuancé. Il suffit d’aller dans certaines boites de nuit au centre ville pour se rendre à l’évidence. 

 

Dans quelle couche socioprofessionnelle trouve-t-on les homosexuels ?

L’homosexualité,  contrairement à ce qu’on tente de nous faire croire est pratiquée dans toutes les couches socioprofessionnelles au Burkina.  Nous tairons volontairement des noms de personnes bien connues des Burkinabè qui s’adonnent à cette pratique.  Il suffit de côtoyer la communauté homo pendant une semaine seulement pour qu’on vous cite des noms à vous couper le souffle. Mais,   notre intention n’étant pas de dévoiler nommément des homosexuels, il convient toutefois de souligner que ce soit dans le milieu politique, d’affaire, musical, footballistique..,  il existe des homosexuels, lesbiennes comme gays.  « J’ai même couché avec la femme d’un pasteur. La femme même courait derrière moi durant au moins une année au point que j’étais obligé de fuir. En effet, j’allais chez elle pendant que son mari était dans les veillés de prières », s’est confessée Cristelle avant de plaisanter  en ces termes : « Il  a laissé trainer et moi j’ai pris ça (Ndlr : la femme).

 

Quelle conception a-t-on de   l’homosexualité ?

C’est la question qu’on se pose sans véritablement chercher les réponses. Nombreux sont ceux qui se contentent d’affirmer qu’il s’agit d’une dépravation des individus perdus dans la société. En effet, l’homosexualité est une orientation sexuelle dans laquelle,  l’individu est attiré par une personne du même sexe.  Pourtant, depuis des lustres, le monde ne connait que l’expression sexuelle entre deux personnes de sexes différents.  Du reste, la société est éduquée dans ce sens et toute autre chose est considérée par notre société comme une déviance.

Pour Me Bénéwendé S. Sankara, président de l’Union pour la renaissance parti Sankariste (UNIR/PS), « le sujet est perçu au niveau de nos sociétés comme étant un crime abominable.  Quand je dis un crime abominable, c’est le refoulement que la société africaine fait des homosexuels. Je sais par exemple que même dans notre société traditionnelle, en tout cas, dans la société moaga, il y a ce qu’on appelle le « yagn Tiiga ». Dans notre langue, c’est ce qu’on appelle par exemple les relations incestueuses, les relations entre un humain et un animal. Ce sont des choses que la société ne tolère pas ».  Pourtant, Cristelle, lesbienne,  mais qui joue le rôle de l’homme dans le couple, trouve des justificatifs : « On ne se lève pas un jour pour dire que je veux devenir homosexuel ».  « On nait avec l’homosexualité. C’est donc un état d’être. Ce n’est pas un comportement », avant de renchérir    « l’homosexualité fait partie de la sexualité en général ».  Certes, c’est une sexualité, mais est-elle une sexualité justifiée ?  Oui, répond encore Cristelle avec un ton ferme et développe que  « Tout comme l’hétérosexualité, vers l’âge de l’adolescence ou l’âge de la puberté,  entre 15 et 16 ans, ou un peu plutôt  chez certains, (12 à 13 ans), on commence à ressentir quelque chose. Là, tout acte et geste commence à s’exprimer par le biais sexuel.  C’est comme l’admiration des couleurs. A un certain moment, tu te rends compte que tu aimes cette couleur au détriment de l’autre.  C’est la même chose au niveau du sexe quand le moment venu de découvrir sa sexualité ». En effet,  poursuit Cristelle, « au lieu de se sentir attirer par la personne de sexe différent, on se sent attirer par la personne du même sexe. A partir de cet instant,  tu comprends que tu es différent des autres. Comme nous vivons dans une société où ce n’est pas permis, tu le gardes en soi, tu le caches et tu fais comme tout le monde. En tout cas, dans la plupart des cas. C’est pourquoi, vous verrez des homosexuels qui ont des enfants. Vous allez penser que c’est du jour au lendemain qu’ils ont adopté cette pratique et qu’ils ont changé de comportement ».  Le député  du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Salifo Tiemtoré, n’entend pas cela de cette oreille.   Pour lui, c’est une importation des sociétés occidentales et c’est pourquoi, dit-il,  « je me dis que dans chaque société, il faut protéger un peu l’essentiel.  Dans l’intégrité des hommes, il n’est pas bon de faire des choses dans ce sens. Etant donné que nous sommes dans un petit pays sans ressources, il est important de préserver quelque chose de façon spécifique que les autres pourront peut-être envier.  Rentrer dans ces pratiques alors que nous n’avons pas les moyens de nous entretenir, c’est accroitre le problème de santé ». Vision exotique de l’homosexualité partagée par Ibrahima Koné du groupe parlementaire Alternance démocratie et justice (ADJ) qui estime qu’ « aujourd’hui, le monde a beaucoup évolué, la société burkinabè a, aussi, évolué. Nous avons des aspects nouveaux dans notre culture ».

 

Ainsi, la communauté homo ne sera pas officiellement reconnue au Burkina ! 

Avec cette conception de l’homosexualité dans notre société, faut-il parler  des droits des homosexuels au Burkina. Evidemment non, puisque les acteurs  qui sont sensés les protéger, notamment le politique et les activistes des droits humains,  tournent le dos à l’évocation du sujet. Rares sont ceux qui acceptent de parler de la question de l’homosexualité.  Pourtant, le 17 mai de chaque année est reconnu par les Nations unies comme une journée contre l’homophobie qui est la haine que nourrissent des individus contre la communauté homo obligée, jusque-là,  aux pays des Hommes intègres,  de vivre dans la clandestinité. La première fois que les homosexuels, des gays notamment, ont voulu faire du bruit, ils ont attiré sur eux la horde d’un groupe de jeunes. C’était  courant avril dans le quartier Wentenga, à Ouagadougou, où des jeunes se sont mobilisés pour organiser la chasse aux gays. Ces derniers étaient obligés de quitter le quartier pour se plonger dans une errance. « Je suis obligé de vivre à la périphérie de Ouagadougou », nous témoigne Philippe.  Vivre en périphérie ou tout simplement dans la clandestinité sera pour longtemps pour toute la communauté homo au Burkina.  Car, même dans le milieu intellectuel, les réfractaires à cette pratique sexuelle se comptent par milliers, voire par millions. « Le phénomène est combattu d’une manière ou d’une autre par nos traditions », s’est référé le député Ibrahima Koné qui, en se basant sur son option religieuse, dit « qu’à l’étape actuelle, on ne peut pas parler de droit à accorder à cette catégorie de personnes. Parce qu’eux-mêmes, ils se cachent. Tolérer, je ne pense pas qu’on peut le faire.  Ma culture et l’option religieuse que j’ai me permettent toujours de combattre ce phénomène d’une manière ou d’une autre ». Même son de cloche pour le député Salifo Tiemtoré de CDP qui  « condamne l’existence de ce phénomène parce que ce sont des pratiques importées ». « C’est vrai que nous avons beaucoup de pratiques importées dans notre société, mais aller jusqu’à cette dépravation, c’est inadmissible », s’insurge le député.

Me Bénéwendé S. Sankara, est également catégorique. Pour lui, «  être homosexuel, est une  déviance et dès lors que c’est ainsi, ça devient un acte qui n’est pas celui de Dieu ».  Dans un raisonnement religieux, le chef de file de l’opposition estime qu’il est croyant et qu’en  religion,  c’est l’homme et la femme. Dans les rapports sexuels,  dit-il, « c’est comme cela que c’est perçu et  nous avons au Burkina Faso, une société qui croit ».  Cette société qui croit, a poursuivi Me Benewendé S. Sankara, « ne conçoit pas des rapports entre femmes et entre hommes, c’est du jamais vu ». Et de conclure, « je reste dans le fondamentalisme pour dire qu’il faut préserver nos valeurs. Donc, je suis pour la prévention des valeurs à priori. Il faut prévenir ces actes que j’appelle des actes de déviance ».  Cette vision des hommes politiques, qui plus est, sont des députés ou ont des militants au parlement, n’est pas de nature à donner espoir aux homosexuels. Eux, qui, attendent pourtant une reconnaissance de leur statut pour vivre leur vie. Ils se sont trompés et ils seront dans la clandestinité  pour plusieurs années. Eux-mêmes le savent à l’image de Janine à qui nous avions demandé s’il existe une association de lesbiennes.  « Une association, hésite-t-elle, sincèrement, je n’en connais pas ». « Quelque chose qui n’est pas légalement reconnue, franchement, c’est difficile  de faire une association, car on ne peut pas avoir les papiers qu’il faut », se résigne Armelle.   Par contre, précise-t-elle, « chez les Raëliens, il y a une association. Comme la religion est légalement reconnue, il y a à l’intérieur une association qui est comme une branche du mouvement ».  « Tous les Raëliens ne sont pas homosexuels, mais le mouvement reconnait que l’homosexualité est génétique et cela fait partie de leur philosophie », nuance Cristelle.   Pour sûr, le mouvement raëliens est le seul cadre, en dehors des débits de boissons et les boites de nuit, dans lequel la communauté homo affiche sa sexualité sans crainte de représailles.  Et ce, en attendant des lendemains meilleurs. Sinon pour l’instant, c’est la peur au ventre comme nous le dit Armelle. « Même quand la presse veut parler de nous, nous avons peur.  Nous lesbiennes, nous nous  affichons que lorsque nous avions quelqu’un qui est comme nous », conclut-t-elle.

 

 

HOMOSEXUALITE AU BURKINA

 

« On ne devient  pas homosexuel, on naît avec  », une lesbienne

 

Depuis  l’âge de 12 ans pendant qu’elle était toujours sur les bancs d’école, Cristelle  (un nom d’emprunt) s’est orientée dans une sexualité homo. Entre temps, le poids de la société faisant, elle était obligée de se marier. Mariage qu’elle ne pourra pas supporter, puisque dit-elle, « je suis homme et la société veut que je sois femme ». Ainsi, elle refuse ce qu’elle considère comme un diktat de la société qui veut coûte que coûte orienter sa sexualité.   C’est pourquoi, elle a pris ses responsabilités et s’est orientée vers l’homosexualité. De nos jours, on l’appelle Issa, puisqu’elle joue le rôle de mari dans le couple qu’elle partage avec joie avec Armelle, sa femme.  Aussi intéressante que convaincante, Cristelle, ou plutôt Karim, pense qu’on nait avec l’homosexualité.  Dans une interview qu’elle nous a accordée, Cristelle, après avoir donné sa vision de l’homosexualité,  nous raconte ses aventures dans cette pratique.


Pourquoi êtes-vous devenue homosexuelle, notamment lesbienne ?

On ne se lève pas un jour pour dire qu’on veut devenir homosexuel. On nait avec l’homosexualité. C’est donc un état d’être. Ce n’est pas un comportement.

 

Du moins, il y a un début à tout…

Ça commence par la sexualité proprement dite.  Ce qui veut dire que l’homosexualité fait partie de la sexualité,  en général. Comment reconnait-on sa sexualité ? Tout comme l’hétérosexualité, vers l’âge de l’adolescence ou l’âge de la puberté, entre 15 et 16 ans, ou un peu plus tôt  chez certains, (12 à 13 ans), on commence à ressentir quelque chose. Là, tout acte et geste commencent  à s’exprimer par le biais sexuel.  C’est comme l’admiration des couleurs. A un certain moment, tu te rends compte que tu aimes cette couleur au détriment de l’autre.  C’est la même chose au niveau du sexe quand le moment est venu de découvrir sa sexualité. En effet, au lieu de se sentir attirer par la personne de sexe différent, on se sent attirer par la personne du même sexe. A partir de cet instant,  tu comprends que tu es différent des autres. Comme nous vivons dans une société où ce n’est pas permis, tu le gardes en toi, tu le caches et tu fais comme tout le monde. En tout cas, dans  la plupart des cas. C’est pourquoi, vous verrez des homosexuels qui ont des enfants. Vous allez penser que c’est du jour au lendemain qu’ils ont adopté cette pratique et qu’ils ont changé de comportement. Pourtant, ils avaient cela en eux  et ils cherchent tous les voies et moyens pour se débarrasser de leur hétérosexualité. Lorsqu’ils  se sentent à l’aise pour l’exprimer, ils l’expriment.

 

A  quand remontent vos premiers « rapports sexuels » avec une personne du même sexe que vous ?

C’est à l’âge de 12 ans que j’ai eu mes premiers rapports sexuels avec une femme. C’était donc ma première fois d’embrasser une personne de même sexe que moi.  En son temps, je ne savais même pas ce que signifiait l’orgasme. 

 

Expliquez-nous comment se sont passées ces relations ?

C’était à l’école avec une fille avec laquelle je  fréquentais  la même classe. On s’amusait, en cachette, sur des bancs de l’école.  Petit à petit, nous avons commencé à nous embrasser et nous caresser.  Elle aussi a cédé et moi aussi j’ai cédé et nous avons eu des rapports ce jour-là. Après cet acte, nous avons continué nos relations amoureuses.   Mais, au fil du temps, on s’est quitté. Car, elle a pris un mari  avec lequel elle a même fait des enfants.  Après elle, j’ai continué avec d’autres personnes, des femmes aussi.   Après,  je me suis rendue compte que je devais faire  comme tout le monde. Je me suis dite que je ne devais pas rester jeune fille et dire à mes parents que j’étais une homosexuelle. Si je le disais d’ailleurs, mes parents m’auraient coupé la tête le même jour.  C’est ainsi que je me suis trouvée un mari avec lequel  j’ai eu des enfants.  Mais, malgré que je fusse avec cet homme, j’avais mes copines femmes avec lesquelles j’entretenais des relations sentimentales à l’insu, bien sûr,  de mon mari.  Entre temps,  j’ai compris que ce n’était pas bien pour moi et j’ai brisé le foyer afin de me retirer.

 

Et quelle raison avez-vous donné à votre mari ?

Il n’y a pas eu de raison en tant que tel. Ma vie, c’est ma vie. Et comme ça n’a pas été un mariage officiel, il n’y a pas eu de procédures. Je lui ai tout simplement dit que je ne veux plus être avec lui.   Et voilà !  Quand bien même, il n’a pas voulu de rupture, j’ai insisté pour le quitter.

 

Deux personnes de même sexe en pleins ébats sexuels, comment cela se passe exactement ?

La question revient le plus souvent. Même dans les couples de même sexe, les gens n’arrivent pas à expliquer comment les relations sexuelles se passent exactement.  Je rappelle encore que l’amour n’est pas une pratique, mais un état d’être. Donc,  quand tu rentres avec  la personne que tu aimes, c’est un amour qui est en jeu. Pour vivre cet amour, on a besoin de beaucoup de couleurs. Par exemple, la façon dont tu fais l’amour avec ta femme, ce n’est pas de la même façon que quand tu le fais avec ta maîtresse et ainsi de suite. Les gens changent. Il n’y a pas de pratiques types d’amour entre deux femmes. Ça peut réussir un jour, et échouer un autre jour. Faire l’amour, c’est comme si on était en train de peindre un tableau. Et la peinture d’un tableau dépend de l’inspiration du jour. Ce ne sera pas la même chose tout le temps.

 

Entre votre partenaire et vous, qui joue le rôle de l’homme ?

Justement, c’est là qu’intervient la question génétique.  Dans la vie, il y a des femmes, femme, il y a des femmes, homme. Tout comme, il y a des hommes homme, des hommes femme. Le pourcentage de féminité  chez les femmes est  de proportion différente.  Quand une femme qui évolue vers l’âge de la puberté se retrouve plus penchée vers l’homme que la femme, elle jouera le rôle de l’homme. Il y a plein de femmes comme cela. Malheureusement dans notre société, il y a des gens qui refusent de jouer leur rôle. Et c’est pour cela qu’on retrouve des femmes non mariées, des hommes qui n’ont pas de femmes. Ce sont des gens qui ne veulent pas jouer leur  rôle.  Ils ont peur de la société.  Souvent,  quand tu vois des femmes avec leur forme,  tu  diras que  ce sont des hommes. Dans ce cas, tu ne peux pas vivre avec un homme et être satisfaite.  Pourtant, elle est là-bas en train de faire la bagarre tous les jours parce qu’elle n’est pas à l’aise. Elle ne vit pas sa vie. Donc, elle est malheureuse.  Dans ce cas de figure, il faut se demander qui tu es et tu trouveras la réponse.

 

Mais,  dans votre cas, qui joue  le rôle de l’homme ?

Moi,  je suis plutôt l’homme, du nom de Karim   et elle est la femme.

 

 Qui fait le premier pas pour les rapports sexuels?

Cela dépend. Des fois, c’est moi qui aie envie et je propose. D’autres fois, c’est elle qui  ai envie et elle démarre.

 

Comment  une femme arrive-t-elle à tisser une relation sentimentale avec une autre femme ? 

Là aussi, l’aspect génétique joue son rôle. C’est comme dans l’hétérosexualité. Souvent, il y a des garçons qui voient des femmes qu’ils désirent, mais ils préfèrent être sûrs qu’une fois la proposition faite, la femme va céder avant de commencer les avances.  Chez nous, c’est difficile. Mais, on fait avec. Comme tu es obligée de vivre comme cela, il faut tout faire pour ne pas avoir des gifles.

 

Exactement, comment s’est passée la première rencontre avec votre partenaire ?

Je l’ai rencontrée lors d’une réunion à laquelle nous avions participé  nombreuses. Quand je l’ai vue, je me suis dit que ça pouvait marcher.  En fait,  je me suis dit que c’était quelqu’un qui devrait être comme moi. Après la  réunion, je l’ai approchée et je lui ai dit qu’elle me plaisait et elle a souri sans rien dire.

 

Que lui avez-vous dit exactement ?

 Je lui ai dit  ceci : « Vous me plaisez et je veux aller avec vous ».  Ce jour-là, il y avait une autre à côté qui a rétorqué pour dire que donc « moi,  je ne te plais pas ? ».  J’ai dit non ! C’est elle que je veux. Moi, j’étais au sérieux, mais les deux autres riaient seulement. Elles pensaient que je plaisantais. C’est comme cela que j’ai pris son numéro et j’ai tout fait pour connaitre chez elle.  Je l’ai appelée deux fois et la troisième fois, je lui ai dit que je venais chez elle.

 

Que lui avez-vous dit au téléphone ?

Je lui ai dit que j’étais sérieuse par rapport à ce que je lui avais dit et que j’allais passer.  Et elle m’a accordée la visite. Mais, dans  ses réponses, j’avais le pressentiment qu’elle pensait que je m’amusais. Quand je suis arrivée chez elle, je me suis mise dans tout mon sérieux. Ça n’a pas été facile, mais finalement, j’ai pu avoir ce que je voulais. Là voilà en face de moi aujourd’hui.  J’ai mis tout le paquet ce jour-là.  Je pouvais seulement bavarder ce jour-là et par la suite,  l’inviter à boire et à manger jusqu’à ce que je la convainque.  Mais, j’ai  mis tout le paquet ce jour,  parce que je n’avais pas le temps.   Elle aussi s’est un peu débattue et par la suite, j’ai pu la convaincre.

 

Viviez-vous  ensemble ?  

Non, chacune vit chez elle. Mais,  un jour, s’il est permis, nous allons nous marier et vivre ensemble.  Sans le mariage, c’est difficile de vivre ensemble dans notre société.

 

Au moins, vous sortez souvent ensemble …

Oui, nous sortons souvent.  Nous allons dans les lieux où on peut se distraire.  Comme ce n’est pas une étiquette qui m’est collée à la peau, on peut aller s’asseoir dans un jardin, un bar et voilà quoi.

 

Quel est le regard de la société vis-à-vis de votre comportement ?

Nous,  en tant qu’homosexuelles, nous nous faisons connaître. Le reste du travail est entre  les mains des journalistes. C’est vous les journalistes qui devrez faire comprendre  à l’opinion que les homosexuels ne sont pas des lions, ni des brigands. Ça n’a rien à voir avec tout ça. Et une fois qu’ils seront convaincus,  une fois qu’ils comprendront, nous aurons la paix. Que ce soit dans ma société, dans mon quartier, ceux qui savent ne disent rien. Etre homosexuel n’a rien à voir avec ton comportement.  Tout le monde fait l’amour comme il le veut dans sa maison. On peut être hétérosexuel et être brigand, escroc. Tout comme on peut être homosexuel et être bon, ainsi de suite.

 

Y a-t-il des gens qui vous comprennent dans votre situation ?

Ce que je sais, c’est que les raëliens en parlent. Ils sensibilisent, participent à des débats médiatisés sur la question. Je sais aussi que,  clandestinement, il y a des homosexuels hommes qui se regroupent de temps en temps. A cause de la transmission du VIH/Sida, le Conseil national de lutte contre le sida et les Infections sexuellement transmissibles (CNLS/IST) leur donne  des conseils.

 

Y a-t-il des associations d’homosexuels ?

Au sein du mouvement raëlien, il y a une association. Mais, cette association est intégrée au  mouvement. On ne peut pas accepter qu’il y ait une association pour le moment en ce sens qu’on ne nous délivrera pas un récépissé. Donc, il faut un sous-couvert.

 

Quid des bisexuels ?

Je ne suis pas bisexuel. Mais, la bisexualité fait partie de la sexualité. Il y en en qui sont comme cela. Ils vont aisément avec les deux sexes sans problème.

 

Depuis quand n’avez-vous pas fait l’amour avec un homme ?

Ça fait longtemps. Très longtemps. Disons dans les années 1994.

 

Ça vous dit tantôt…

Même avec vous, franchement, ça ne me dit rien.

 

Alors lorsqu’un homme vous approche, quel sentiment  avez-vous?

Quand un  homme m’approche, je sais d’avance, qu’il ne sait pas qui je suis. Donc, je l’accueille correctement. Quand il me fait ses avances, j’apprends avec lui, car moi aussi je drague les femmes et c’est lui qui ne le sait pas. Donc, j’écoute bien. Mais quand je vois que c’est un homme qui est au sérieux, je lui dis franchement qui je suis réellement et pourquoi ça ne peut pas marcher pour qu’il ne soit pas frustré. Souvent, les hommes comprennent.  J’ai dans ce cadre vécu une histoire extraordinaire lorsque je revenais d’un pays voisin.

 

Racontez-nous cette histoire …

Un homme avec qui j’ai voyagé de retour d’un pays voisin. Dans le car, nous étions voisins,  il a commencé à me draguer.  C‘était  quelqu’un qui parlait correctement l’anglais si fait que je lui ai demandé d’où il venait. Il m’a dit qu’il est Ivoirien, mais qu’il vit à Londres (Ndlr : en Angleterre). Voyez-vous déjà son appartenance sociale ? Déjà, je me suis dit que c’est quelqu’un qui peut comprendre. Donc, tout de suite, je lui dis que je suis homosexuelle. Il dit : Ah bon ! Je dis oui. Il m’a demandé si cela fait longtemps que je suis homosexuelle. Je lui ai dis que je suis née comme cela. En même temps,  il m’a confessé que sa femme était bizarre au lit, si fait qu’il se demande si sa femme n’est pas aussi  homosexuelle.  Je l’ai regardé et je lui ai demandé si c’était vrai. Il  a dit que c’était vrai que sa femme est bizarre avec lui au lit et qu’il voulait que je couche avec sa femme.  Je lui ai demandé où se trouvait sa femme. Comme on était presqu’à la frontière, nous avons échangé les adresses et par mail nous avons continué à communiquer par la suite. Je pensais qu’il s’amusait, pourtant c’était vrai. On s’écrivait à travers internet. Il m’a envoyée la photo de sa femme et j’ai commencé à communiquer avec la femme. Entre temps, c’est lui qui assurait la communication entre moi et sa femme. Le couple avait un enfant de deux ans et demi. Quand sa femme devait revenir au pays pour que ses parents connaissent l’enfant, le mari a géré le rendez-vous. C’est ainsi que j’ai rencontré la femme. C’est une femme de petite taille, très joviale qui aime beaucoup rire.

 

C’était donc votre goût ?

Oui, c’est une femme avec un teint bien noir.  Elle est bien,  elle n’est pas timide et c’est ce  que j’aime. Apparemment, elle-même attendait ça.  Dès qu’elle est venue au pays, je suis allée lui rendre visite avec son enfant. Quand je suis arrivée chez elle, son mari l’a appelée pour demander  si je suis venue. Elle m’a passée son mari qui m’a dit que ce n’est pas évident que là où dort la femme soit un endroit propice pour nos rencontres en nous proposant d’aller à l’hôtel si je n’y trouvais pas d’inconvénient. Il a même plaisanté avec moi en disant que c’était moi l’homme et que je devrais  prendre des initiatives. C’est ainsi que nous sommes allés à l’hôtel.  Arrivées  à l’hôtel, c’est la femme même qui a fait toutes les démarches pour la chambre qui coûtait 8 000 F CFA. Chacun a payé 4 000 F CFA. Quand nous étions dans la chambre, nous avons pendant longtemps échangé autour de la bière. Et, entre temps, l’envie était venue  de mon côté comme de son côté. Et effectivement, nous avons commencé à faire l’amour au cours duquel le mari a appelé sa femme pour voir comment elle se sent.  Ensuite, j’ai communiqué avec son mari qui me demandait comment j’ai trouvé la femme.  Je lui dit que je la trouvais bien. 

 

Après cette nuit, qu’elle a été la suite ?

Après, je n’ai plus eu de leur nouvelle.  Mais, je pense qu’ils sont ensemble.  Ce qui est sûr, nous n’avons plus de contact  parce que je sais que c’est une relation qui ne  va m’apporter quelque chose.  Mais, je retiens de cette relation que le monsieur voulait tout simplement voir la sexualité de sa femme. 

 

Arrive-t-il souvent que vous fassiez  la  concurrence avec un homme sur une femme ?

Non,  je ne fais pas de concurrence avec un homme.  Particulièrement, je ne le fais pas. Maintenant,  si une femme mariée veut de moi, on va  voir si on peut s’arranger.

 

Avec combien de femmes avez-vous  été durant cette vie d’homosexuelle?

Je ne peux pas compter.  Comme je l’ai dit un peu plus haut, c’est depuis 12 ans que j’ai commencé. Ce qui est étonnant,  c’est que quand je drague, ça marche.  Quand je sors aussi, il y a des femmes qui me draguent. Ça veut dire que c’est quelque chose qui fait partie de notre société. Ça fait partie de nous et ce n’est pas moi qui l’ai créé, ni une association.

 

Etes- vous aussi jalouse ?

C’est même fréquent.  Il est difficile pour une femme de trouver une partenaire. On ne se lève pas pour commencer à draguer une fille comme cela se passe chez les hétérosexuels. Donc, quand tu arrives à  avoir une femme et surtout qu’elle te « gère » bien, tu as intérêt à la protéger. Sinon, si elle te laisse, tu peux faire dix ans sans trouver quelqu’un d’autre. C’est la où vient vraiment la jalousie. Par contre, si  je sais que si tu me quittes, je peux trouver facilement une autre, il n’y a pas d’inquiétude à cela.  Mais, il faut savoir qu’il y a l’amour aussi.  La majorité des filles que j’ai rencontrées ont toujours dit que l’amour entre deux femmes est plus fort que l’amour entre une femme et un homme. 

 

Parlez-nous un peu des discriminations dont vous êtes souvent victimes.

Franchement,   je n’ai jamais été victime de discrimination.  Je n’ai jamais été brutalisée par quelqu’un parce que je suis homosexuelle. Sauf,  qu’entre temps, je sortais avec une femme et sa maman n’était pas d’accord. Elle m’avait même menacée de mort. Mais, ce n’était pas une discrimination, mais plutôt une jalousie j’allais dire. Quand bien même elle criait haut et fort, sa fille sortait toujours avec moi. Sa fille avait quitté le domicile parental pour me rejoindre. Elle a vécu avec moi pendant plus d’une année alors que sa maman criait partout.  Ce qui était étonnant,  c’est que quand je partais chez elle, on mangeait ensemble et on bavardait ensemble avec sa maman comme si de rien n’était. Parfois,  quand je pars absenter la fille, la maman préparait pour moi et causait avec moi.

 

Etes-vous  en relation avec d’autres homosexuels ?

Non ! Mais, il y a des amis qui sont comme cela. Quand on se retrouve, le langage est direct. On sait qui est qui. Ce n’est pas une association, mais c’est entre amis.  On se retrouve où chacun parle aisément.

 

Avez-vous autre chose de particulier à dire…

Le mot que j’ai à dire est que ces genres d’interviews, on les a plusieurs fois fait, mais sans suite. C’est comme si la population n’écoute pas. C’est comme s’il n’y avait pas de sensibilisation. Beaucoup de chose reste à faire. C’est de pouvoir faire comprendre aux gens que nous sommes homosexuels et nous faisons partie de la société comme chaque être humain. Je pense que c’est aux médias de faire ce travail.

 

Ce que pense l’église catholique de l’homosexualité

 

 

Le Quotidien : Quelle est votre conception  de l’orientation sexuelle vers l’homosexualité ?

 

Abbé Dominique Yanogo, chargé de communication de l’Archidiocèse de Ouagadougou : L’orientation sexuelle, donc il faut savoir qu’un homosexuel,  c’est quelqu’un qui est orienté sexuellement vers quelqu’un qui est du même sexe que lui. Cela peut être dû à  plusieurs facteurs. Il peut être né avec cette orientation sexuelle. Alors on peut supposer  du point de vue scientifique qu’il devait être peut-être une femme et que malheureusement au niveau de l’évolution, ce sont plutôt les organes masculins qui se sont développés alors que l’esprit est resté essentiellement féminin. On peut supposer également qu’il soit né naturellement comme tout homme mais qu’il se retrouve dans un environnement totalement féministe qui ne lui a pas donné l’autre sympathie en dehors du sexe que cette personne a connu et donc il va se mettre à chercher uniquement à se plaire plus exactement avec les personnes qui sont du même sexe que lui parce que il n’y avait pas d’hétérogénéité à l’intérieur du groupe dans lequel il a grandi. On peut connaître aussi dans l’homosexualité un effet de mode. Vous savez que nous sommes dans une société déstabilisée, les gens ne savent plus qui ils sont, hier soir j’ai rencontré un fou avec des cheveux rasta et un soutien gorge sur la poitrine comme s’il voulait à la fois être homme et femme. Je pense que ce fou là est à l’image de la société actuelle, qui se cherche, qui n’a plus de racine, qui n’a plus de tradition, qui n’a plus de culture, qui ne sait pas dire mon père, ma mère, qui ne sait pas dire d’où est-ce que je viens, alors du coup,  qui ne sait même pas où il va. Dans une société aussi déstabilisée sur le plan culturel, on bondit dans toute proposition nouvelle qui nous permet de nous distinguer, de nous affirmer et de préférence contre le statu quo pour faire nouveau et pour faire singulier.  Pour s’affirmer, on se dit contre ce qui est tout à fait logique.  De toute génération, les enfants sont toujours contre leurs parents et d’accord avec leurs grands parents et donc en entendant ou en voyant à la télé, en entendant à la radio,  on peut contester le statu quo en s’affichant de manière extravagante ou inattendue, on attirera l’attention sur soi. Il y’ a plusieurs approches mais l’homosexualité demeure cependant une attirance sexuelle vers le même, des hommes attirés par des hommes, des femmes attirées par des femmes. Au commencement,  Dieu créa l’homme et la femme à son image. Pour cela, nous, nous n’avons d’autres ambitions que de ressembler à Dieu et la communion la plus parfaite et le bonheur le plus parfait est d’être avec Dieu, d’être comme Dieu. S’il s’avère qu’être comme Dieu c’est être à sa ressemblance, il ne  nous appartient pas de porter un jugement sur   ses ressemblances. Il nous faut plutôt contempler Dieu, l’admirer et  chercher à lui ressembler. Dieu nous a crée sexué et non asexué. Nous avons  déjà une imitation, une perfection et notre perfection  doit venir de notre imitation parfaite de celui qui nous a créé et qui nous appelle  ses enfants. Cependant,  quant aux   pécheurs comme les voleurs, les violeurs, que nous condamnons au niveau de l’Eglise, ces personnes,  ce sont leurs actes que nous condamnons. Mais ce sont des personnes humaines créées par Dieu et appelées au salut. C’est le sens de l’alliance. Le Seigneur  dit qu’il est venu pour le pécheur, afin qu’il soit sauvé. Le Seigneur ne condamne pas le voleur mais il condamne le vol. S’il arrive qu’un frère ou une sœur pose un acte anti-évangélique, nous devons le rappeler à l’ordre. Donc si on a quelqu’un qui dit « j’aime les hommes, je n’aime pas les femmes » ou qui soutient le contraire, nous  devons aider la personne à retrouver son orientation sexuelle dans le respect de la parole de Dieu dans l’accompagnement, qui est un devoir pour l’Eglise. C’est l’accompagnement qui peut l’aider à comprendre qu’il y’ a quelque chose qui ne va pas. Ensuite l’amener  à  adopter   une conduite guidée par la volonté de Dieu. Donc, il est un devoir  d’abord d’accepter ces personnes, ensuite de  les aider  à  comprendre ce qui ne va pas en eux et enfin les amener à avoir confiance en eux -mêmes. Jésus Christ a fait pareil. De passage, il aperçoit les rejetés tels les prostitués, les lépreux  et il leur tend la main, il chemine avec eux et les emmène dans l’eau du Jourdain. Là,  il voit d’autres personnes  comme les corrompus. Saint Mathieu était  une personne qui changeait les monnaies et faussait les poids. Le Seigneur est allé le chercher et a changé sa vie, il s’est converti pour que la postérité puisse croire. Notre attitude doit consister à accueillir nos frères et nos sœurs. Eux, ils sont homosexuels, elles, elles sont des lesbiennes. Aujourd’hui, ils sont minoritaires et nous majoritaires. Et nous avons raison parce que nous sommes  majoritaires. Prenons l’hypothèse selon laquelle si le Christ était venu trouver  que l’humanité était dominée par des homosexuels, que ce serait-il passé ? Il n’allait pas détruire la terre pour  ce fait. Lui qui est venu pour sauver, il va les emmener, les accompagner  à retrouver l’image de Dieu.

 

Au regard de la réalité de l’homosexualité dans nos cités, peut-on envisager un droit pour les homosexuels ?

 

Le droit est une affirmation ponctuelle et circonstanciée. Si le droit est la liberté, elle commence là où s’arrête celle de l’autre. C’est cela.  Le  problème restera et  sera toujours  d’actualité. C’est au niveau des actes que réside le problème et non au niveau des personnes. Un homosexuel peut  vivre sa situation sans déranger  quelqu’un. Mais si pour affirmer son homosexualité, on passe à la provocation et même à  la dérision des autres ou en faire une provocation, une publicité dans la seule intention de provoquer, c’est  ce qui suscite souvent la colère des populations. Que l’homosexuel veuille emmener les autres à devenir  comme lui, c’est cela le problème.  

 

Nos pays pourront-ils, à l’image des pays occidentaux franchir le pas ?

 

Dans nos villages l’idiot a sa place. Nous n’avons jamais crée un camp pour mettre ceux qu’on n’aime pas et nous n’avons jamais mis des gens dans des gaz  parce qu’ils sont de la mauvaise race. Si la société française a pu choisir quelqu’un comme maire de Paris quand bien il est homosexuel, c’est parce qu’il est compétant. C’est pourquoi, je dis de ne pas confondre l’être et l’action. Ce que la personne fait tous les jours est acceptable : il ne s’affiche pas à toutes les cérémonies, il ne tambourine pas sur sa situation d’homosexuel, il n’impose à personne son état. Depuis sa naissance, il ne s’est  jamais marié mais sa situation n’a jamais dérangé quelqu’un parce que si tu te comportes en homme responsable,  on te respectera dans  ce que tu fais et dans ce que tu es. Mais si tu  te fais un pavois juste pour  nuire ou pour t’opposer, tu dois aussi permettre qu’on t’attaque. La vie ne se limite pas  seulement à la vie sexuelle. Il  y a des femmes compétentes qui n’ont pas envie de se marier. Ce n’est pas autant qu’elles sont des lesbiennes, elles n’ont pas d’attraction pour les hommes.

 

En clair, peut-on évoluer vers un mariage entre deux personnes de même sexe ?

 

Dans  une société toute  personne a des droits et des devoirs, sans aucune considération. La loi est l’expression du droit. Le mariage est l’union de deux personnes pour continuer l’humanité en faisant des enfants. Que l’on demande le droit de mariage pour des homosexuels qui ne pourront pas faire des enfants, on va appeler cela autrement mais pas ‘’mariage’’. En France, ils ont trouvé le terme ‘’pax’’ qui est un contrat pour vivre en couple. Il ne leur est pas permis de convoler en justes noces. Mais,  on les envoie de cette façon dans le mur. Et après,  ils vont demander le droit d’avoir des enfants.  Ce qui laisse entendre que les autres fassent des enfants pour eux. Mais,  où allons-nous dans cette situation ? Pour le moment il faut bien y penser. C’est  une question de droit, une question sociologique et une question religieuse. Les homosexuels sont des hommes et des femmes. L’Eglise accueille les hommes et les femmes et les aide à grandir. On n’a pas les solutions sinon on ne réfléchirait pas. Quand j’étais à Strasbourg, il y avait un prêtre chargé de travailler avec la communauté homosexuelle. C’est lui qui leur assurait la messe et ils tenaient des séances de reflexion. Il faut que ses homosexuels puissent réfléchir pour savoir qui sont-ils, que font-ils et est-ce que c’est conforme et comment faire pour vivre avec les autres ? C’est ainsi qu’ils trouveront  des solutions à leur problème. Ils doivent aussi comprendre qu’ils ne sont pas en conflit avec le monde. Ils sont arrivés dans un monde où ils ne sont pas comme les autres. Ils doivent approfondir leur reflexion : quelle attitude, quelle est notre place ?  Il est trop facile de casser les verres sur les routes en disant « nous sommes des homosexuels, nous sommes là, exister nous ». Nous n’avons  pas à vous faire existez. Vous existez. Vos parents  ne vous ont  pas tué dès votre naissance. La société a un savoir-faire et un savoir vivre qu’il faut  savoir respecter. Ils savent bien qu’on n’est pas disposé, cela n’existe pas. Donc, il ne faut pas imposer à la société des comportements et des attitudes qui ne sont pas conformes. Les autres ont aussi le droit de ne pas être agressé.

 

 

 

Par Yaya Issouf MIDJA



29/07/2012
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