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NETOYAGE A LA RTI: La rançon de la politisation des média publics

Depuis vendredi le 11 novembre 2011, la direction générale de la radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI) a mis au « chômage technique » 322 de ses agents. Une mesure qui ne saurait guère surprendre quand on sait qu’après la guerre, il est tout à fait logique que les vainqueurs se partagent, entre eux, le butin pris à l’ennemi. Mais cette décision va à coup sûr contre la volonté affichée du président ivoirien « d’unir et de réconcilier les Ivoiriens ». En effet, lui qui affirmait lorsqu’il s’installait dans le palais de Cocody qu’il ne ferait pas «de chasse aux sorcières » semble déjà avoir oublié ses promesses. En tous les cas, même si le directeur général par intérim de la RTI, Aka Sayé Lazare, veut faire croire le contraire, son action a de très forts relents de « chasse aux sorcières ». Car, ce serait une lapalissade de dire que la plupart des agents mis sur la touche ont, d’une manière ou d’une autre, contribué à faire « la propagande » de Laurent Gbagbo. Barthélemy Inabo, Tonton Bouba, Awa Ehoura, Benson-Pierre Aka, entre autres, font partie des désormais indésirables. Il n’était nullement besoin d’être dans le secret des dieux pour se rendre compte que les choses finiraient de cette façon, surtout avec la déchéance de l’ancien directeur général de la maison bleue de Cocody (RTI), Pascal Aka Brou, il y a seulement quelques mois. C’est pour ainsi dire la rançon de la politisation des médias publics, qui jouent, sous nos cieux, le rôle du griot de l’homme fort du moment. Toujours à l’encenser et à maquiller, pour lui, tous ses faits et gestes. Les actions les plus banales devenant des exploits. Mais fallait-il pour autant s’en prendre à ces agents et leur faire payer les frasques du régime Gbagbo tout en sachant qu’ils travaillaient en ce temps là sous les ordres de leurs supérieurs hiérarchiques ? Assurément non ! D’autant qu’en Afrique, les médias publics très souvent assujettis au pouvoir en place qui les utilisent à souhait et leur fait dire “ses vérités“. Partant de là, que cela ait été Gbagbo ou ADO, ces agents auraient agi de la même manière, soumis qu’ils sont obligés d’être à leur hiérarchie. Aussi, dans un souci de rééquilibrage ou de recadrage des choses, la direction générale par intérim n’aurait-elle pas pu se contenter de changer, uniquement, les chefs de services, ceux-là mêmes qui donnaient les directives aux exécutants plutôt que de s’en prendre à de simples exécutants ? Mais, au lieu de cela, le pouvoir d’Alassane Dramane Ouattara (ADO) a décidé de s’en prendre aux ennemis d’hier, donnant du coup force à ses détracteurs qui l’accusent de vouloir opérer une chasse aux sorcières. Car, à regarder de près lcette liste des 322, aucun doute : la majeure partie est de l’Ouest et de ses environs. Ces derniers semblent payer pour avoir, à un moment donné, soutenu le régime déchu. L’autre enseignement qu’on peut tirer de cet acte, c’est que les considérations ethniques et régionales sont plus que jamais à l’ordre du jour aux abords de la lagune ébrié. C’est à croire que, malgré la succession des régimes et des hommes, l’on se retrouve toujours dans une sorte de labyrinthe sans issue où chacun veut toujours accordé la préséance aux siens pour, dira-t-il, réparer le tort et l’injustice subis par ceux-ci. Au contraire, le nouveau pouvoir ivoirien, qui prône tant le pardon et la réconciliation, aurait dû donner une chance à ces “ennemis“ d’hier de se ressaisir. ADO semble s’être trompé de combat. Car, quoi qu’on dise cette mesure de dégraissage ne pourra rien changer de fondamental ! Le vrai combat devrait être celui de la dépolitisation de l’administration publique, en général, et des médias publics, en particulier. C’est ainsi, et seulement ainsi qu’il arrivera à faire changer les choses au sein de la maison bleue. PBB


14/11/2011
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