Actu-infos

Actu-infos

CHANGEMENTS CLIMATIQUES: Une inquiétante réalité au Burkina

Le phénomène des changements climatiques est une problématique vécue partout à travers le monde. Et particulièrement au Burkina. En l’espace de quarante huit heures, du 3au 4 juillet dernier, des journalistes Burkinabè conduits par le cercle d’information et de communication sur les changements climatiques (CCI) à travers les zones de Kaya et de Ouagadougou a pu s’en rendre compte de visu.

 

De Ouagadougou (Kadiogo) à Kaya dans le Sanmatenga, le voyage donne à voir un contraste parfois ahurissant entre les réalités de la capitale et celles du pays profond. Du reste, à la difficulté de disposer des infrastructures routières adéquates pour couvrir un trajet d’une centaine de kilomètres, se mêle hélas,  le constat de populations qui vivent très souvent dans le dénuement total. A tel point que le réflexe immédiat, c’est celui de la main tendue, pour ne pas dire la dépendance absolue.

 

Dans de telles conditions, nombre de voyageurs ont souvent du mal à comprendre et à accepter que les politiques de développement, les belles théories sur la croissance soient difficilement perceptibles aux alentours de la capitale.

 

 Rappelons succinctement que selon les statistiques fournies par l’Institut national de ma démographie, Insd, a, à travers son dernier rapport, fait ressortir que 43,9°/° des Burkinabè vit en dessous du seuil de pauvreté.

 

Ce qui est, avouons le, loin d’être une prouesse. Du reste, le constat est qu’il faut impérativement une politique de la ville au Burkina. Ne serait-ce que pour équilibrer les tendances, et essayer pourquoi pas de faire reculer la pauvreté.

 

Toute chose qui ne serait-ce que justice rendue à une population  de plus de 17 millions d’habitants et dont les indicateurs de croissance démographiques ne sont pas loin de prévoir la catastrophe si rien n’est faut dans le court terme.

                                     

Ceci étant,  nous voici donc dans le centre-nord. Plus précisément à Kaya dans le Sanmatenga (le pays de l’or  en langue nationale). Après une halte au Gouvernorat puis à la direction régionale de l’action sociale ou nous échangeons brièvement avec les responsables de ces deux structures, nous prenons la route ; direction la commune rurale de Broum,  à une centaine de kilomètres plus loin.

 

 

 

 

Là, c’est auprès de madame le Préfet du département entourée du maire de la commune et  du Chef de Broum que nous enquerrons de la situation.

 

           « Du jamais vu »

 

 Pour le reste, l’on retiendra que la date du 22 juillet 2010 restera gravée dans la mémoires des habitants de Broum comme l’un des plus tristes. Et pour cause, les inondations consécutives à des intempéries d’une rare violence ont semé le désarroi.

 

« C’est du jamais vu » confesse le maire de la commune, encore sous le choc, près d’une année après. A l’évocation du bilan l’on comprendra aisément qu’il y a de quoi être choqué.

            

 

 En effet, selon les estimations établies après le drame, l’on a recensé 26000 sinistrés parmi lesquels 3250 ménages, 4992 hommes, 5408 femmes et 15600 enfants. Sur les lieux, effectivement, les traces de maisons entièrement détruites se remarquent à travers les mottes de terres  qui s’étendent à perte de vue. Témoignant ainsi du calvaire vecu par les habitants.

 

Mais le plus inquiétant sans doute, c’est la rivière à proximité dont le cru a divisé la zone, empêchant de fait,  une bonne partie des villageois restés sur l’autre rive, de rejoindre leurs frères ; parmi ceux-ci figurent des membres du Conseil municipal dont une bonne dizaine de femmes. A moins d’utiliser des barques de fortunes. Problème toutefois, c’est le coût de la traversée ; 5000FCFA en moyenne. Comme quoi, le malheur des uns fait le bonheur des autres.

 

Qu’à cela ne tienne ; dans la commune de Broum, plus précisément à Ritkoulga,  l’on ne tari pas de remerciements à l’endroit de partenaires qui ont volé au secours des habitants. C’est ainsi qu’une centaine de maisons ont été construites en matériaux améliorés afin de permettre le relogement des sinistrés.

            

De Broum à Yagma, nous voici sur un autre front. Question de nous imprégner du quotidien des relogés du 1er septembre 2009. Deux ans après, l’on peut dire que la pilule n’est pas encore passée chez les populations.

 

 « Riib kaabé, toom kaabé » lance une vieille femme. Entendez par là, il n’y a pas de nourriture, et pas de travail.

 

 Après ainsi avoir échangé avec les concernés, le constat s’impose : le mécontentement est général à Yagma. A l’agacement face à certains riverains qui n’hésitent pas à exploiter la misère des autres pour dit-on se remplir les poches, se mêlent l’inconfort d’une situation que personne n’a souhaité.

 

Un autre intervenant, lui, arrache des rires à l’assistance lorsqu’il ajoute à son tour, « on a quitté le village pour venir en ville, et voilà qu’on nous ramène au village ».

 

 Enfin prévient son voisin l’air très en colère, « si ça continue, ça va chauffer ».

 

 

 La météo, maillon faible de la chaîne de prévention

 

 En nous rendant sur les lieux, nous constatons des travaux qui se déroulent. Il s’agit notamment la construction de caniveaux censés drainer les eaux de ruissellement.

 

 Mais à l’évidence, les infrastructures telles qu’elles se dessinent, nous semblent très modestes pour être sérieuses. Trop petites, visiblement réalisées à la hâte, elles n’ont pas manqué de susciter des interrogations de la part des missionnaires.

 

En rappel, notons que le 1er septembre 2009, les ouagalais se sont réveillés avec les pieds dans l’eau. En l’espace de quelques heures seulement, la capitale burkinabè a enregistré  plus de200 mm d’eau. C'est-à-dire plus que la moyenne annuelle. Et comme il fallait s’y attendre, les conséquences n’ont pas tardé.

 

 Un record  de pluviométrie qui a fini par convaincre les plus sceptiques que les changements climatiques, loin d’être une fiction, sont bel et bien une réalité concrète. C’est d’ailleurs le constat fait au niveau de la direction de la météorologie.

 

 Pour les responsables de cette structure dont l’importance n’est pas à démontrer dans le processus de prévision, ce sont les moyens qui font le plus défaut. Si bien que l’on constate avec regret que le relogement des sinistrés tend à occulter la question de la prévention.

 

Et ce, alors même qu’il faudrait mettre l’accent sur cet aspect pour éviter les dommages de grande ampleur tels que ceux qui ont été constatés il y a deux ans, à défaut de ne pouvoir les éviter.

 

 Conclusion du directeur Jacques Garané, « c’est bien de penser à la reconstruction et au logement, mais il faut aussi penser aussi à la prévention en donnant les moyens à la météo de prédire le temps »

 

A titre d’exemple, dira-t-il,  le Burkina ne dispose que de deux radars de détection et de 10 stations synoptiques pour un territoire vaste de 274000 km2. Ce qui est largement insuffisant au regard des problématiques à aborder.

 

A cela s’ajoute l’insuffisance du personnel. Bref, l’on se débrouille comme on peut. Et pour cause,  la majorité des équipements a été fournie au titre de la coopération. Il y a donc lieu que les autorités revoient urgemment leur stratégie en la matière. Sinon le pays sera toujours en retard d’une bataille.

 

 Un cas très évocateur pour se convaincre du problème, c’est celui de l’heure de diffusion  du bulletin météo national ; il est quotidiennement programmé à 20 h alors que les données recueillies au niveau de la direction de la météorologie sont actualisés en moyenne tous les quarts d’heure. C’est tout dire…



14/07/2011
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 73 autres membres