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MEURTRE DE L'ASSISTANT GAEL BATIONO : La famille exige une autopsie avant l’inhumation

Dans la nuit du vendredi 4 au samedi 5 avril dernier, un élément de l’unité d’intervention polyvalente du nom de Gaël Bationo a trouvé la mort, sur le boulevard Charles de Gaulle, en face de l’université de Ouagadougou, à un jet de pierre de l’espace or. Le défunt, marié et père de 6 ans, avait entre 28 et 29 ans. Pour en savoir davantage sur ce drame, nous avons rencontré la famille du défunt. Au départ très réticente, celle-ci a finalement accepté de se prononcer. Au nom de la famille, Maxime Bationo, frère ainé du défunt, est revenu sur divers sujets.

Le Quotidien : Dans quel état d’esprit êtes-vous après l’annonce de la mort de votre frère ?

Maxime Bationo, frère aîné de Gaël Bationo : Nous sommes vraiment abattus par la nouvelle qui nous a été annoncée.

Justement, comment cette nouvelle vous a été annoncée ?

Un coup de file a été donné à l’un de ses cousins qui nous a ensuite appelés. Nous nous sommes rendus à la morgue pour rencontrer les officiers de police ou sous-officiers de police -on ne sait plus quel grade ils avaient- pour pouvoir accéder à la morgue et voir le corps. Il nous a été dit qu’on pourra voir le corps au moment où on allait le laver. Nous avons tenu une réunion de conseil pour décider du lieu et de l’heure de l’enterrement. Mais, nous voudrions aussi savoir ce qui s’est passé.

 

GAEL - Copie.jpg

Gaël Bationo, précédemment assistant

de police à l'unité d'intervention polyvalente

 

A quel moment avez-vous été informés ?

C’est le samedi aux environs de 13 heures. A 13 heures 30 minutes précisément que nous avons demandé à aller voir le corps et préparer le lavage du cadavre pour préparer les obsèques. La tombe était en train d’être creusée. C’est lorsque nous sommes allés voir le corps à la morgue que j’ai reçu un coup de file. C’est ainsi qu’on m’a donné une explication qui était l’explication officielle. Donc depuis le matin jusqu’à 13 heures 30 minutes passées, on n’avait pas encore eu d’explication officielle.

Quelle est la version qu’on vous a donnée ? Vous a-t-on donné les circonstances de la mort de votre frère ?

Les circonstances, telles que relatées par le commissaire de police qui suit l’enquête, sont qu’il a eu une altercation avec un fou en s’arrêtant au bord de la route pour se soulager. C’est en ce moment qu’il a senti que quelqu’un bougeait. Il a demandé qui c’était. C’est selon le récit du fou. Il semble qu’il a insulté le fou. Je ne me rappelle plus de l’injure. Il a dû dire « Tu es bête » ou quelque chose comme ça. Le fou s’était fâché suite à cela. C’est ainsi qu’il a pris une machette et il a foncé vers notre frère. Lui, voyant que le fou était décidé, aurait tiré en l’air. Malgré ce tir de sommation, il semblerait que le fou –c’est toujours selon le récit du fou noté par le commissaire- a continué. Et lui aurait décidé de fuir. C’est dans son mouvement de recul qu’il est tombé. Quand il est tombé, son arme aussi est tombée. Ainsi, le fou s’est saisi de l’arme, a tiré trois fois et ça l’a atteint. On ne sait pas si ce sont les trois coups de feu, mais ça l’a atteint mortellement.

Ce sont les explications données au policier par le fou qu’on vous a relatées ?

Apparemment oui puisque personne n’était témoin. Il n’y avait pas de témoin.

Ces versions semblent ne pas vous avoir convaincus puisque la famille a demandé une autopsie du corps.

Oui. Parce que la chose délicate, c’est qu’en l’absence de témoin, le témoignage d’un fou pèse ce qu’il pèse. De notre point de vue, nous aimerions en plus du récit du fou qui est d’ailleurs celui qui a commis l’acte, qu’il y ait un autre témoin qui soit les indices qui montrent ce qui s’est passé. Donc, l’autopsie va, soit confirmer, soit infirmer le récit du fou. De toute façon, nous aimerions avoir le cœur net qu’il s’agit de l’acte d’un fou déchainé. Dans ce cas, nous allons assumer correctement notre deuil. Si ce n’est pas le cas, nous allons aussi comprendre ce qui s’est passé. Notre démarche vise seulement à pouvoir faire le deuil correctement parce que c’est une mort violente d’un jeune de moins de 30 ans.

Où le crime a-t-il eu lieu ?

Le crime se serait passé sur le boulevard Charles de Gaulle, non loin de l’espace or.

Combien de temps vous a-t-on donné pour l’autopsie ?

Nous allons introduire la demande très tôt ce lundi matin. Puisque nous sommes le week-end et qu’il est difficile de le faire. Mais, nous ne savons pas encore combien de temps cela va prendre. Espérons que cela ne va pas prendre un très long temps parce que nous voulons tout de suite procéder à l’enterrement et attendre les résultats de l’enquête.

Qu’est-ce que les responsables de la police vous ont dit concrètement lorsque vous vous êtes rencontrés ?

La seule rencontre physique que j’ai eue avec les responsables de la police, c’est lorsque nous nous sommes donnés rendez-vous devant la morgue et qu’ils cherchaient à savoir quelle décision nous avons prise pour l’enterrement, à savoir si c’était ici ou au village. Ils étaient venus au nom de leur hiérarchie pour connaître les démarches que nous allions adopter. La deuxième fois, c’était à la morgue où il y avait une équipe qu’ils ont mobilisée et qui était là pour le corps.

Vous a-t-on permis de voir le corps ? Si oui dans quel état était-il ?

Lorsque nous avons demandé à voir le corps pour engager les préparatifs du lavage, on nous a permis de le voir. Il y avait des gardes qui étaient là et qui ont vu celui qui garde le corps, c’est-à-dire celui qui normalement dépend de l’hôpital, je crois. Il était hésitant parce que, semble-t-il, il devait avoir l’avis de ceux qui ont amené le corps. Finalement, il a permis qu’on puisse voir le corps. Mais, très brièvement. On a vu une partie, vers le thorax. On s’est rendu compte qu’il y avait véritablement beaucoup de sang.

Propos recueillis par PBB

 

 



08/04/2014
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