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INDICE DE PERCEPTION DE LA CORRUPTION 2011 DE TRANSPARENCY INTERNATIONAL: Le Burkina Faso s’enlise dans la corruption

La corruption continue d’affecter de nombreux pays. C’est ce que relève Transparency International qui a publié le 1er décembre 2011, son Indice de Perception de la Corruption (IPC) 2011. Le Burkina Faso, avec une note de 3, se classe à la 100ème place.

 

L’Indice de Perception de la Corruption (IPC), institué depuis 1995, donne un classement évaluant les pays du monde en fonction de la perception du niveau de corruption affectant leur administration publique et leur classe politique au cours des deux dernières années. L’IPC est un indice composite. Celui de 2011 se base sur 17 enquêtes portant sur des points précis, tels que l’application des lois anticorruption, l’accès à l’information ou encore les conflits d’intérêts. Les enquêtes sont menées auprès d’experts et d’hommes d’affaires de par le monde.

L’IPC 2011 a évalué 183 pays avec une note de 0 (pour les pays extrêmement corrompus) à 10 (pour les pays très intègres).

Plus de deux tiers des pays évalués ont obtenu une note inférieure à 5. Parmi les 10 pays perçus comme étant de plus haut niveau d’intégrité, on retrouve dans l’ordre décroissant les suivants : la Nouvelle Zélande, le Danemark, la Finlande, la Suède, le Singapour, la Norvège, les Pays-Bas, l’Australie, la Suisse et le Canada. La Somalie et la Corée du Nord occupent les dernières places dans le classement. Seulement deux pays africains figurent dans les cinquante pays les moins corrompus, le Botsswana, 32ème rang et le Rwanda, 49ème rang.

 

Dans le communiqué de presse de lancement de l’IPC 2011, Transparency International souligne que les manifestations organisées à travers le monde souvent alimentées par la corruption et l’instabilité économique, sont révélatrices de l’exaspération des citoyens qui jugent que leurs dirigeants et institutions publiques sont insuffisamment transparents et responsables vis-à-vis d’eux.

On note dans le classement que les pays du printemps arabes sont classés dans la moitié inférieure de l’indice, avec un score inférieur à 4. Les pays de la zone euro atteints par la crise de la dette, qui trouve en partie son origine dans l’échec des autorités à empêcher les pots-de-vin et l’évasion fiscale, font partie des pays de l’Union Européenne ayant obtenu les notes les plus basses. Ces résultats font dire à Huguette Labelle, Présidente de Transparency International dans le communiqué de presse que : « cette année, nous avons vu des banderoles dénonçant la corruption brandies par des manifestants, qu’ils soient riches ou pauvres. Que ce soit dans l’Europe frappée par la crise de la dette ou dans le monde arabe qui commence  une nouvelle ère politique, les dirigeants doivent répondre à cette demande : d’une meilleure gouvernance ».

 

Le Burkina Faso recule une fois de plus

 

Le Burkina Faso, avec une note de 3,0 se place au 100ème rang sur 183 pays. Avec ce score, le Burkina Faso opère un recul par rapport à ses rangs  des trois dernières années. En 2010, avec une note de 3,1, le Burkina Faso était classé 98ème sur 178. En 2009, il se classait à la 79ème place sur 180 pays avec une note de 3,6. En 2008, il était classé à la 80ème place sur 180 pays avec une note de 3,5.

Le score de 3,0 en 2011 avoisine celui de 2007 (2,9) où le Burkina Faso se trouvait dans la zone de corruption endémique. Quelques raisons peuvent expliquer ce recul.

 

Au cours de l’année 2011 et des deux dernières années, des structures étatiques comme l’Autorité supérieure du Contrôle d’Etat et la Cour des comptes ont publié leurs rapports d’activités dans lesquels, elles ont révélé des fautes de gestion et des malversations financières. Ces révélations, fortement médiatisées, sont restées dans une impunité totale en dépit de l’existence de textes et mécanismes juridiques de sanction. La justice qui devait être l’épine dorsale dans cette lutte reste inerte. Une inertie décriée par les élèves et l’armée nationale lors la crise sociale et politique qui a secoué le pays au cours du premier semestre de l’année 2011.

Cette réalité a du reste été confirmée par le nouveau gouvernement mis en place en avril dernier pour résorber la crise sociopolitique. En effet, le 8 mai 2011 à Paris, le ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Régionale n’affirmait-il pas devant la presse étrangère que « les dysfonctionnements de la justice, la corruption au sein de l’administration, les failles de la gouvernance et de la démocratie, etc. » font partie des causes des manifestations.

Le 10 mai 2011, lors de la prise de contact du nouveau Premier ministre avec les partenaires techniques et financiers du Burkina, ces derniers exprimé leur préoccupations quant aux orientations que le gouvernement compte prendre dans les domaines de la gouvernance sous toutes ses formes qui restent des points centraux des revendications de toutes les catégories sociales, ces derniers temps, notamment ceux touchant aux questions de l’impunité, les inégalités, la corruption et les monopoles économiques de fait. En réponse à cette préoccupation, le Premier Ministre a affirmé que « Notre pays a des ressources limitées et les progrès que nous avons réalisés l’ont été grâce à votre concours. Nous nous engageons à renforcer la transparence dans la gestion des finances publiques”.

En dépit de ces déclarations d’intentions, les recommandations formulées par les rapports des institutions étatiques restent pour la plus part sans suite et la justice qui a organisé des assises criminelles en juin 2011 n’a jugé que des dossiers de petite corruption datant, pour la plupart, de 2005 et 2006.

 

Tous ces faits et notamment les manifestations contre l’impunité au Burkina Faso ont probablement influencé la perception négative de la corruption au pays des hommes intègres.

Le score et le rang du Burkina Faso dans le classement mondial 2011 de Transparency International, et surtout leur dégradation au cours de ces trois dernières années, interpellent le gouvernement burkinabé. Il est temps pour le gouvernement et la justice d’agir contre la corruption.

 

Le Réseau National de Lutte Anticorruption (REN-LAC)

Tel : 50 43 32 83, Tel vert : 80 00 11 22, Site web : www.renlac.org



05/12/2011
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