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S’il y a un fait qui défraie actuellement la chronique dans ce pays dit des « Hommes intègres », c’est bien évidemment cette affaire des agents fictifs de l’Etat. La morale et l’intégrité dont on se vantait tant ont foutu le camp, comme le dirait l’autre. Sinon, comment comprendre qu’aujourd’hui, l’on se retrouve avec un peu plus de 200 fonctionnaires fictifs (pour un pays qui n’en compte que 100 000), qui ont perçu et continuent de percevoir des salaires pour des travaux qu’ils ne font pas ? Des morts qui refusent de mourir, des fonctionnaires à plusieurs numéros matricules… Comment se fait-il alors que jusqu’à une époque très récente, le pot-aux-roses n’ait pas été découvert ? Plus surprenant encore, comment ces individus à la morale douteuse ont pu aussi longtemps profiter de leur forfait, recevant même des bulletins de salaire sans que personne ne se doute de rien ? A qui profiterait ce cafouillage ? Mystère et boule de gomme ! Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que, plusieurs années durant, ces sangsues, ces vampires ont sucé impunément l’argent du contribuable et ce, sans aucune forme de procès, profitant des tares et carences de notre administration. Le laxisme de l’Etat, la lenteur administrative et le népotisme de plus en plus grandissant dans nos différentes administrations publiques expliquent aisément cet état de fait. Pourtant, l’on se rappelle qu’un ancien Premier ministre, Tertius Zongo, pour ne pas le nommer, avait, dès son arrivée à la tête du gouvernement, instaurer le système de billetage pour débusquer les fraudeurs, chose qui avait commencé a porté fruit. Mais, où en est-on avec cette mesure ? Cette situation est d’autant plus révoltante quand on sait, qu’avec le développement des TIC, il est aisé d’avoir un fichier unique et fiable de tous les fonctionnaires de l’Etat. Espérons néanmoins que la fameuse carte biométrique tant évoquée par nos chers dirigeants et la fiche unique d’identification des fonctionnaires de l’Etat tant prônée permettent de mettre un terme à cette arnaque organisée afin que l’argent économisé puisse servir à résoudre les problèmes des millions de Burkinabè qui n’attendent que cela !

Par Philippe Bouélé BATIONO