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ADO/ SORO/BEDIE: Un triumvirat à la tête de la Côte d’Ivoire

Autant le dire ! Les petits arrangements de la « triple alliance » (RDR, PDCI-RDA et Forces nouvelles) anti-Gbagbo ont entériné, sans surprise, le natif de Diawala, Guillaume Soro au perchoir. A n’en pas douter, cette transposition de fonction de l’ex-Premier ministre ivoirien suscite beaucoup de curiosité et force l’admiration au regard de l’ascension fulgurante de celui qui était encore quelques temps un néophyte de la politique. Sans conteste, le tout nouveau président du parlement ivoirien est la personnalité ivoirienne de ces dix dernières années. Prototype de l’opportunisme, Guillaume Soro a su saisir au fur et à mesure, les chances qui s’offraient à lui sans pour autant gaspiller ses cartes.  Fin stratège, l’homme, au cours de ces dix dernières, a su rester en arrière plan (si on peut le dire) quand il le fallait et apparaître au devant de la scène en temps opportun. L’ascension de Guillaume Soro pourrait inspirer aussi bien la classe débutante que les vieux briscards de la politique. Courageux et  animé par une soif  de liberté et de la démocratie, Guillaume Soro en l’espace d’une dizaine d’années aura troqué à maintes reprises sa tunique. Du jeune leader de la FESCI (fédération estudiantine et scolaire de la Côte d’Ivoire), au chef de guerre en passant par la primature, pour ne citer que ses promotions les plus prestigieuses, Guillaume Soro se positionne aujourd’hui comme le dauphin constitutionnel de Alassane Dramane Ouattara. Au-delà de l’investiture de Guillaume Soro à la tête de l’Assemblée ivoirienne, il est aussi important de revenir aux défis auxquels la « triple alliance » est confrontée. C’est bien connu, le deal est consommé, ADO à la présidence, le PDCI-RDA à la primature et Guillaume Soro à l’Assemblée, c’est l’ordre naturel entendu qui a concouru à l’éviction de l’enfant de Mama. La redistribution est terminée. Que nous réserve maintenant le trio gagnant ? Restera-t-il intact si on s’inscrit dans la durée ? Cela relèvera de l’exploit quand on sait que la politique est un jeu d’intérêt où le plus souvent les ambitions personnelles des uns et des autres jouent toujours aux trouble-fêtes. Il est donc tenté de croire que cette alliance n’est que circonstancielle. Pour l’heure, elle est salutaire au vu du contexte dans lequel il a pris forme et surtout au regard du vaste chantier qui se profile à l’horizon. Ce compromis salvateur devra permettre de s’atteler à la reconstruction du pays et surtout à œuvrer pour la réconciliation nationale.  A y voir de près, le scénario ivoirien semble bien ficelé. Mais au risque de nous tromper, il est à craindre, à long terme, le retour des vieux démons car objectivement, il faut dire que les différentes parties ne se satisferont pas simplement de cet arrangement. L’objectif pour chacun étant d’occuper le palais de Cocody, le temps venu et l’ennemi commun ne faisant plus obstacle, le PDCI-RDA fourbira ses armes, le RDR se verra contraint de repartir à la conquête d’un électorat compensatoire. Qu’en sera-t-il alors de Guillaume Soro ? Il faut garder à l’esprit que le perchoir ne semble pas être la dernière étape du jeune loup qui a devant lui une longue carrière qui nourrit le secret espoir d’échoir au palais de Cocody. C’est dire que les choses commencent véritablement pour lui. Il lui faut d’ores et déjà     prendre une plus grande envergure au sein du RDR tout en évitant les peaux de bananes qui, à coup sûr, lui seront jetées par la vieille garde du parti. Accroître son estime auprès  d’ADO afin de s’assurer les bonnes grâces de celui-ci qui, à l’heure du passage du témoin, lui ouvrira grandement les portes du palais de Cocody. Mais vous vous en doutez bien, tacitement ou explicitement,  ce marché semble conclu. Cela est le juste retour de l’ascenseur pour celui qui a été le grand artisan de l’avènement d’ADO à la magistrature suprême. Voilà donc un avenir radieux qui se dessine pour Guillaume Soro. Mais le seul bémol est les soupçons d’exactions qui pèsent sur sa tête. Car, il ne faut pas occulter le fait que celui qu’on nomme affectueusement «  le Che » a activement participé à la crise de 2002 et à celle de 2010. Il n’est donc pas exclu que l’impressionnant parcours de la désormais seconde personnalité de l’Etat ivoirien soit prématurément stoppé par une éventuelle comparution devant la CPI.

Le Quotidien



14/03/2012
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