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ABATTAGE CLANDESTIN/ Un danger pour la santé publique

La consommation de la viande est rentrée dans les habitudes alimentaires des populations surtout en ces moments de festivités de fin d’année.  Des ouagavillois s’adonnent à cœur joie à la consommation de la viande faite sous toutes ses formes. De la soupe, les brochettes à chaque coin de rue, la viande au four où même non préparée, rien n’est délaissée dans la chaine de vente. Ce secteur qui s’est particulièrement développé dans les centres urbains a fait l’objet de notre intérêt. La  viande enrichit certes le plat des citoyens mais quelle qualité de viande accompagne nos repas au quotidien?  C’est pour mieux comprendre la production de viande que nous avons rencontré quelques acteurs comme des bouchers et un docteur  Jean-Marie Batiobo, chef de  service, Santé publique vétérinaire au ministère des ressources animales.

 

Trop de viande ne gâte pas la sauce, avons-nous coutume de dire. Loin de contredire  cet adage, il convient  plutôt de s’assurer que c’est de la bonne viande qui se trouve dans  sa sauce. C’est bien pour ce faire que nous avons fait un tour de la ville, le 22 décembre 2011 pour rencontrer  des acteurs de la chaine de production de la viande.

 

Les bonnes règles selon un vétérinaire

A en croire, le docteur Jean-Marie Batiobo, chef de service de la sécurité alimentaire à la direction générale des services vétérinaires du ministère des ressources animales ’’la viande est propre à la consommation humaine lorsqu’ elle  ne transmet pas des maladies animales comme la zoonose qui est une maladie transmissible de l’animal à l’homme. Elle ne doit pas  transmettre des vecteurs de maladies. Lorsque la viande est consommée, elle ne doit pas provoquer des troubles chez le consommateur. La viande peut causer la gastro-entérique. En ce moment, ce n’est pas parce que la viande a transmis une  maladie animale  mais cela est dû  à la mauvaise manipulation ou   conservation de la viande qui  peut entrainer la prolifération ou le développement microbien  au  contact du milieu extérieur. Dans une unité de transformation de viande comme une charcuterie, il faut se rassurer que toutes les conditions surtout hygiéniques sont garanties. Cela concerne beaucoup les professionnels du domaine’’.

 

Le consommateur doit faire un auto-contrôle de la viande qu’il achète

 

Une aire d’abattage clandestin  à Ouaga-inter à proximité d’un cimetière. Cela   en dit long sur les risques auxquels, cette pratique expose les populations

 

Pour lui, les services vétérinaires procèdent à des contrôles fréquents dans les marchés à bétail afin de veiller à la santé des animaux qui sont abattus. C’est en cela a-t-il laissé entendre, que l’estampille appelé tampon de couleur bleue est apposé sur toutes les carcasses jugés saines. Ce suivi de la qualité de la viande  se fait à partir de l’abattoir frigorifique de Ouagadougou.  Mais dans la pratique, force est de constater que de nombreux bouchers, prennent la courte échelle en  outrepassant  toutes ces normes. Pour ce faire, ils se détournent des services vétérinaires et proposent  de la viande au détriment de la santé publique en abattant  de façon clandestine les animaux dans leur concession, les lieux  isolés comme les cimetières.

 

 Abattage clandestin, une activité illégale

Toute chose que condamne Jean-Marie Batiobo avec la dernière énergie.  ‘’Toutes les normes zoo sanitaires ne tiennent plus dans le cas de l’abattage clandestin. La santé du consommateur est  de ce fait mise  en danger’’, a-t-il averti. C’est pourquoi, selon Jean-Marie Batiobo, le client doit choisir pour son bien-être.’ ‘Il faut exiger de voir les estampilles avant tout achat’’, a-t-il conseillé.  Expliquant les raisons de l’abattage clandestin, à Boukary Tiendrebeogo, président de l’association des bouchers de Ouagadougou contre, dit ceci :  ‘’Nous avons un véritable problème d’accès à l’abattoir frigorifique  du fait de son  insuffisance au regard du nombre croissant des bouchers d’une part  et de son éloignement d’autre part. Certains bouchers des quartiers périphériques de Ouagadougou comme Kilwin par exemple, doivent parcourir au moins 32 kilomètres pour s’y rendre. Ce qui n’est pas aisé et  c’est pour cela que certains bouchers s’adonnent clandestinement à  l’abattage des animaux,  soit dans leur cour où dans des lieux non indiqués’’. C’est pourquoi a t-il recommandé ‘’nous souhaitons que l’Etat nous associe au combat contre l’abattage clandestin.’’ ‘’Pour lutter efficacement contre le fléau, il serait judicieux pour l’Etat de multiplier le nombre d’abattoirs frigorifiques à travers la ville’’ a soutenu Bakary Ouédraogo.

 

 La nécessité  d’organiser le secteur de la boucherie

De l’avis du docteur Jean-Marie Batiobo, à l’heure actuelle l’abattoir frigorifique fonctionne seulement à 25% de ses capacités. Pour lui, c’est juste une question d’organisation des bouchers.

 

Comment doivent être organisés les bouchers ?

Le docteur Jean Batiobo répond : ‘’ S’il n’ y avait que des bouchers grossistes qui se chargent d’acheter et d’envoyer les animaux dans les conditions idoines de transport à l’abattoir et par la suite ravitaillent  les détaillants dans les marchés, on ne serait pas à une telle ampleur du fléau.’’ Pour lui, l’hypothèse de la multiplication des aires d’abattage n’est pas la solution. Il a expliqué que les abattoirs sont une source de pollution par excellence surtout à l’égard des populations riveraines. C’est en ce sens qu’il a traduit sa conviction qu’une organisation efficiente au sein des bouchers est la seule solution de la réussite de cette filière viande qui est jusqu’à présent beaucoup informel. Les consommateurs doivent faire preuve d’exigence quant au choix de la viande. En tout cas, certains clients que nous avons rencontrés dans les boucheries en font leur réflexe. Guebré Blandine, est une cliente qui s’est fidélisée à un seul boucher qui, selon elle soumet la viande au  contrôle régulier de sa viande.  Elle dit être satisfaite par la qualité de la viande que celui-ci propose. Même son de cloche pour Setou Barro. ‘’Je préfère venir au marché ici acheter la viande où le tampon des services vétérinaires est bien visible. C’est la preuve que la carcasse a été jugée saine à la consommation. Je sais que mis à part cela, certains bouchers abattent les animaux dans des lieux non indiqués comme dans les cimetières et cela peut être source de problèmes de santé humaine. C’est pourquoi, j’ai choisi un boucher que je connais pour mettre ma famille à l’abri.’’

 

Par Soumoubienkô Roland KI   



27/12/2011
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