PRIVATISATION AU BURKINA: Donner avec la gauche, reprendre avec la droite
Le gouvernement burkinabè, à l’instar de beaucoup d’autres Etats africains, a entrepris, il y a de cela quelques années, une vaste offensive dite de privatisations qui a vu tour à tour des sociétés et autres entreprises d’Etat plus ou moins stratégiques “passer à la casserole“.
Mais, malheureusement et comme il fallait s’y attendre, ces privatisations que d’aucuns n’hésitent pas à qualifier de “sauvages“ ou encore d’irréfléchies n’ont pas été sans conséquences fâcheuses sur les populations: licenciements et les ruptures abusifs avec pour corollaires l’augmentation du taux de chômage. Devant une telle situation, il n’est pas un jour sans que des travailleurs en colère d’une entreprise nouvellement privatisée ne manifestent dans les rues de Ouagadougou pour montrer leur mécontentement.
Des actes qui amènent parfois certaines gens à se questionner sur l’opportunité même de la privatisation de certaines sociétés, d’autant que, le plus souvent, ces entreprises qui marchaient relativement bien se retrouvent plongées dans la faillite, seulement quelques années après leur privatisation. C’est à croire que ces opérations se font ab irato sans que des études approfondies ne soient menées visant à offrir un minimum de gage aux travailleurs. En effet, dans la plupart des cas, les cahiers des charges ne sont pas à l’avantage des travailleurs.
Nos chefs d’Etat ne semblent aucunement vouloir se détacher du pacte conclu avec François Mitterrand, en juin 1990 lors du fameux discours de la Baule invitant nos pays à épouser la démocratie, sans réellement savoir dans quoi ils s’engageaient. Ce discours avait ainsi été accueilli comme des paroles saintes par nos gouvernants, plus préoccupés qu’ils furent de plaire à la France plutôt qu’à leur propre peuple.
Car, même s’il est vrai que la privation n’est pas une mauvaise chose en soi, force est de constater que sous nos cieux, cette pratique qui aurait dû faire le bonheur des populations, se transforme le plus souvent en cauchemar pour ces derniers.
Il ne s’agit pas pour nous d’encourager l’Etat à s’entêter à financer –à perte dans la plupart des cas- des sociétés qui ne lui sont aucunement profitables. Mais au contraire, de l’amener à jeter un autre regard, car la situation devient au fil des jours plus préoccupante.
Le mutisme du gouvernement devant ces faits laisse croire qu’il est peu soucieux du devenir de ces milliers de travailleurs qui mugissent à longueur de journée, criant à qui mieux-mieux leurs souffrances. Ce silence prend parfois des allures de complicité.
Car, comme dans la plupart des pays africains, il est très fréquent de voir derrière les “grandes boites“ les mêmes barons qui poussent ces mêmes “boîtes“ à la privatisation. En effet, ces personnes avides sans foi ni loi, plus préoccupées par leur fortune que par l’homme, s’amusent à privatiser des entreprises porteuses pour ensuite les racheter : “Je donne de la gauche et je reprends de la droite“.
Face à une telle situation, il apparait plus qu’urgent pour l’Etat de mener des études et des enquêtes préalables, surtout sur les conséquences négatives que ces privatisations peuvent avoir sur les travailleurs qui n’ont rien fait pour mériter un tel sort, afin que de telles situations n’arrivent plus sous nos cieux !
Le Quotidien
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