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Le fait que nous nous proposons de vous relater aujourd’hui, est une histoire qui date d’un peu plus de 8 mois. Le théâtre de cette histoire est un petit village reculé du pays des Hommes intègres, dans le Sahel, à quelques encablures du Mali voisin.

SD est un homme exemplaire, le mari idéal : toujours dévoué et prêt à tout pour rendre heureuse celle qu’il aime et que son cœur a choisi. Mais contrairement aux autres de son espèce, SD avait étendu son amabilité à tous ses voisins, les membres de sa famille ainsi qu’à toute personne qui venait lui demander l’hospitalité : il n’avait encore jamais fait de mal à une mouche, quel que soit son forfait. Sa gentillesse était légendaire et tous dans son entourage l’appréciaient pour ces vertus. Et son épouse le lui rendait très bien, puisque faisant tout pour, à son tour, mériter l’amour de celui qu’elle appelait « mon tout ».

Pendant combien de tant une telle attitude pouvait-elle durée ?

Le juste, ou du moins celui qui tend vers lui, est toujours en proie à de multiples tentations, des personnes ou des êtres surnaturels (comme dans l’histoire du personnage biblique, Job) qui vous éprouvent, vous testent, vous poussent jusqu’au bout de vos limites, seulement pour vous voir fléchir, plier, tomber et mordre la poussière.

Mais un jour, il reçut la visite d’un étranger qui était venu lui demander asile. Et comme à son habitude, SD s’empressa d’accueillir avec tous les honneurs celui qu’il se plaisait d’appeler « mon frère », sans même le connaître. A cette heure crépusculaire, et en l’absence de son épouse qui avait dû se rendre chez ses parents rendre visite à un malade, notre « bon samaritain » s’empressa de mettre son hôte dans des conditions princières, pour ne pas dire royales. Il alla même jusqu’à lui offrir ce que lui-même avait souvent du mal à s’offrir. Véritable signe de la légendaire hospitalité de l’Homme noir.

Comme sa bien aimée tardait à rentrer au bercail, le maître de séant se résolut à trouver lui-même de quoi mettre son « étranger » à l’aise, chose qu’il fit non sans s’être dépouillé ou presque. La nuit tombée et madame toujours pas de retour, SD, dans son désir de mettre OB dans les meilleures conditions, lui proposa  de dormir en haut, sur le lit nuptial pendant que lui se débrouilla avec une natte quelques mètres de la chambre. Ainsi, Mme SD, revenue de chez ses parents, tard dans la nuit et n’ayant pas été informée par son « tout », alla se coucher sur le lit croyant son époux à ses côtés.

Elle ne se rendra compte de son erreur que le lendemain matin, lorsqu’elle sortit du lit, qu’elle sut avec qui elle avait passé la nuit. Gênée, elle se résolut à ne dire mot à son mari, SD quant à lui, décida de ne pas en parler. Alors qu’OB lui avait délibérément abusé de la femme de son hôte, car ayant su, dès le départ ce qui se passait, mais il n’a rien fait pour l’éviter.

Finalement, c’est au lever du jour que l’hôte décida de s’en retourner chez lui, mais avant de prendre congé de SD, sans le vouloir, OB lâcha ce qui allait être pour lui fatal. Il remercia SD « pour lui avoir prêté sa femme pour la nuit, après lui avoir permis de se reposer convenablement » : chose qu’il ne fallait pas ! S’étant enfin rendu compte que ce dernier avait agi en connaissance de cause, SD, tel un lion jaloux, rugit et bondit sur sa proie, la maîtrisa et se mit à lui asséner de violents coups de poings. Alertés, certains villageois accoururent pour ramener les deux antagonistes à la raison. Mais avant qu’ils ne fussent arrivés, l’irréparable s’était déjà produit : dans sa colère, SD, en bon peuhl, avait tâté sa poche, saisi, son poignard et l’avait enfoncé dans les entrailles de celui qui naguère était son hôte.

Dans son agonie, OB n’avait de cesse d’invectiver SD, le traitant de tous les noms d’oiseaux et de reptiles.

Alertée, la police débarqua sur les lieux pour constater les faits. Peu de temps après, SD fut arrêté, menotté, et embarqué dans la fourgonnette ; direction le poste de police où il devrait être logé en attendant la suite de l‘affaire.

Après avoir purgé sa peine au frais, pour crime passionnel, SD regagna finalement son gîte après quelques mois d’absence.

PBB