PANANDETIGUIRI: "Ma plus grande déception, c’est de ne pas avoir pu signer mon contrat professionnel à Bordeaux"
Il est l’un des rares Etalons juniors de la cuvée 2003 à tenir encore sa place dans le dispositif Paul Put. Il a déjà gouté à la joie de participer à une coupe du monde, notamment chez les moins de dix-sept ans (2001) et les moins de vingt ans (2003). Le latéral polyvalent de 30 ans, Saïdou Madi Panandétiguiri, puisque c’est de lui qu’il s’agit, évolue depuis cette saison 2013-2014, à Chippa United, en 2e division sud-africaine. Dans l’interview que nous a accordée le natif de Ouahigouya et ex-pensionnaire du centre de formation des Girondins de Bordeaux, le 18 janvier dernier, à son hôtel, il aborde plus sujets d’intérêt. Son aventure footballistique au pays de Nelson Mandela, la participation des Etalons locaux au dernier Championnat d’Afrique des nations (CHAN), son départ du centre de formation de Bordeaux, ses déceptions, ses ambitions avec les Etalons et en club, l’élimination du Onze national aux barrages du mondial 2014…
Le Quotidien : L’Afrique du Sud accueille la 3e édition du Championnat d’Afrique des nations de football (CHAN 2014). Peux-tu nous dire comment tu trouves la prestation des Etalons locaux ?
Saïdou Madi Panandétiguiri : Les jeunes ont commencé la compétition avec un peu de fébrilité. Quand on regarde la première mi-temps contre l’Ouganda et contre le Maroc, on sentait que c’était une équipe qui manquait de maturité, une équipe qui n’était pas en confiance. Mais, je crois qu’on aurait dû commencer les matches comme ils l’ont fait en seconde période de ces matches. S’ils avaient commencé les matches de cette façon, je crois qu’on aurait pu se qualifier pour le 2e tour.
Comment trouves-tu le niveau d’ensemble de ce CHAN ?
Le niveau est bon. Il y a de très bons joueurs. En plus, quand on voit certaines équipes nationales, c’est leur équipe A. Au Burkina, nous avons la chance qu’il y ait beaucoup de joueurs qui évoluent à l’extérieur. Cela permet aux locaux de se montrer, de s’aguerrir et de se frotter au haut niveau parce que cette compétition est aussi du haut niveau. C’est vrai qu’elle n’a pas le même impact que la CAN (Coupe d’Afrique des nations, ndlr). Mais, ça reste une compétition très relevée, une compétition où les jeunes viennent pour se faire découvrir. En conclusion, le niveau est bon.
L'arrière latéral des Etalons et de Chippa United,
Saïdou Madi Panandétiguiri
Tu es l’un des rares professionnels burkinabè évoluant en Afrique du Sud. Comment les choses se passent pour toi ici ?
Je me sens bien ici en Afrique du Sud. Je suis arrivé dans un club professionnel où il y a aussi quelques étrangers, des Nigérians qui m’ont permis de m’adapter assez rapidement. Ce sont aussi des joueurs qui jouent pour l’équipe nationale du Nigéria, donc on se connait. Pour le moment, je continue de m’adapter. En plus le championnat sud-africain est très technique parce que les joueurs jouent rien que pour se faire plaisir.
Tu sembles déjà beaucoup aimer la Premier Soccer League. Peux-tu nous en dire davantage ?
Je ne connais pas les différents championnats africains parce que je n’y ai pas beaucoup joué. C’est ma première saison en Afrique. Pour ce que j’ai vu ici, je peux déjà comparer le championnat sud-africain au championnat belge de première division. Ici, quand on voit les installations des équipes de première division, il n’y a pas de comparaison avec les autres pays d’Afrique. Je connais beaucoup de clubs belges qui n’ont pas les infrastructures qu’ont les clubs d’ici. Donc, le championnat est d’un très bon niveau. Malheureusement, j’évolue en 2e division. Mais, le niveau est aussi acceptable.
Pour autant, le niveau du championnat sud-africain n’est pas comparable à celui de l’Occident. Madi Panandétiguiri qu’on a connu comme un grand compétiteur n’est-il pas venu prendre sa retraite en Afrique du Sud ?
(Rires). Chacun est libre de penser ce qu’il veut. Quant à moi, je sais que je ne suis pas venu ici pour me reposer. Si j’ai envie de me reposer, je retourne au Burkina tranquillement. Mais ici, je suis encore professionnel. Je suis encore physiquement et mentalement très bien. C’est vrai que je passe par des périodes un peu difficiles. Mais, la carrière d’un footballeur est ainsi faite, de haut et de bas. Je suis venu ici pour un peu me relancer, découvrir autre chose. Cela fait longtemps que je suis en Europe. Je voulais donc découvrir autre chose que ce que je connaissais. La vie est ainsi faite. Je crois qu’il faut suivre son destin. Car, c’est le destin qui m’a amené en Afrique du Sud. Personnellement, je n’avais jamais imaginé que je reviendrai un jour jouer en Afrique, en plus en Afrique du Sud. Mais, c’est comme ça. Quand le destin t’appelle tu n’a pas le choix, tu ne fait que le suivre.
En 2013, les Etalons ont fait un parcours fort remarqué à la CAN sud-africaine. Etant l’un des titulaires de cette équipe vice-championne, comment cela se passe dans la rue ? Es-tu une véritable star ici ?
Le passage des Etalons dans ce pays a beaucoup marqué les sud-africains. Quand tu dis que tu es Burkinabè, ils te demandent d’abord Pitroïpa, Bancé et consort… Et quand ils savent que tu as joué avec l’équipe, ils te demandent directement le maillot. (Rires). Nous avons laissé une très bonne image ici en Afrique du Sud. C’est le fruit de longues années de travail avec l’équipe nationale. Il était temps aussi qu’on prouve au peuple africain que le Burkina Faso aussi existe. L’Afrique du Sud nous a donc permis de réaliser ce rêve. C’est vrai qu’on aurait voulu prendre la coupe. Mais, tout ce que Dieu donne, il faut le prendre et dire merci. Car, jouer une finale de CAN n’est pas donné à n’importe qui. Nous avons donné l’essentiel, nous avons tout donné. Nous nous sommes préparés pour. Le groupe était homogène, solide et conscient qu’il fallait se battre. Car, si on se battait, ça allait être comme toujours : le premier tour. D’ailleurs, beaucoup ne misaient même pas un euro sur nous. On avait à cœur de se racheter, de prouver au peuple burkinabè qu’on n’est pas une équipe de loosers (perdants, ndlr). Mais, une équipe qui veut gagner des trophées. Parce que dans le football, il faut gagner de l’argent, mais surtout des trophées pour marquer l’histoire. Je pense qu’on est un peu rentré dans l’histoire. Mais, on aurait pu le faire par la grande porte. C’est-à-dire ramener la coupe. Je pense que ça va venir.
Tu fais partie des rares juniors de la cuvée 2003 à être encore au sein de l’équipe nationale A. Que retiens-tu de cette Coupe du monde ?
C’était des moments forts et intenses. On était très jeunes. La coupe du monde junior côtoie le très haut niveau. Il y a des joueurs qui ont disputé cette compétition et qui se retrouvent aujourd’hui dans de très grands championnats. Pour le Burkina Faso, cela ne s’est pas fait et je ne sais pas pourquoi. On avait pourtant une équipe de qualité, une équipe qui regorgeait de plein de talents. Je ne sais pas si c’est le Burkina ou nous les joueurs qui n’avons pas fait les choses qu’il faut. En 2003, on a fait et donné tout ce qu’on pouvait. Mais, on n’est pas allé très loin. On est sorti en 8es de finale. Mais, ça reste des moments très forts et intenses dans ma carrière.
L’année 2013 a été marquée par la quasi-qualification des Etalons pour la première coupe du monde senior de leur histoire. Avec le recul, comment expliques-tu cet échec ?
Nous n’avons pas de regrets. Nous avons fait ce qu’il fallait faire pour se qualifier. Mais, Dieu en a décidé autrement. C’est vrai que ça fait un peu mal d’avoir échoué de si près. Cela aurait été la première pour le Burkina Faso et pour nous joueurs. Une coupe du monde, on ne la joue peut-être pas deux ou trois fois. Pour moi, c’était peut-être ma dernière chance de jouer une coupe du monde senior. Parce que je l’ai fait avec les cadets et les juniors. On a échoué de peu, mais c’est comme ça. C’est la vie. On va apprendre aussi. Car, on a perdu cette qualification chez nous à la maison. Ce sont des moments où il faut retenir que du positif. Et après, il faut retravailler. Car, on a acquis beaucoup d’expérience lors de ces deux matches. Quand on veut jouer une coupe du monde, on ne prend pas des buts chez soi. Malheureusement, on a gagné 3 à 2. Ce qui a été le péché mignon de notre équipe. Or notre équipe regorge de beaucoup de jeunes talents, de jeunes joueurs. Sur ce plan, je ne m’inquiète pas trop. D’ici quatre ans, le Burkina ira à sa première coupe du monde.
Le nouveau statut de vice-champion d’Afrique n’est-il pas un poids difficile à porter, une pression supplémentaire pour les prochaines échéances, notamment les éliminatoires de la CAN 2015 ?
Non ! Quand on veut jouer dans la cour des grands, il faut supporter les pressions. Quand on veut grandir, il faut qu’il y ait quelque chose qui motive, qui pousse à faire plus que ce qu’on a fait de par le passé. Au contraire, cela nous motive et nous donne envie de faire mieux parce qu’on sait qu’en ce moment l’équipe qui croisera le Burkina Faso aura peur. Avant, c’était nous qui avions peur des autres équipes. Mais, maintenant c’est le contraire. C’est donc une aubaine pour nous. Nous devons juste nous focaliser sur nous, sur notre football. En ce moment, nous avons un football que beaucoup aimeraient avoir.
"Mon ambition est de retrouver l’Europe"
Quel est, au jour d’aujourd’hui, la plus grande déception de ta carrière ?
La plus grande déception de ma carrière, c’est de ne pas avoir pu signer mon contrat professionnel à Bordeaux alors que j’avais tout pour réussir. Je revenais de ma première CAN au Mali, en 2002. Après la CAN, je m’entrainais avec l’équipe professionnelle qui était composée de, entre autres, Dugarry (Christophe, ndlr), Pauleta… Mais, ça n’a pas marché. Ce n’est pas que je n’avais pas les qualités. Mais parce que je n’avais personne pour me suivre, me pousser.
Ça été un coup dur pour tous les Burkinabè qui s’attendaient à te voir porter haut le flambeau de la mère patrie dans l’Hexagone.
Bien sûr. Mais, comme je le disais, c’est le destin. C’est Dieu qui a voulu que les choses se passent ainsi. Sinon, je ne me serai pas retrouvé en Afrique du Sud. Je serai quelque part en Europe. C’est Dieu qui a tracé mon chemin.
Qu’en est-il de ton meilleur souvenir, même si ta carrière n’est pas encore finie…
C’est sans réfléchir la CAN 2013 avec les Etalons. J’ai beaucoup souffert avec l’équipe nationale. J’ai connu des moments très difficiles, de bons moments. Cette année 2013 était une année magique pour les Etalons. Avant la compétition, les gens disaient que je ne pouvais pas jouer parce que je suis devenu vieux. Mais, à la CAN j’ai montré que j’existe et que je ne suis pas mort. En plus, on a fait un très bon parcours. C’était donc les meilleurs moments de ma carrière.
Qu’est-ce que tu ambitionnes pour la suite de ta carrière ?
Mon ambition est de retrouver l’Europe. Repartir jouer quelques saisons en Europe.
En équipe nationale…
En équipe nationale, ça ne dépend pas de moi. Il y a un coach qui est là. S’il a besoin de moi, je serai toujours présent. Dans le cas contraire… bah voilà ! Ce qui me ferait vraiment plaisir ce serait de gagner une CAN avant de raccrocher. On va toujours essayer. Après, on prendra ce que Dieu va nous donner.
Autre chose à ajouter ?
Je voudrais lancer un message de paix aux Burkinabè. Sans la paix, on ne peut rien devenir, ni rien faire. Or, en ce moment, le pays est un peu agité. Je demande pardon aux Burkinabè. Je leur demande de s’unir pour que le pays reste tel qu’il est. Car, on sait quand ça commence, mais on ne sait jamais quand ça finit. Je demande donc à tous les Burkinabè de travailler ensemble pour que le pays puisse avancer.
Interview réalisée à Cape Town par Philippe Bouélé BATIONO
Le Quotidien : L’Afrique du Sud accueille la 3e édition du Championnat d’Afrique des nations de football (CHAN 2014). Peux-tu nous dire comment tu trouves la prestation des Etalons locaux ?
Saïdou Madi Panandétiguiri : Les jeunes ont commencé la compétition avec un peu de fébrilité. Quand on regarde la première mi-temps contre l’Ouganda et contre le Maroc, on sentait que c’était une équipe qui manquait de maturité, une équipe qui n’était pas en confiance. Mais, je crois qu’on aurait dû commencer les matches comme ils l’ont fait en seconde période de ces matches. S’ils avaient commencé les matches de cette façon, je crois qu’on aurait pu se qualifier pour le 2e tour.
Comment trouves-tu le niveau d’ensemble de ce CHAN ?
Le niveau est bon. Il y a de très bons joueurs. En plus, quand on voit certaines équipes nationales, c’est leur équipe A. Au Burkina, nous avons la chance qu’il y ait beaucoup de joueurs qui évoluent à l’extérieur. Cela permet aux locaux de se montrer, de s’aguerrir et de se frotter au haut niveau parce que cette compétition est aussi du haut niveau. C’est vrai qu’elle n’a pas le même impact que la CAN (Coupe d’Afrique des nations, ndlr). Mais, ça reste une compétition très relevée, une compétition où les jeunes viennent pour se faire découvrir. En conclusion, le niveau est bon.
Tu es l’un des rares professionnels burkinabè évoluant en Afrique du Sud. Comment les choses se passent pour toi ici ?
Je me sens bien ici en Afrique du Sud. Je suis arrivé dans un club professionnel où il y a aussi quelques étrangers, des Nigérians qui m’ont permis de m’adapter assez rapidement. Ce sont aussi des joueurs qui jouent pour l’équipe nationale du Nigéria, donc on se connait. Pour le moment, je continue de m’adapter. En plus le championnat sud-africain est très technique parce que les joueurs jouent rien que pour se faire plaisir.
Tu sembles déjà beaucoup aimer la Premier Soccer League. Peux-tu nous en dire davantage ?
Je ne connais pas les différents championnats africains parce que je n’y ai pas beaucoup joué. C’est ma première saison en Afrique. Pour ce que j’ai vu ici, je peux déjà comparer le championnat sud-africain au championnat belge de première division. Ici, quand on voit les installations des équipes de première division, il n’y a pas de comparaison avec les autres pays d’Afrique. Je connais beaucoup de clubs belges qui n’ont pas les infrastructures qu’ont les clubs d’ici. Donc, le championnat est d’un très bon niveau. Malheureusement, j’évolue en 2e division. Mais, le niveau est aussi acceptable.
Pour autant, le niveau du championnat sud-africain n’est pas comparable à celui de l’Occident. Madi Panandétiguiri qu’on a connu comme un grand compétiteur n’est-il pas venu prendre sa retraite en Afrique du Sud ?
(Rires). Chacun est libre de penser ce qu’il veut. Quant à moi, je sais que je ne suis pas venu ici pour me reposer. Si j’ai envie de me reposer, je retourne au Burkina tranquillement. Mais ici, je suis encore professionnel. Je suis encore physiquement et mentalement très bien. C’est vrai que je passe par des périodes un peu difficiles. Mais, la carrière d’un footballeur est ainsi faite, de haut et de bas. Je suis venu ici pour un peu me relancer, découvrir autre chose. Cela fait longtemps que je suis en Europe. Je voulais donc découvrir autre chose que ce que je connaissais. La vie est ainsi faite. Je crois qu’il faut suivre son destin. Car, c’est le destin qui m’a amené en Afrique du Sud. Personnellement, je n’avais jamais imaginé que je reviendrai un jour jouer en Afrique, en plus en Afrique du Sud. Mais, c’est comme ça. Quand le destin t’appelle tu n’a pas le choix, tu ne fait que le suivre.
En 2013, les Etalons ont fait un parcours fort remarqué à la CAN sud-africaine. Etant l’un des titulaires de cette équipe vice-championne, comment cela se passe dans la rue ? Es-tu une véritable star ici ?
Le passage des Etalons dans ce pays a beaucoup marqué les sud-africains. Quand tu dis que tu es Burkinabè, ils te demandent d’abord Pitroïpa, Bancé et consort… Et quand ils savent que tu as joué avec l’équipe, ils te demandent directement le maillot. (Rires). Nous avons laissé une très bonne image ici en Afrique du Sud. C’est le fruit de longues années de travail avec l’équipe nationale. Il était temps aussi qu’on prouve au peuple africain que le Burkina Faso aussi existe. L’Afrique du Sud nous a donc permis de réaliser ce rêve. C’est vrai qu’on aurait voulu prendre la coupe. Mais, tout ce que Dieu donne, il faut le prendre et dire merci. Car, jouer une finale de CAN n’est pas donné à n’importe qui. Nous avons donné l’essentiel, nous avons tout donné. Nous nous sommes préparés pour. Le groupe était homogène, solide et conscient qu’il fallait se battre. Car, si on se battait, ça allait être comme toujours : le premier tour. D’ailleurs, beaucoup ne misaient même pas un euro sur nous. On avait à cœur de se racheter, de prouver au peuple burkinabè qu’on n’est pas une équipe de loosers (perdants, ndlr). Mais, une équipe qui veut gagner des trophées. Parce que dans le football, il faut gagner de l’argent, mais surtout des trophées pour marquer l’histoire. Je pense qu’on est un peu rentré dans l’histoire. Mais, on aurait pu le faire par la grande porte. C’est-à-dire ramener la coupe. Je pense que ça va venir.
Tu fais partie des rares juniors de la cuvée 2003 à être encore au sein de l’équipe nationale A. Que retiens-tu de cette Coupe du monde ?
C’était des moments forts et intenses. On était très jeunes. La coupe du monde junior côtoie le très haut niveau. Il y a des joueurs qui ont disputé cette compétition et qui se retrouvent aujourd’hui dans de très grands championnats. Pour le Burkina Faso, cela ne s’est pas fait et je ne sais pas pourquoi. On avait pourtant une équipe de qualité, une équipe qui regorgeait de plein de talents. Je ne sais pas si c’est le Burkina ou nous les joueurs qui n’avons pas fait les choses qu’il faut. En 2003, on a fait et donné tout ce qu’on pouvait. Mais, on n’est pas allé très loin. On est sorti en 8es de finale. Mais, ça reste des moments très forts et intenses dans ma carrière.
L’année 2013 a été marquée par la quasi-qualification des Etalons pour la première coupe du monde senior de leur histoire. Avec le recul, comment expliques-tu cet échec ?
Nous n’avons pas de regrets. Nous avons fait ce qu’il fallait faire pour se qualifier. Mais, Dieu en a décidé autrement. C’est vrai que ça fait un peu mal d’avoir échoué de si près. Cela aurait été la première pour le Burkina Faso et pour nous joueurs. Une coupe du monde, on ne la joue peut-être pas deux ou trois fois. Pour moi, c’était peut-être ma dernière chance de jouer une coupe du monde senior. Parce que je l’ai fait avec les cadets et les juniors. On a échoué de peu, mais c’est comme ça. C’est la vie. On va apprendre aussi. Car, on a perdu cette qualification chez nous à la maison. Ce sont des moments où il faut retenir que du positif. Et après, il faut retravailler. Car, on a acquis beaucoup d’expérience lors de ces deux matches. Quand on veut jouer une coupe du monde, on ne prend pas des buts chez soi. Malheureusement, on a gagné 3 à 2. Ce qui a été le péché mignon de notre équipe. Or notre équipe regorge de beaucoup de jeunes talents, de jeunes joueurs. Sur ce plan, je ne m’inquiète pas trop. D’ici quatre ans, le Burkina ira à sa première coupe du monde.
Le nouveau statut de vice-champion d’Afrique n’est-il pas un poids difficile à porter, une pression supplémentaire pour les prochaines échéances, notamment les éliminatoires de la CAN 2015 ?
Non ! Quand on veut jouer dans la cour des grands, il faut supporter les pressions. Quand on veut grandir, il faut qu’il y ait quelque chose qui motive, qui pousse à faire plus que ce qu’on a fait de par le passé. Au contraire, cela nous motive et nous donne envie de faire mieux parce qu’on sait qu’en ce moment l’équipe qui croisera le Burkina Faso aura peur. Avant, c’était nous qui avions peur des autres équipes. Mais, maintenant c’est le contraire. C’est donc une aubaine pour nous. Nous devons juste nous focaliser sur nous, sur notre football. En ce moment, nous avons un football que beaucoup aimeraient avoir.
Quel est, au jour d’aujourd’hui, la plus grande déception de ta carrière ?
La plus grande déception de ma carrière, c’est de ne pas avoir pu signer mon contrat professionnel à Bordeaux alors que j’avais tout pour réussir. Je revenais de ma première CAN au Mali, en 2002. Après la CAN, je m’entrainais avec l’équipe professionnelle qui était composée de, entre autres, Dugarry (Christophe, ndlr), Pauleta… Mais, ça n’a pas marché. Ce n’est pas que je n’avais pas les qualités. Mais parce que je n’avais personne pour me suivre, me pousser.
Ça été un coup dur pour tous les Burkinabè qui s’attendaient à te voir porter haut le flambeau de la mère patrie dans l’Hexagone.
Bien sûr. Mais, comme je le disais, c’est le destin. C’est Dieu qui a voulu que les choses se passent ainsi. Sinon, je ne me serai pas retrouvé en Afrique du Sud. Je serai quelque part en Europe. C’est Dieu qui a tracé mon chemin.
Qu’en est-il de ton meilleur souvenir, même si ta carrière n’est pas encore finie…
C’est sans réfléchir la CAN 2013 avec les Etalons. J’ai beaucoup souffert avec l’équipe nationale. J’ai connu des moments très difficiles, de bons moments. Cette année 2013 était une année magique pour les Etalons. Avant la compétition, les gens disaient que je ne pouvais pas jouer parce que je suis devenu vieux. Mais, à la CAN j’ai montré que j’existe et que je ne suis pas mort. En plus, on a fait un très bon parcours. C’était donc les meilleurs moments de ma carrière.
Qu’est-ce que tu ambitionnes pour la suite de ta carrière ?
Mon ambition est de retrouver l’Europe. Repartir jouer quelques saisons en Europe.
En équipe nationale…
En équipe nationale, ça ne dépend pas de moi. Il y a un coach qui est là. S’il a besoin de moi, je serai toujours présent. Dans le cas contraire… bah voilà ! Ce qui me ferait vraiment plaisir ce serait de gagner une CAN avant de raccrocher. On va toujours essayer. Après, on prendra ce que Dieu va nous donner.
Autre chose à ajouter ?
Je voudrais lancer un message de paix aux Burkinabè. Sans la paix, on ne peut rien devenir, ni rien faire. Or, en ce moment, le pays est un peu agité. Je demande pardon aux Burkinabè. Je leur demande de s’unir pour que le pays reste tel qu’il est. Car, on sait quand ça commence, mais on ne sait jamais quand ça finit. Je demande donc à tous les Burkinabè de travailler ensemble pour que le pays puisse avancer.
Interview réalisée à Cape Town par Philippe Bouélé BATIONO
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