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REVOLTE DES SOLDATS: Le prix du laxisme

Qu’il soit admis de nous permettre d’affirmer qu’on ne peut pas réveiller quelqu’un qui ne dort pas. Si donc nous sommes tous d’accord avec cette maxime, il faut aussi avoir le courage de reconnaître que le pays va mal, sinon très mal.   La révolte des soldats qui nous est donné de constater depuis le 22 mars dernier n’est que la conséquence d’un malaise national longtemps entretenu au sein de la classe dirigeante. C’est d’autant plus évident que l’allure que prend désormais la mutinerie des soldats ne s’explique plus par le fait que des militaires seraient détenus et qu’il faille les libérer. Il y a bien des non-dits dans ces sorties répétitives de nos forces armées. Au delà de Ouagadougou, épicentre de la révolte, ce sont des villes comme Fada, Gaoua, Koupéla, Tenkodogo qui sont des théâtres  des tirs à balles réelles nourris par des militaires. On annonce que dans certaines villes, notamment à Bobo-Dioulasso, à Dori et à Dédougou, la grande muette grogne et entend sortir pour s’exprimer.  Comme si tirer à balles réelles n’a pas suffi pour exprimer leur désarroi face à la condamnation de leurs camarades pour affaire de mœurs, les militaires, ou du moins ceux de Ouagadougou qui sont sortis hier, 29 mars 2011, ont changé de méthodes de revendications. C’est aux autorités militaires, gouvernementales et municipales qu’ils s’attaquent de façon violente et barbare.  C’est quand même franchir la zone rouge et que désormais, il ne faut pas rigoler de cette affaire de mutins. C’est du sérieux. Ces actes démontrent bien que les raisons avancées pour justifier les mutineries ne sont que des causes superficielles d’une revendication bien profonde. Vu sous cet angle, il faut aller au delà des simples déclarations pour trouver des solutions idoines. Car, à force de vouloir caresser les problèmes et dormir sur ses lauriers pensant que tout est réglé, on ne fera que prolonger la crise et pire occasionner d’autres foyers de tensions. Dans son adresse à la nation hier, Blaise Compaoré l’a bien compris en indiquant qu’il saisit la portée des revendications. Il a transcendé la thèse de moeurs brandie jusque-là pour expliquer le vandalisme.  Son discours, par moments, difficile à saisir laisse planer quand même des doutes quant à une issue rapide  de cette profonde crise dans laquelle le pouvoir de la 4e République semble être embarqué. Le président du Faso ne semble pas avoir mesuré la délicatesse de la question. D’où notre interpellation pour dire qu’il ne faut pas minimiser la situation car visiblement le ver a attaqué le cœur du fruit. Il faut ici et maintenant des actions vigoureuses avec des mesures concrètes à même de réconforter et de réconcilier toutes les couches socio-professionnelles.  Ce qu’il ne faut donc pas feigner d’ignorer est que le pays est dans une chienlit totale pour la simple et bonne raison que les différents pouvoirs devant assurer le fonctionnement institutionnel et politique de l’Etat sont pratiquement paralysés. Et à dire vrai, si aujourd’hui, le pays est sous l’autorité exclusive de l’armée qui dicte ses lois, c’est parce que pendant longtemps, il nous a été servi une parodie de gouvernance qui ne tenait que par la volonté de quelques individus. Sinon, jamais aucun cas, un Etat avec des institutions fortes telles que le préconise Barack Obama, ne peut connaître un tel désordre au point que des militaires, en toutes impunités, s’attaquent au maire de la capitale, au chef d’Etat major général des armées et à d’autres autorités. Du reste, c’est un déni de la gouvernance actuelle avec tous les acteurs qui l’animent qui s’expriment par ces agissements de nos soldats.  Et d’ailleurs, à moins d’être un myope politique, on ne peut ne pas concevoir qu’à travers ces actes, les militaires indiquent qu’ils désavouent leurs supérieurs hiérarchiques. Dans ce cas, que va servir la rencontre d’aujourd’hui entre le président du Faso et les chefs de corps des différents commandements militaires ? Il faut avoir le courage de le dire, les soldats n’ont plus de respect pour leurs hiérarchies, d’où cet enfer qu’ils nous font vivre depuis une semaine. Et Blaise Compaoré le sait plus que quiconque et il l’a bien rappelé dans son discours en disant que  l’armée est bâtie sur  la discipline, le courage et la loyauté. Maintenant que ces maitres mots sont vilipendés par les soldats, quelle leçon faut-il tirer ?  C’est évidemment, avoir le courage de reconnaître que c’est le prix du laxisme que nous sommes en train de payer. Et que si nous voulons revenir à une situation normale, il faut absolument que nous repensions notre gouvernance actuelle.

 

La Rédaction



10/04/2011
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