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MANIFESTATIONS POLITIQUES A TOUGAN: Saran Séré Sérémé désavouée, Mathias Zerbo tête de liste, Saran Sérémé démissionne!

Les échauffourées qui ont eu lieu dernièrement à Tougan dans la province du Sourou, à propos des candidatures du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) à la députation engageaient principalement deux caïds à savoir, la députée Saran Séré Sérémé et le maire actuel de Tougan Mathias Zerbo, tous prétendants pour la tête de liste du parti. Ces affrontements entre les deux parties ont même failli coûter la vie à des agents de police qui tentaient de contenir les manifestants. Mais, vraisemblablement, le secrétariat exécutif national du CDP en a décidé finalement en faveur du second. Sans doute, pour étouffer la tension dans cette ville dont la tranquillité était jusqu’ici légendaire.


Dimanche 13 septembre 2012, alors que la nuit tombante une patrouille de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) rôdait dans le quartier Samôgôkin, au secteur 5 de Tougan, le pick-up à bord duquel se trouvaient les policiers a fait un tonneau. Des policiers ont été blessés dont un totalement au coma et qui a dû être référé à Ouagadougou pour une réanimation. Du coup, une rumeur sur sa mort s’est levée et a couru tout le pays ; chose que, jusqu’à l’heure où nous écrivions cet article, n’a pas été vérifiée. Il n’empêche que le grand renfort de forces de l’ordre qui, depuis le début des manifestations, avait investi la ville de Tougan était resté encore sur le terrain jusqu’au samedi 22 septembre 2012, date de notre passage. Il se trouve aussi que la veille, après procès, la justice venait de relaxé 21 manifestants qui avaient été gardés dans les locaux de la gendarmerie depuis cinq jours. Tous ces manifestants sont du quartier des autochtones de Tougan, Samôgôkin, également celui du maire Mathias Zerbo, celui-là même dont la deuxième place sur la liste des candidats pour les élections législatives du 2 décembre prochain, après les primaires du CDP, n’a pas plus à ses militants. Rappelons que ce sont ces derniers qui les premiers, ont organisé une manifestation pour protester contre Saran Séré Sérémé qui était pressentie tête de la liste CDP. En réplique, les partisans de la députée, pour témoigner de la popularité de celle-ci, ont voulu, à leur tour, organiser une contre-manifestation, le dimanche 13 septembre. Mais, c’était sans connaître le degré du désamour que le clan adverse voue à Saran Séré Sérémé, oubliant d’ailleurs qu’avant même l’ouverture des candidatures à la députation, le domicile de la députée avait fait l’objet d’une violation desdits, quelques mois auparavant. Les manifestants reprochaient alors à l’élue de n’avoir rien fait pour le développement de la ville ; ils voulaient particulièrement que la voie principale qui mène à Tougan soit goudronnée. C’est ainsi que, à leur grande surprise, tandis que certains partisans de la députée s’adonnaient à une virée en ville, ils ont été pris à partie par leurs vis-à-vis. Et c’en était donc parti pour une escalade de violence, dirigée surtout sur le domicile de la députée situé au secteur 2 de la ville. A l’heure qu’il est, la villa n’est plus qu’un assemblage de ruines, après qu’elle a été saccagée, pillée et incendiée. Ce jour-là, lors de la chasse-poursuite contre les partisans de la députée, certains d’entre eux avaient même leurs têtes mises à prix. Seydou Touré, cousin de Saran Séré Sérémé, atteste, en effet : « Ils ont ciblé quelques personnes pour les tabasser à mort ». Pendant les manifestations, lui et de nombreuses autres personnes ont dû se cacher hors de la ville, puisque l’arrivée des éléments de la CRS a aussi contribué à faire monter la tension. Ceux-ci, lors de leur intervention, n’ont pas hésité à pourchasser et même à bastonner les manifestants, le tout dans un brouillard de gaz lacrymogène. La violence dans la ville de Tougan était telle que même la deuxième adjointe au maire, Chantal Moriba, s’est rendue chez le haut commissaire en pleurant, pour demander le départ des policiers.

Il y a toujours eu deux clans rivaux au sein du CDP Tougan, selon Seydou Touré. Et même si le 1er adjoint au maire, Nassirou Ali Ki, également du CDP, se joue le médiateur, en soutenant que « il s’agit d’une incompréhension, ce sont les militants de base qui, de part et d’autre, selon qu’ils soient d’un bord ou de l’autre, ont voulu manifester d’eux-mêmes, pour soutenir leur candidat respectif », la rivalité entre les deux prétendants, en l’occurrence Saran Séré Sérémé et Mathias Zerbo n’est qu’un secret de polichinelle. Toute chose qui entame non seulement la cohésion au sein du parti, mais aussi la quiétude des habitants de la ville de Tougan. D’ailleurs, la 2e adjointe au maire, Chantal Moriba, envisage de se retirer finalement de la politique : « Je n’ai pas de choix de personne. Je suis CDP et ce depuis même l’ODP/MT. En toute sincérité, je ne conçois pas du tout la politique actuelle, telle qu’elle est menée ici. Quand il y a de la discrimination dans une politique, je ne m’en mêle ».

Finalement, selon certaines indiscrétions, c’est Mathias Zerbo, maire actuel de Tougan, qui aura bénéficié de l’onction de la direction du parti. Sans doute, est-ce la solution, parce qu’un des partisans du maire raconte, justement, que : « Il y a un temps pour tout. Lorsque les gens disent qu’ils ne veulent plus, tu dois te retirer (ndlr, Saran Séré Sérémé a déjà fait deux mandats, donc dix ans, en tant que député de la province). Je voudrais que les responsables du parti se concertent pour s’entendent et écoutent enfin la volonté du peuple. Il n’y a pas de raison à vouloir garder coûte que coûte Saran Sérémé, lorsqu’à la base elle est désavouée. Elle-même sait que durant tous ses mandats, elle n’a pas travaillé pour le développement de la province ».


Par Lassina Fabrice SANOU



26/09/2012
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