Actu-infos

Actu-infos

LIBERATION DE PRISONNIERS EN GUINEE: Alpha Condé veut-il redorer son blason ?

Alpha Condé est-il un dictateur déguisé en démocrate ? Cette question tout de go posée est tout sauf grotesque. Dans la mesure où c’est l’impression qu’ont bon nombre de Guinéens depuis l’avènement au pouvoir de l’ex-opposant emblématique, ‘’historique’’ a-t-on coutume de dire. Entre dénigrements ethniques, emprisonnement d’opposants et dénégation de la liberté de protester, le N°1 guinéen ne fait que multiplier frasques et indélicatesses. Toutefois, comme mu par un désir de se racheter, Alpha Condé vient d’ordonner, par une grâce présidentielle, la libération de plusieurs prisonniers, dont des militaires ainsi que certains militants de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), près de cinq mois après que ceux-ci ont été arrêtés et ensuite incarcérés, lorsqu’ils sont allés à l’aéroport pour accueillir leur leader, Cellou Dalein Diallo, aujourd’hui chef de file de l’opposition, de retour d’un voyage à l’extérieur. L’on se rappelle, cette incarcération avait été initiée au motif que les intéressés ont enfreint une ordonnance qui interdisait expressément cette manifestation qui se voulait un accueil triomphal à celui que le président Condé considère désormais comme étant son adversaire politique le plus redoutable.

 

Mais, il n’est pas superflu non plus de se demander si le président Condé n’avait d’autre possibilité de sanction à l’encontre de ces opposants, que l’emprisonnement. Parce que c’est vraiment surprenant, voire paradoxal, que lui qui prétend promouvoir la démocratie et l’Etat de droit dans son pays et qui connaît surtout le goût amer de la prison, ne trouve aujourd’hui de moyen de pression plus subtile et commette les mêmes dérives que ses prédécesseurs à la tête de l’Etat guinéen, en l’occurrence Lansana Condé et, plus loin, Sékou Touré. Dérives qui consistent à envoyer systématiquement ceux qui gênent au trou.

Allergique à la moindre critique et à toutes formes d’hostilité à son égard, plutôt que d’appréhender la dimension positive des choses, qui suppose que ces reproches soient constructifs et procèdent de la dynamique démocratique, ce qui lui aurait été profitable, le président Condé préfère s’insurger en geôlier. Sinon, et pour paraître moins affreux, quand il s’agit de la presse, il se contente de tentatives de musellement, en témoigne sa récente bourde lorsqu’il a interdit à la presse guinéenne de relater la tentative de coup d’Etat auquel lui-même a échappé en juillet dernier.

Le prétexte de la grâce présidentielle qu’il vient d’accorder à ces militants de l’UFDG n’est pas moins farfelu que celui-là même qui a prévalu à leur arrestation. En effet, il a été dit que cette libération avait pour fin de permettre aux ex-prisonniers de pouvoir fêter Ramadan avec leurs familles. N’est-ce pas là un vrai subterfuge de la part du chef de l’Etat,  qui couve en réalité l’espoir de marquer un point, du point de vue diplomatique et politique ? Conscient de la baisse de popularité dont il fait désormais l’objet, ce, du reste depuis son accession à la magistrature suprême de la Guinée, Alpha Condé chercherait-il a redorer son blason déjà souillé, en seulement moins d’une année de présidence ? Rappelez-vous la sortie diplomatique qu’il a récemment effectuée aux Etats unis d’Amérique. Ainsi que nous le suggérions dans une de nos précédentes éditions, nul doute qu’à la suite de la France qui lui avait collé une mise en garde, consécutivement à l’interdiction qu’il venait de prendre à l’encontre de la presse guinéenne, l’Oncle Sam lui a aussi tapé sur les doigts. En lui imposant notamment de mettre fin à de telles manœuvres, lui à qui revient la lourde tâche d’assoir une véritable démocratie en Guinée ; mais aussi de diligenter la mise en place des institutions républicaines, dans la mesure où la Guinée n’a même pas une Assemblée nationale, gage essentiel de toute gouvernance démocratique. On peut donc aisément se douter que cette libération soit l’expression d’une volte-face de la part de Condé et qui consisterait à vouloir aller désormais, le plus tôt possible, aux élections législatives, comme le souhaite la communauté internationale et le peuple guinéen en particulier.

Vu sous cet angle, libérer ces opposants de l’UFDG serait donner la possibilité à l’opposition de s’organiser, pour pouvoir tenir les élections. Et le président Condé se serait aussi donné en même temps quelque crédibilité, pour ne pas donner totalement raison à son rival Cellou Dalein Diallo sur qui il semble trop se focaliser du reste. Au lieu de se préoccuper de l’essentiel : instaurer un Etat de droit, pour une stabilité social et un développement véritables.



19/08/2011
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 73 autres membres