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Demain, les fidèles musulmans vont sacrifier à la fête de la Tabaski, communément appelée la fête du mouton. Comme à l’accoutumée tous les ans c’est le moment où le commerce des
animaux est florissant. Pendant que des commerçants se frottent les mains parce que c’est le moment propice pour   réaliser de bons chiffres d’affaires, les clients, eux, subissent la loi de l’offre qui a pour corollaire, la flambée des prix.  C’est donc la croix et la bannière pour les clients qui font le tour de la ville sur les sites des marchés de bétail  à la recherche du meilleur prix convenable à leur bourse. Cette année, c’est particulier, les prix des moutons  sont à la hausse. C’est du moins le constat que nous avons fait lorsque nous avons sillonné le 23 octobre 2012, la ville de Ouagadougou en nous rendant  à Tanghin et à Tampouy. Les prix varient de 25 000 F CFA  pour le plus petit mouton à 400 000 F CFA pour le plus gras,
à en croire  Yacouba Sawadogo, responsable du marché de bétail de Tanghin. En tous les cas, chacun y va de sa bourse pour pouvoir fournir quelques morceaux de viande  aux siens à l’occasion de la  tabaski. A défaut de l’animal à quatre pattes, certains clients s’octroient quelques poulets pour accomplir la tradition. Lisez plutôt les témoignages des commerçants et des clients que nous avons rencontrés.

Yacouba Sawadogo,  responsable du marché de bétail de Tanghin 

‘’ Pour l’instant, ce n’est pas la grande bousculade devant nos portes’’

‘’Nous sommes heureux que vous ayez pris l’initiative de venir nous rencontrer ce matin. Nous profitons de l’occasion pour dire merci aux premiers responsables de notre pays et souhaité à toutes et à tous une bonne fête de tabaski. Nous invitons les musulmans à venir se procurer leurs
moutons pour la fête qui n’est plus que dans 2 jours, nous leur disons de ne pas avoir peur des prix, car ils sont abordables et à la portée de tous. Il y en a pour toutes les bourses. Moi particulièrement, chaque année j’ai des éleveurs qui élèvent moutons pour moi. J’achète aussi avec d’autres personnes pour ensuite les revendre. Chez moi, les prix des moutons vont de 100 000 à 350 000 F CFA. Cette année, le marché est meilleur parce qu’il n’y a pas assez de moutons. La raison principale de ce manque réside dans le fait que  les pluies n’ont pas favorisé l’élevage.
Beaucoup d’animaux ont succombé à la saison pluvieuse. Certains animaux  n’ont pas bien grossis et cela joue sur les prix. Pour l’instant, ce n’est pas la grande bousculade à nos portes. C’est
pourquoi,  j’invite tout le monde à venir assez vite pour pouvoir au moins avoir un mouton.’’

 Hamado Compaoré , commerçant au  marché de bétail de Tanghin

‘’ L’élevage n’a pas bien donné cette année’’

‘’ L’élevage n’a pas bien donné cette année. c’est pourquoi il n’y a pas beaucoup de moutons. De ce fait, les prix sont très élevés par rapport à l’année passée. Aussi, nous pensons que le manque de moutons cette année est dû au fait que lorsqu’il y a beaucoup d’animaux, les prix
baissent ; par conséquent  ni les éleveurs ni les commerçants ne font de bonnes affaires. Nous pensons que ce n’est pas la faute des commerçants si les prix des moutons sont élevés car même
dans les villages où nous achetons les animaux, les prix sont exorbitants. ‘’

Bokoum Yaya,  Boubacar, vendeur de moutons, conseiller
municipal dans le village de Monga (Dori)  

‘’ C’est la faim qui joue sur le prix des animaux’’

‘’Moi, je pense que le manque de moutons cette année est lié à la faim. Le prix du mil et même celui du foin est très élevé. Si tu n’a pas d’argent, comment peut-tu prétendre faire de l’élevage ? Nous demandons au gouvernement de notre pays de nous aider dans la lutte contre la faim, en nous
apportant par exemple des subventions pour les produits de première nécessité.’’

 Bassirou Ouédraogo, vendeur de  moutons au marché de Toécin

‘‘Les affaires sont nettement
meilleures pour moi cette année’’

‘’Il y a un manque de moutons par rapport à l’année passée. Pour le moment, les clients ne viennent pas, c’est demain et après demain qu’il y aura de l’affluence. Ceux qui viennent acheter aujourd’hui, ce sont essentiellement les revendeurs. Je rends grâce à Dieu, car j’ai vendu 6 moutons aujourd’hui.  Les affaires sont nettement meilleures que  l’année passée parce que nous profitons aussi du fait que les prix soient un peu élevés.

Hamado Ouédraogo, client
au marché de bétail de Toécin

‘’Les commerçants ont créé la pénurie en augmentant le prix’’

C’est seulement ceux qui ont les moyens qui peuvent se procurer un mouton. Nous avons fait le tour des marchés de bétail avec  40 000F CFA, mais nous n’avons pas pu acheter le moindre mouton. Les  prix des moutons sont  de 75000 F CFA en allant et ceux qui étaient à notre portée sont trop petits ou trop maigres. Comparativement à l’année précédente les prix des moutons sont très chers. C’est vraiment déplorable que les prix soient aussi élevés  alors que nous pratiquons l’élevage au Burkina.
Nous pensons que la surenchère est l’affaire des commerçants. Ce sont eux qui augmentent délibérément  les prix. Ils ont crée la pénurie pour pouvoir augmenter les prix. L’idéal serait d’acheter
son mouton des mois avant les fêtes, mais cela aussi est difficile, car il faudra s’en occuper avant la tabaski.

Par Soumoubienkô Roland
KI et Clémence P. Zinaba