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SUSPENSION DES PARTIS ET FORMATIONS POLITIQUES: Une véritable œuvre de salubrité publique

Par arrêté n°2012-/MATDS/SG/DGLPAP/DAPCE, le ministère de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité a suspendu 52 partis et formations politiques. Cette suspension fait suite à un autre arrêté pris par le même ministère sommant des partis et formations politiques de se mettre  à jour vis-à-vis de la loi. Laquelle loi dispose que les partis et formations politiques sont, non seulement, tenus aux tenues périodiques de leurs instances, mais aussi obligés de se doter d’un siège  de fonctionnement.  Cette mise en garde, loin d’être une blague, avait  visé  plus d’une centaine de partis et formations politiques qui, en toute illégalité et toute honte bue,  pullulaient sur notre territoire. On se rappelle qu’il aura fallu ce rappel à l’ordre, ô combien salvateur et vital pour la démocratie, pour que des partis politiques organisent dans un laps de temps leur congrès. Passé donc l’euphorie de ces congrès que certains ont qualifié de « congrès de la honte », suite maintenant au bilan pour détecter les partis qui ont été incapables de tenir leur instance. Et c’est plus d’une cinquantaine de partis et formations politiques qui  se sont montrés incapables et  sont tombés sous la fatwa de Jérôme Bougouma,  ministre en charge des libertés publiques. Une décision faisant suite à un travail abattu par des techniciens du ministère qui ont rendu leur rapport de vérification de l’existence des sièges des partis et formations politiques le 26 mars 2012. C’est dire donc que,  dans le fond, comme dans la forme, la sentence est indiscutable. Mieux,  l’épée de Damoclès de Jérôme Bougouma est même salutaire pour un pays qui avait maille à partir avec un véritable fichier des partis politiques.
En effet, à la faveur du vent de la démocratisation en 1990 et face aux pressions endogènes et exogènes, les Etats africains, jadis, caractérisés par le règne des partis uniques vont connaitre le multipartisme qui va devenir très tôt un multipartisme sauvage.  C’est cette pléthore de partis politiques, dit multipartisme qui va très tôt s’installer et créer un tohu-bohu sur la scène politique dans la majeure partie des Etats africains. Le Burkina Faso n’a pas dérogé à cette règle et pire, les conditions de création des partis politiques militaient favorablement pour cette surabondance des partis.  Du reste, la Constitution, elle-même, était à la faveur de cette situation, faisant ironiser  un homme politique pour qui,  au Burkina, chaque citoyen pouvait disposer d’un parti politique.
Au-delà de ces facteurs juridico-constitutionnels, des hommes politiques des rangs du pouvoir en place  ont, pour casser l’opposition politique, crée des partis politiques taillés sur mesure.  A cette situation, s’ajoutent les guéguerres au sein des partis politiques poussant certains frustrés à créer leurs propres partis politiques. Ainsi,  naquit le postulat selon lequel,  « je préfère être  tête de rat que queue de lion ». Une situation qui avait pignon-sur-rue et qui a fini par avachir le champ politique et dévier le débat national.
En rectifiant donc le tir de nos jours, c’est une véritable œuvre de salubrité publique qui est fait. Car, véritablement la deux centaine de partis politiques qui figuraient sur le fichier des partis politiques ne sont pas tous représentatifs comme on pouvait le penser. Pire, certains d’entre eux n’existaient que par le nom et les responsables de ces partis politiques n’attendaient que les élections pour bénéficier de la subvention de l’Etat. Pourtant, ce sont des personnes, comme on le dit, qui ne peuvent même pas remplir une cabine téléphonique et qui passent tout le clair de leur temps à pondre des déclarations et animer des conférences de presse. Visiblement, leur mobilisation ne dépassait  pas le cadre familial. Impossible pour eux de mettre le nez dehors pour mobiliser ne serait-ce qu’une poignée de personnes.  Donc, nous avions à faire à des partis politiques sans militants à fortiori, une base électorale nationale.
C’est donc  à l’honneur de la démocratie burkinabè si aujourd’hui, on la débarrassait des mauvaises graines que sont ces formations politiques qui n’existent que le temps d’une électorale.   
La tâche suivante serait de veiller au grain pour que,   dorénavant,  n’importe qui à l’approche d’une élection ne crée son parti politique. Ce faisant, il faut davantage durcir les conditions de création des partis et formations politiques pour décourager les plaisantins dont on n’a vraiment pas besoin dans le paysage politique.
L’autre palliatif est d’encourager les candidatures indépendantes qui ont l’avantage d’éviter  la floraison des partis politiques, à la limite inutile. Loin de nous mêler d’un débat politico-politique, nous estimons qu’au regard de  l’incapacité des partis politiques de mobiliser pour la simple et bonne raison que les hommes politiques ont déçu par leur comportement, il est plus que jamais temps, avec la décentralisation d’encourager fortement les candidatures indépendantes qui pourront véritablement insuffler un dynamisme nouveau dans le débat politique.
C’est à ce prix qu’on pourra réduire considérablement le nombre inutile des partis politiques.  Sinon, il ne s’agit pas  seulement de suspendre des partis politiques, il faut les empêcher d’éclore. Là on aura attrapé le taureau par les cornes.

 

Le Quotidien



11/05/2012
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