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SUITE A LA MANIFESTATION DE KOUDOUGOU: Les populations de Kindi s’insurgent contre le maire

Kindi, localité située à une quarantaine de kilomètres de Ouagadougou, dans la région du Centre-ouest, est depuis quelques semaines le point de convergence de toutes les oreilles et de tous les yeux, au regard de la situation qui y prévaut depuis ces derniers jours. En effet, dans la matinée du lundi 11 juillet 2011, les populations de ladite commune rurale, avec à leur tête les autorités coutumières dont le chef de terre, ont organisé un sit-in de plusieurs heures devant l’hôtel de ville pour exiger le départ du maire Thomas Bagamzanré qu’ils accuse d’avoir abusé de la crédulité des comités villageois de développement (CVD) et des groupements féminins, les transportant à Koudougou pour désavouer le chef de Kindi, Naaba Koanga, chez le Lallé Naaba, dimanche dernier. Egalement accusé d’immixtion dans les affaires coutumières de la commune, les chefs traditionnels ont exprimé à l’émissaire du gouverneur de la région, Justin Balima, secrétaire général de la province du Boulkiemdé leur désir de voir le MATDS rappeler son représentant.

 

La commune rurale de Kindi, localité située dans la région du Centre ouest, à environ 45 kilomètres de Ouagadougou avait des allures de ville fantôme ce lundi matin. Marché et commerces fermés, rues désertes, c’est ce triste spectacle qui était donné de voir lundi 11 juillet 2011. Et pour cause, des centaines d’âmes s’étaient donné rendez-vous sur la place de l’hôtel de ville pour exiger le départ sans conditions du bourgmestre de la commune, Thomas Bagamzanré, accusé d’être l’instigateur d’une manifestation à Koudougou, dimanche 10 juillet 2011, demandant au Lallé Naaba de démettre Naaba Koanga, chef de Kindi, de ses fonctions.

Selon l’un des manifestants, qui se trouve être le frère cadet du Lallé Naaba Sanem, François Kaboré, les comités villageois de développement (CVD) auraient été instrumentalisés par le bourgmestre de Kindi pour parvenir à ses fins, celles de faire partir Naaba Koanga. Il a affirmé que des femmes ayant participé à la manifestation ont confessé qu’on leur avait fait croire qu’il s’agissait d’un déplacement sur Koudougou « dans le cadre d’une formation en fabrication de savons et qu’elles ne savaient pas qu’elles étaient venues pour marcher ». Parmi les noms cités par les manifestants désabusés se trouvent ceux du maire Thomas Bagamzanré, d’un certain Rasmané Zoundi, ainsi que celui de sylvain Nassa, celui-là même qui avait remis la lettre au Lallé Naaba.

 

Selon l’un des chefs coutumiers, ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le maire complote contre le chef. « Trop c’est trop, il faut que le maire s’en aille ! », a-t-il martelé.

Furieux, les bonnets rouges de la commune de Kindi et leurs homologues venus de Koudougou au nom du chef de Lallé, ont exprimé leur ras-le-bol face aux agissements du maire de Kindi qu’ils accusent d’ingérences dans les affaires coutumières et dont ils ont d’ailleurs exigé le départ sans conditions.

Au regard de l’ampleur de la situation, le gouverneur a mandé une délégation avec à sa tête le secrétaire général du Boulkiemdé Justin Balima, à Kindi avec pour mission d’apaiser la tension. C’est ainsi que la délégation a convoqué les chefs coutumiers et les vieillards de la commune dans la salle des fêtes de la mairie de Kindi. Après  avoir écouté les uns et les autres, parmi lesquels le chef de terre, qui s’est voulu catégorique, refusant toute négociation. Il a exigé que le ministère de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité (MATDS) prenne ses responsabilités en révoquant le maire, car pour lui, « c’est une offense grave de la part du maire que d’organiser une manifestation pour désavouer ainsi le chef de Kindi, s’immisçant dans les affaires coutumières ». Justin Balima a fait savoir à ses interlocuteurs que sans le maire, les activités administratives ne peuvent se poursuivre et cela a pour objectif de mettre la commune en retard. Ainsi, il a invité les populations impatientes et les chefs coutumiers à se calmer le temps qu’une enquête soit ouverte afin de situer les responsabilités et de prendre les sanctions qui s’imposent. Le SG du Boulkiemdé a promis que dès son retour, il fera le point au gouverneur qui se chargera de faire la lumière sur cette affaire.

A notre retour sur Ouagadougou, nous avons rencontré le maire Thomas Bagamzanré qui nous a fait savoir qu’il ignorait tout ce qui s’était passé à Kindi.

Selon lui,  il ne sait pas de quoi on l’accuse et ne reconnait aucun fait. Il  a néanmoins reconnu avoir été informé qu’une délégation de la commune se rendait à Koudougou pour y saluer le chef de Lallé. Pour ce qui concerne la parcelle attribué au vieux Yembi pour que celui-ci se construise un palais royal, Thomas Bagamzanré dit avoir effectivement attribué une parcelle, le 28 avril 2011, au chef de Zabtogo pour la construction d’un palais royal après un vote à l’unanimité en conseil municipal. Or selon les manifestants, tout serait parti de là. Le maire aurait attribué la parcelle à quelqu’un d’autre (un rival du chef ont affirmé plusieurs sources concordantes), sous le couvert du vieux Yembi afin  que se dernier dispute la royauté à Naaba Koanga, qu’il se serait juré de faire tomber. Ainsi, la manifestation de Koudougou n’était qu’une autre partie du plan du bourgmestre qui serait même allé jusqu’à transporter les manifestants de Kindi à Koudougou. Sur ce fait également, Thomas Bagamzanré a dit ne reconnaître que le fait d’avoir attribué la parcelle et rien d’autres. Il a par ailleurs fait savoir qu’en tant qu’administrateur civil, il ne voyait pas de raison de s’ingérer dans les affaires coutumières.

Tout se passe comme s’il s’agissait d’un conflit culturel entre autorités coutumières et administratives. Ainsi donc, la question qui se pose semble évidente : qui croire dans cette affaire, le maire ou les autorités coutumières ?

En tout cas, la localité, avec la médiation des émissaires du gouverneur, a retrouvé un certain calme. Et nous espérons que la lumière se sera vite faite sur cette affaire pour que les responsabilités soient situées comme l’a promis Justin Balima. Car Kindi a besoin de paix et de de cohésion entre ses fils et filles pour se développer.

 

Par Philippe Bouélé BATIONO

 



14/07/2011
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