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Partira, partira pas: Partira, partira pas

Au sortir des assises nationales le 9 décembre dernier et à la lumière du message du président  du Faso le 10 décembre 2011 à l’occasion de l’anniversaire de l’accession du pays à l’indépendance, le peuple burkinabè, plus que jamais, reste perplexe sur l’avenir politique du pays. Alors que tous les observateurs, des plus avisés, ou du moins avisés,  estimaient qu’à la fin de toutes les rencontres afférentes aux réformes politiques, la question de l’article 37 de la Constitution trouverait un sort définitif, nous revoilà, contre toute attente, à un statuquo, laissant champ libre aux débats et autres élucubrations. Le principal concerné ne semble pas s’émouvoir ou du moins feint d’ignorer tout débat sur la limitation du mandat présidentiel qui, pourtant,  déchaine toutes les passions.  

Au lieu d’éclairer la lanterne sur ses intentions réelles ou supposées,  l’enfant terrible de Ziniaré trouve d’autres superlatifs pour davantage prendre en contre pied tout ce beau monde qui attend qu’il déclare par exemple : « je finis ce mandat et je me barre ou plus simplement, je modifierai l’article 37 de la Constitution pour me donner un autre bail ». 

Interpellé sur la question à la fin de la cérémonie de clôture des assises nationales, le Grand Sachem, en bon stratège militaire et fin politique, déclare : « Pour ce qui me concerne, je suis là jusqu’en 2015 ». Et pour sonner le glas du débat sur l’article 37, Blaise Compaoré, de façon inquisitoriale, avertit : « il ne faut pas me poser de questions de 2016, 2017 ».  Voilà qui est clair pour tout observateur aguerri de la chose politique. Car, quoiqu’on dise, il faut se plaire d’un nanisme  politique pour espérer entendre un jour Blaise Compaoré dire qu’après ce mandat, il ne se présentera plus ou encore l’article 37 sera modifié. Espérer entendre Blaise Compaoré dire ceci, c’est embarquer tout le peuple dans un immobilisme scandaleux et il est mieux de clore définitivement ce vrai-faux débat sur l’article 37 pour ne pas perdre de vue les vraies questions et sujets auxquels la nation doit faire face. Que beaucoup de temps perdu sur ce débat de modification de l’article 37 ! Trop d’encres et de salives ont coulé dans la presse ! Assez d’eau a coulé sous les ponts !

Disons tout simplement qu’on est fatigué, comme dirait l’autre, sur ce sujet. Ceux qui animent à tort ou à raison le débat sur l’article 37 seront sans doute les seuls responsables des conséquences de cette perte de temps, car,  c’est de cela qu’il s’agit en tirant le débat sur cette question alors qu’en la matière la Constitution est claire que le mandat du président est de 5 ans renouvelable une seule fois. Contentons-nous donc d’observer cette disposition et supposons que le locataire de Kosyam partira après ce mandat.

Surtout qu’il reconnait, par ailleurs,  que le mandat qu’il vient de commencer s’ouvre dans un contexte où les « démocraties dans le monde sont mises à rude épreuve par des crises systémiques des modèles de développement en cours et les faiblesses des formes de la représentation dans l’Etat républicain et qu’il faut apporter des réponses aux enjeux d’enracinement de la démocratie ainsi qu’aux besoins pressants de changement exprimés par le peuple à divers niveaux ». Voilà qui est bien dit pour un président qui reconnait que « le changement, c’est à divers niveaux » y compris à la tête de l’Etat. Plus que jamais, Blaise Compaoré mesure la nécessité pour le pays d’œuvrer à la cohésion nationale, et dans son adresse à la nation, pour une des rares fois, le président du Faso appelle les « formations politiques et les Organisations de la société civile à prendre la mesure de leurs responsabilités en assurant la formation de leurs membres ».  N’est-ce pas là, quelqu’un qui prouve qu’il ne forcera pas les choses au risque de faire basculer le pays dans un cycle infernal de violence. Eprouvé par les manifestations scolaires et les mutineries, Blaise Compaoré sait pertinemment que les édifices publics comme privés qui ont été littéralement touchés pendant ces moments troubles ont pour conséquence, in fine,  l’hémorragie du budget national qui a servi d’indemniser les

Ainsi donc, entre les lignes de son message à la nation et ses déclarations au sortir des assises, on a cette impression que le président du Faso est à l’aune de son temps. Avait-il vraiment le choix quand on sait que le contexte national et international plaide pour un changement à divers niveaux comme lui-même l’a reconnu ?  Rappelons tout simplement que le propre destin de l’homme lui échappe lorsqu’il s’obstine à gérer celui des autres.  Nous osons croire que Blaise Compaoré ne va certainement pas s’obstiner à rester au pouvoir au risque de se voir emporter par des pressions internes et ou externes. C’est le moindre mal que nous pouvions lui souhaiter surtout que ces propos, ces derniers temps, donnent quelque part l’assurance que c’est son dernier bail.

Mais, il faut aussi savoir raison garder car, nous sommes en politique, qui est un domaine malléable à souhait. Ce sont les circonstances qui définissent les actions et les projets des hommes qui animent la vie politique. Alors, vigilance quand on sait que les défenseurs de la modification peuvent refaire surface à d’autres occasions.

La Rédaction



14/12/2011
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